dimanche 7 décembre 2014

L'homme du peuple - Andrzej Wajda

L'histoire contemporaine de la Pologne est particulièrement complexe et passionnante; seul le travail scientifique des historiens pourra un jour dire quel fut réellement le rôle de chacun dans la chute du pouvoir communiste. Le pays fut au cœur de la chute du système communiste, parce que le leader ouvrier Lech Walesa par son charisme sut captiver l'attention du monde sur son combat dont tout laissait  penser qu'il allait se terminer par une intervention soviétique et un bain de sang comme cela avait toujours été le cas dans les années précédentes à chaque désir de liberté à l'est du rideau de fer.
Mais la donne avait changé, un pape polonais avait été élu, le système soviétique dirigé par des vieillards était à bout de souffle.
C'est peut être là, la seule limite du film Andrezj Wajda celle de se limiter à la seule figure de Lech Walesa et de nous donner une image parcellaire de la Pologne en révolte contre le régime communiste quand nous aurions aimé avoir une fresque historique plus large. Nous aurions aimé connaître plus exactement  le rôle des intellectuels de Varsovie et notamment sur leurs relations nouées avec les ouvriers, et mieux  comprendre comment  les arcanes du pouvoir communiste furent totalement déstabilisées . Mais il  reste un film passionnant qui n'est en rien une hagiographie du leader syndical, si hagiographie il y a, c'est celle de l'épouse, une femme admirable de bout en bout condamnée à sa cuisine pour nourrir ses enfants.
Nous découvrons Walesa lors des  grèves de 1970 violemment réprimées par la police. Embarqué au poste, il s'en sort aisément en signant notamment des papiers où il s'engage à être un agent de renseignement. Nous le retrouvons ensuite ouvrier sur les chantiers de Gdansk, il n'est pas le plus véhément, suivant parfois le mouvement plus qu'il ne le provoque mais chaque fois qu'il parle il est écouté. Devenu un des leaders de la première grande grève des chantiers de Gdansk suite au licenciement scandaleux d'Anna Walentynowicz il  obtient satisfaction sur les principales revendications des ouvriers de l'usine oubliant les autres grévistes, mais son vrai talent de négociateur avec les autorités permit peut être d'éviter la tragédie.Il  s'est rendu indispensable.
C'est à travers une interview donnée à une célèbre journaliste italienne Oriana Fallacia que le leader syndicaliste détaille les événements de 1970 à 1989 alors que son logement est étroitement surveillé par les autorités. Affable, vaniteux il aime à se raconter... Pour autant il reconnaît ses faiblesses, il ne joue pas aux héros, se décrivant  volontiers comme un homme ordinaire qui n'a jamais ouvert un livre ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'esprit plus vif que les intellectuels de Varsovie dénués de son sens pratique et de son flair politique. Malin il ne tombe jamais dans les pièges tendus par les services de l'Etat qui espèrent toujours en faire un allié.

Le cinéaste évite les travers de ce film de genre, par des ruptures de ton, en utilisant subtilement les images d'archives il trace un portrait bienveillant du leader charismatique dont nous sentons bien qu'il lui voue une véritable admiration et une profonde reconnaissance. La limite vient principalement de l'acteur Robert Wieckiewicz qui est engoncé dans le costume de Walesa et dont le jeu est sans finesse, il ne se libère jamais de sa grosse moustache  au contraire de l'actrice Agnieszka Grochowska qui incarne son épouse.

Au moment des événements, Wajda avait exprimé son esprit de résistance et ses désirs de révolution à travers son film Danton interprété par Gérard Depardieu. Il peut enfin rendre hommage directement à son héros, Lech Walesa

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