samedi 25 avril 2015

Le deuxième souffle - Jean-Pierre Melville

Gustave Minda dit "Gus" est une figure du milieu, connu pour être droit et ne jamais balancer. Evadé de prison, il rejoint la capitale où il arrive à temps pour sauver Manouche dont nous apprendrons qu'elle est sa sœur et Alban son fidèle serviteur qui ont maille à partir avec la bande de Marseillais de Joe Ricci. Ces deux amis organisent sa planque à Montrouge puis à Marseille, où Gus projette de réaliser un dernier coup avant de passer à l'étranger. C'est sans compter sur le commissaire Blot bien décidé à mettre la main sur le bandit en cavale.
Bêtement piégé par les policiers de Marseille, Gus se fait attraper mais surtout la rumeur se répand qu'il a donné ses camarades. Inacceptable pour cet homme droit qui dans un dernier baroud d'honneur souhaite lever les soupçons qui pèsent sur lui. Il inspire le respect au commissaire Blot qui discrètement donne des éléments d'information à un journaliste pour sauver l'honneur du bandit et rétablir la vérité.
Le film de Jean-Pierre Melville n'est en rien réaliste, il est une version fantasmée du truand chevaleresque, c'est une adaptation d'un roman de José Giovanni qui a travers son œuvre a défendu l'idée d'un code d'honneur chez les voyous. La révélation tardive du passé de l'écrivain bat largement en brèche cette idée de l'existence d'une aristocratie dans le milieu. A travers son œuvre littéraire, José Giovanni a largement enjolivé son passé qui pour reprendre le dernier mot d'à bout de souffle peut être aisément qualifié de "dégueulasse". Collaborateur, Jose Giovanni a notamment rançonné des négociants juifs en plus d'avoir été proche de la milice; il échappa d'ailleurs de fort peu à l’exécution capitale pendant l'épuration. Ce passé était alors inconnu du cinéaste d'origine juive,  lui même résistant particulièrement courageux qui prit alors le pseudonyme de Melville en hommage à l'auteur de Moby Dick lorsqu'il rejoint Londres en 1942.

D'ailleurs est-il possible de parler d'honneur pour qualifier le personnage de Gus capable de liquider simplement un flic, sans problème de conscience pour réaliser un casse .
Au delà de l'aspect déplaisant de son personnage central merveilleusement interprété par Lino Ventura qui tient là un de ses plus grands rôles avec celui tenu dans l'armée des ombres, le film par son coté épuré est devenu une référence incontournable du film policier, un classique du cinéma. Un tournant dans la filmographie du cinéaste fortement influencé par les films du cinéma américain qui ira encore plus loin dans l'épure dans ses films suivants: Le samourai, un flic... 
Paul Meurisse est tout aussi exceptionnel dans le rôle du policier, dans sa première scène il tient un long monologue d'un sublime cynisme où il montre qu'il a tout compris des troubles affaires  qui se trament dans le milieu et qu'il ne peut être que spectateur faute de pouvoir prouver ce qu'il avance... Grand moment de cinéma! 
Les rôles secondaires tenus par Christine Fabrega, Michel Constantin, Raymond Pellegrin , Marcel Bozzuffi ou Denis manuel sont tous remarquables, ils donnent à ce film noir toute son épaisseur.
Jean-Pierre Melville est assurément un des cinéastes les plus importants de l'après guerre précédant l’avènement de la Nouvelle Vague. Si son nom est rarement cité en modèle par les jeunes cinéastes français parmi lesquels il n'a pas vraiment d'héritier, il est régulièrement nommé par des cinéastes asiatiques ou américains. Il est toujours une référence majeure du septième art, un objet d'étude.

Vu dans le cadre du ciné club de Potzina consacré ce mois ci aux policiers et également dans le cadre de notre cycle 2015 Année noire

1 commentaire:

  1. J'aime bien ce film, complètement irréaliste comme vous le mentionnez. Je l'avais vu pour Paul Meurisse et Lino Ventura et je me suis laisser prendre au jeu. C'est du ciné comme on en fait plus maintenant.
    Merci encore pour vos multiples participations, ça me fait plaisir :)

    RépondreSupprimer

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...