jeudi 16 avril 2015

Taxi Téhéran - Jafar Panahi

Condamné en 2010 pour avoir participé aux manifestations dénonçant la réélection truquée de Mahmoud Ahmadinejad, Jafar Panahi n' a plus le droit de faire des films de cinéma pendant 20 ans. C'est une histoire vieille comme le monde, impossible de faire taire celui qui doit parler... Coûte que coûte Jafar Panahi tourne... Ces deux films précédents furent tournés clandestinement dans son appartement. Pour celui ci, il s'est installé malicieusement au volant d'une voiture qui se promène tel un taxi dans les rues de Téhéran avec des petites caméras numériques embarquées à son bord. Les personnages défilent et nous dressent un portrait de la capitale iranienne et de son irrépressible désir de liberté.
Films de palabres qui oscillent entre rire et gravité, nous finissons même à rire du plus consternant quand la nièce du cinéaste lui explique qu'elle doit tourner un film pour l'école dans le cadre d'un concours organisé par l'éducation nationale. Elle lui récite les consignes strictes qui lui sont imposées pour réaliser "un film diffusable": "respect du voile et de la décence islamique, aucun contacte entre hommes et femmes, pas de noirceur, pas de violence, pas de cravate pour les personnages positifs, pas de prénom persan pour les personnages positifs. Préférer les prénoms sacrés des prophètes."
L'avocate Nasri Sotoudeh vient d'être rayée du barreau pour avoir défendu les opposants au régime islamique , en évoquant le cas d'une jeune fille , elle nous rappelle que l'oppression est toujours présente en Iran où tout est contrôlé.
Aprés Cosmopolis de David Cronenberg et Holy Motors de Leos Carax , la voiture est devenue un lieu de tournage, mais si les  limousines des deux premiers cités ressemblaient à des bunkers ambulants les mettant à l'abri du chaos du monde, la berline du cinéaste iranien ne lui offre aucune protection. Il vit en permanence avec le sentiment d'être surveillé, épié où les gardiens de la révolution peuvent à tout moment jaillir...
Cinéma de résistance, le film sympathique atteint cependant ses limites avec ses moyens minimalistes mais là n'est pas vraiment le souci. L'important est que le créateur ne soit pas réduit au silence, qu'il trouve le moyen d'envoyer des "cartes postales" au reste du monde pour témoigner de sa situation, c'est peut être là le meilleur moyen d'assurer sa sécurité: éviter l'oubli...
Il faut aller voir Taxi Téhéran..

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...