"Vous n'auriez pas, par hasard, une ceinture sur vous pour que j'en finisse?
- Si, et je vous la prêterai volontiers, répondit Chveik en quittant sa ceinture, d'autant plus que je n'ai encore jamais vu comment on fait pour se pendre dans une cellule. Ce qui est embêtant, continua-t-il en regardant autour de lui, c'est qu'il n'y a un seul piton ici"
Si nous avons choisi de reprendre l'extrait cité en quatrième de couverture c'est qu'il résume à lui tout seul le soldat Chveik, un personnage hors norme, un ingénu génial.
Nous sommes au début de ce siècle en Tchéquie au moment où l'archiduc François-Ferdinand se fait dessouder dans les rues de Sarajevo. Sombre attentat qui va plonger les pays européens dans une guerre totale.
Mais les Tchèques ne se sentent que très peu concernés par cette guerre, ils ne sont pas habités par une grande motivation pour aller au combat...La police politique surveille le pays et les récalcitrants sont mis au pas.
Notre brave Chveik qui vit de l’élevage de chiens ou pour être plus précis du trafic de chiens, ne peut pas passer inaperçu dans cette période trouble. Il connaît un destin extraordinaire, passant de la prison à l’hôpital psychiatrique avant de retourner en prison pour finir aide d'un curé militaire, ce dernier le perd au jeu. Chveik se retrouve ainsi ordonnance d'un Lieutenant, cadeau empoisonné qui lui crée quelques soucis ...
Irrésistible Chveik que le curé qualifie d'imbécile épique. Toujours fidèle à ses maitres, il fait tout pour les aider... C'est un esprit simple, un ingénu mais qui a cette capacité rare par son bon sens de souligner l'absurdité du monde, la bêtise du militaire et des puissants.
C'est absolument savoureux et totalement irrésistible, c'est d'une ironie mordante, une arme terrible contre l'arbitraire... Nous avons lu avec délectation ce grands roman de la littérature tchèque et nous replongerons très rapidement dans la suite des aventures du soldat Chveik.
Les Tchèques sont peut être les Européens les plus drôles, ils manient l'ironie avec un talent sans égal, ils sont des enfants de Voltaire . Nous nous souvenons de notre rencontre avec le cinéaste Jiri Menzel doté d'un grand sens de l'humour et c'est peut être bien ce sens du rire et ce gout pour l'ironie qui leur a permis de traverser le XX° siècle sans perdre leur âme et en maintenant une production artistique de haut vol tout en ayant à subir les pires dictatures !
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