lundi 7 janvier 2013

Pourquoi nous aimons François Mauriac

Homme de droite, catholique, François Mauriac n'a jamais caché ses convictions, il ne les a jamais trahies non plus. Romancier, mais aussi journaliste, il s'est toujours exprimé sur les évènements de l'actualité avec une acuité des plus fines. Guerre d'Espagne, montée du fascisme, Guerre d'Algérie, son regard fut toujours pertinent, fidéle à son humanisme, il avait le sens de l'Histoire.
Il se fit de nombreux ennemis.
Dans l'excellente biographie de Jean-Luc Barré, il est cité un article infâme non signé du journal collaborationniste et antisémite "je suis partout". La volonté était de trainer dans la boue l'auteur de Thérèse Desqueyroux,  il fait l'honneur de sa cible:

"M François Mauriac, il ne faudrait pas l'oublier, fut parmi les plus ardents bellicistes, par sottise et surtout par passion partisane. Non content de s'attaquer perfidement à tous les français qui défendaient l’intérêt de leur pays et qui dénonçaient le complot juif international, il a, si on peut dire, payé de sa personne, ou plutôt de sa plume, pendant des années.
Sous prétexte de défendre un catholicisme qu'il n'a fait que compromettre, il a pris successivement le parti des bandes du Negus, des révolutionnaires espagnols et des capitalistes judéo-anglais. Penseur à la petite semaine, il écrivait - pour beaucoup d'argent - des articles au
Figaro et à Paris-soir de M Prouvost, sans parler de Marie-Claire. En septembre 38, il est évidemment antimunichois, et faisant la plus effroyable littérature sur la guerre possible. En 1939, au cours d'une visite sur un front calme, cet admirateur de Paul Reynaud trouvait le moyen d'exprimer à la fois la trouille la plus ridicule et le plus sot des bellicismes conformistes.
M Mauriac n'a rien à faire avec nous. Il peut pleurnicher, il peut déclarer dans le privé qu'il est vaincu à la fois comme Français et libéral, nous ne lâcherons pas. Il s'est ôté le droit de reparaître - dans tous les sens du terme. On n'a aucun besoin, dans la France d'aujourd'hui, des petits romans de vicaire impubère où il joint l'amour des bars, la fréquentation des désaxés, le goût de la confession dans les mauvais lieux, et où il est réécrit l'évangile selon Sainte Locuste.
Monsieur Mauriac n'est pas seulement l'antifasciste-né, celui qui a toujours combattu l'ordre, la santé, l'autorité partout où il les a trouvés. Il est aussi le Tartuffe-né. Nous l'avons toujours dit. Nous continuons..."

Jean-Luc Barré signale que ce texte n'est pas le pire qui fut écrit à l'encontre de Mauriac. Il convient de rappeler que "Je suis partout" est le journal  de Brasillach. Mauriac tenta en vain à le libération de sauver le journaliste antisémite condamné à mort.

François Mauriac est un homme remarquable il faut lire ses romans, mais aussi ses articles de presse, ses critiques... c'est toujours d'une grande intelligence, sa plume n'a rien perdu de sa pertinence. Enfin nous conseillons l'énorme biographie de Jean-Luc Barré (Edition Fayard)

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