vendredi 31 août 2012

La vierge, les coptes et moi - Namir Abdel Messeeh

Parti pour tourner un film en Egypte sur les apparitions de la vierge, phénomènes qui semblent courants lors des rassemblements des chrétiens coptes . Le film de Namir Abdel Messeeh se révèle vite être un échec, il tourne en rond au Caire n’arrivant pas à trouver des témoignages intéressants sur la plus célèbre des apparitions, celle de 1968, peu aidé par les prêtres qui se méfient de lui. Issu lui même, d’une famille de coptes, Namir vit en France où il a grandi, il affirme sans ambages qu’il n’est pas croyant ce qui a le don de fermer définitivement ces interlocuteurs.

Son producteur se rend vite compte que son film est voué à l'échec, il lui intime l’ordre de rentrer à Paris et lui coupe les vivres… Notre cinéaste têtu, reste sur place et décide avec un bout de subvention et l’aide de sa mère, une femme haute en couleur au caractère bien trempé, de poursuivre son film dans son berceau familial, un village de Haute-Egypte où il retrouve sa grand mère, sa tante et  ses cousins qui survivent tant bien que mal  de l’agriculture. Il les invite à participer à son film, en devenant acteurs d’une reconstitution d’une apparition mariale .

Une plongée dans le monde Copte, une minorité religieuse qui a refusé  de se convertir à l’Islam après l'invasion arabe. Victimes de discriminations, leur quotidien n’est pas simple, partageant peu de choses avec leurs compatriotes musulmans si ce n’est une passion commune pour la Vierge Marie et un ennemi commun : Israël… Phénomènes étonnants où une partie de la foule voit apparaître la vierge, sur les vidéos là où nous voyons qu’une lueur d’autres y voient la douce Marie entourée de colombes. L’apparition de 1968 est particulièrement importante parce qu’elle intervient dans un contexte politique particulier. Le pays est encore meurtri par la défaite cinglante et humiliante de la guerre des six jours, et cette apparition est vue comme un soutien de la vierge au peuple égyptien, à se demander si les sbires de Nasser n’ont pas favorisé cette apparition….

Parfois un peu long, cette autofiction qui ne flatte aucunement le  narcissisme de son auteur, emporte néanmoins notre sympathie. Bien loin de l’Egypte carte postale des pyramides, nous découvrons une zone rurale pauvre dotée aléatoirement de l’électricité où la religion quelle qu'elle soit, tient une part prépondérante  Nous sommes juste avant les événements du printemps arabe, nous ne voyons rien venir, les paysans plongés dans leur quotidien semblent ici bien loin des préoccupations de la capitale, accablés par une sorte de fatalisme. Nous aimons le sourire des enfants, les adultes qui retrouvent une forme d'innocence face à la caméra où la grand mère édentée dont le visage à la sagesse d'une vieille tortue... Lorsqu'il s'agit de préparer la scène de l'apparition de la verge, ils sont tous là autour du cinéaste à donner leur avis... ce qui nous a fait pensé à un sketch savoureux  de Fellag décrivant une scène de panne de voiture dans les rues d'Alger, tous les passants accourant autour du véhicule pour donner leur avis.... l'humoriste concluant, que voulez-vous, c'est le seul moment de démocratie que nous avons le droit de vivre !

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