dimanche 12 août 2012

L'homme à la caméra - Dziga Vertov

Tourné en 1929, l'Homme à la caméra  raconte une journée en Union Soviétique. Tourné principalement à Odessa, nous observons un peuple apaisé, vivant un bonheur collectif, convaincu de participer par son travail à faire avancer le pays.  Hymne au progrès social nous assistons à des scènes de vacances au bord de mer qui ne sont pas sans rappeler celles que nous connaissons de la période du front populaire et des premiers congés pays. C'est un pays heureux qui nous est donné à voir, on y pratique le sport, on ne distingue plus de classes sociales, c'est l'image d'une révolution réussie.
Mais plus que le fond c'est la forme qui rend ce film absolument passionnant. Dziga Vertov faisant partie du mouvement des avants-gardes, veut inventer un langage cinématographique universel. Il applique des nouveaux principes stricts: pas d'intertitres, pas de scénario, aucun acteur professionnel. Il veut définitivement libérer le cinéma, des influences de la littérature et du théâtre, passer du ciné-drame au ciné-oeil. Pour cela, il filme la ville, usant d'une caméra légère et ne se refusant aucune audace.On reste notamment étonnés par la qualité des travellings. Il ne cache rien de la fabrication de son film par l'utilisation d'une mise en abyme, on suit le caméraman pendant le tournage, nous assistons à une partie du montage, à aucun moment le cinéaste ne cherche à duper le spectateur il y a une vraie volonté de vérité. Le montage est tout aussi révolutionnaire, surimpression, juxtaposition, ralenti, le film incarne à lui seul toute l'inventivité du cinéma soviétique des années 20. Eisenstein n'a pas épargné le film, « coq-à-l'âne formalistes et de pitreries gratuites dans l'emploi de la caméra ». Nous pouvons  y voir un règlement de compte, après que Vertov eut attaqué le ciné-drame.
Vertov pensait ouvrir une nouvelle ère du langage cinéma, mais Staline va définitivement assoir son pouvoir totalitaire mettant fin aux mouvements des avant-gardes, Vladimir Maïakovski se suicide en 1930. Le DVD du film est complété par  le documentaire de Bernard Eisenschitz sur le cinéma soviétique des années 2O avec notamment l'importance prise par le montage.
Ce fut un vrai bonheur de découvrir ce film qui fit son entrée à la huitième place du dernier classement des plus grands films de l'histoire du cinéma publié par la British film institute

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