vendredi 10 août 2012

Suite Française - Irène Némirovsky

Arrêtée le 15 juillet, déportée à Auschwitz par le convoi n°6 du 17 juillet 1942, Irène Némérovsky est décédée le 19 août de cette même année surement du typhus. Son mari, Michel Epstein connait le même destin tragique, il est gazé dés son arrivée à Auschwitz, le 6 novembre 1942. Leurs petites filles Denise et Elisabeth sont protégées par ceux qu'on appelle les justes, la gendarmerie a beau mettre tout son zèle elles échappent à la déportation. Avec elles, un trésor, un dernier manuscrit écrit dans l’urgence par leur mère: Une Suite Française.
Au départ, le projet était d'écrire une suite de cinq romans, seuls les deux premiers ont été achevés: "Tempête en juin" , une description précise de la débâcle et de l'exode, et "Dolce" tableau d'un village où une compagnie de l'armée allemande vient s'installer chez l'habitant avant de partir rejoindre le front russe, certains négocient avec l'occupant quand d'autres choisissent le silence, décrit plus tard par Vercors. C'est avec une justesse incroyable sans aucun recul qu' Irène Nimérovsky fait un tableau de la France, la plume est incisive, elle n'épargne pas sa classe sociale, celle de la haute bourgeoisie. Elle saisit parfaitement les différents comportements à venir, ceux qui sont prêts à collaborer, ceux qui ne peuvent supporter cette présence étrangère, puis ceux qui baissent la tête résignés, elle fustige cette résignation et nous révèle que le courage n'est pas toujours où on le croit. Ce portrait de la France prolonge celui de la règle du jeu de Jean Renoir. Ce manuscrit, ces filles ont refusé de le lire jusqu'en 1998, le roman est édité en 2004 obtenant à titre posthume la prix Renaudot.Un hommage amplement mérité qui permet de redécouvrir cette auteur.

Irène Némerovski fut un écrivain important  de son temps, connaissant le succès aussi bien critique que commercial. Il lui fut parfois reproché ses attaques contre sa communauté, notamment dans son deuxième roman David Golder adapté au cinéma par Julien Duvivier. Ses demandes de naturalisation lui furent toujours refusées. C'est sans espoir que Iréne Nimérovsky part dans le Morvan à l'arrivée des nazis. En quelques lignes d'une cruelle lucidité, elle décrit son désespoir:


"Pour soulever un poids si lourd
Sisyphe, il faudrait ton courage.
Je ne manque pas de cœur à l'ouvrage
Mais le but est long le temps est court."


Ce roman fut lu en partie au jardin Massey, un parc magnifique situé au cœur de Tarbes.

1 commentaire:

  1. Je garde un souvenir ébloui de cette lecture!
    Irène Némirovsky a l'esprit brillant, et la plume toujours juste. Quel dommage qu'elle soit partie si tôt...

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