mardi 8 mai 2012

Les Buddenbrook - Thomas Mann

"Les Buddenbrook" est la chronique du déclin d'une famille de négociants de Lubeck entre 1835 et 1871. Déclin total puisque le roman s'achève avec la mort du dernier fils Hanno mettant ainsi fin à la dynastie. Thomas son père est la figure centrale de ce roman,  élu sénateur, consul des Pays Bas il reprend avec succès l'affaire familiale c'est un notable reconnu de la cité alors que son jeune frère Christian personnage fantasque, hypocondriaque n'a jamais su intégrer le cercle des notables de la ville menant une vie dissolue.  Thomas prend conscience du déclin familial avant de mourir dans des pages absolument magnifiques.  Il rédige un testament qui prévoit la dissolution de la société, son fils Hanno à la santé fragile  révèle un vrai don pour la musique mais il ne sera jamais à la hauteur pour reprendre l'entreprise familiale,.
Il est facile de voir que cette famille est avant tout victime de ses conservatismes, repliée sur elle-même elle génère ses propres névroses. Antonie, la sœur de Thomas illustre à elle-seule cette déchéance, jeune fille pleine de vie, elle s'oppose à ses parents quand ils veulent la fiancer à un négociant absolument répugnant Bendix Grunlich. Pour réfléchir à sa situation, elle part se reposer  au bord de la mer chez  le commandant Schwarzkopf  où elle tombe amoureuse de son fils Morten, étudiant en médecine sensible aux théories socialistes.Il lui ouvre l'esprit sur la situation sociale du pays, une vraie complicité s'installe entre eux . Mais elle renonce à son amour pour obéir  à ses parents, elle épouse Bendix qui va se révéler être un escroc, un chasseur de dot qui fait sa ruine. Après un divorce, elle retourne vivre dans la demeure familiale avant de connaitre un deuxième mariage tout aussi calamiteux. Elle fut celle qui aurait  pu s'émanciper du cocon familial, sa vie d'une tristesse absolue symbolise tout l'échec de sa famille.
Thomas Mann a vingt six ans lorsque sort ce roman composé de 11 parties, véritable "symphonie" littéraire totalement maitrisée de bout en bout, nous sommes dans un monde fermé même si nous devinons ici ou là, les soubresauts de l'histoire du XIX°  qui n'interfèrent jamais sur la vie familiale. Quoiqu'il arrive on continue à vivre, à se goinfrer, à prier...
Il passe avec aisance d'un personnage à un autre sans jamais nous perdre, c'est une lecture facile tout en nuances au ton parfois ironique que Marguerite Yourcenar qualifie si justement de "classique moderne" , Thomas Mann  puisant assurément dans ses souvenirs personnels pour reconstituer cet univers. Il réalise dès son plus jeune âge un chef d’œuvre d'une extraordinaire maturité. 

3 commentaires:

  1. Livre lu il y a très longtemps mais j'avais adoré ! Un grand et magnifique souvenir de lecture ;-)

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  2. 26 ans, ça me laisse réveuse...

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  3. Effectivement ça laisse réveur...

    @malice: comme tous les grands classiques, c'est un toujours un bonheur à relire jusqu'à cinq fois si l'on en croit Marguerite Yourcenar:
    "De telles oeuvres nous touchent, à la cinquième lecture, pour des raisons différentes de celles qui nous les firent aimer à la première, ou même opposées à celles-ci."

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