lundi 18 janvier 2016

Tezer Özlü - La vie hors du temps

C'est grâce à une rencontre organisée à la librairie le Divan avec Diane Meur lors de la parution de son dernier roman La carte des Mendelssohn que nous avons découvert le livre de Tezer Özlü, la vie hors du temps dont elle est la traductrice.
Nous ignorions alors tout de cette écrivain turque à la vie courte mais riche et mouvementée. Née en Anatolie d'un couple de professeurs laïcs, elle suit ses études dans un lycée autrichien d'Istanbul. Maniaco-dépressive, elle doit faire plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques où elle a notamment subi des électrochocs. Elle meurt d'un cancer à l'age de 43 ans. La vie hors du temps est un récit de voyage sur les traces de Kafka, Svevo et Pavese, le journal d'une femme libre.
Train, voiture, un long voyage, Hambourg, Berlin, Vienne, traversée de l'ex-Yougoslavie pour nous mener en Italie en pleine ferveur populaire, celle de l'été 82 année de la coupe du monde qui voit triompher l'équipe italienne ... Un voyage où elle croise des hommes, où elle rumine sa vie, Pavese est son plus son fidèle compagnon celui qu'elle cite régulièrement à longueur de page.
Elle aime se promener dans les villes, découvrir leur âme.  A Prague, elle se rend sur la tombe de Kafka. A Trieste, elle rend visite à la fille de Italo Svevo devenue une dame âgée qui dément cette rumeur comme quoi l'auteur italien aurait épousé sa mère par défaut, ayant une préférence pour ses deux sœurs, elle raconte sa jeunesse auprès de ce père qui lui a permis de rencontrer des grands noms de la littérature comme James Joyce.
 A Turin, elle retrouve la trace de Cesare Pavese, la chambre d'hôtel où il s'est suicidé, son bureau dans la maison d'édition puis se rend dans le village natal voisin d'où elle rend  visite à un ami de l'écrivain, menuisier de profession...
C’est un ouvrage magnifique, rempli d'humanité, qui donne l'envie de partir en train, de lire ces grands auteurs évoqués. Tezer Özlü est une belle personne, sa vie rythmée par la littérature , les écrivains sont les compagnons qui lui ont permis de traverser les épreuves., elle part à la recherche de leurs traces pour mieux les comprendre, éclaircir le mystère de leurs œuvres... Nous aimons ce livre parce que lorsque nous passons rue Saint Benoît nous sentons la présence de Marguerite Duras, rue Campagne Première nous avons une pensée pour Michel Poiccard et son "dégueulasse", aux Champs Elysées nous espérons toujours croiser Jane Seberg vendant le New-York Herald Tribune,  et nous imaginons dans chaque rue Patrick Modiano à la recherche de son passé, détective de sa jeunesse. Les villes sont remplies de fantômes ils font le charme irrésistible de nos grandes cités... C'est pour cela aussi que nous avons été envoutés par la lecture de ce récit.
Magnifique et indispensable lecture, heureux conseil de Diane Meur !

Livre édité chez Bleu Autour, une belle maison ouverte sur le monde

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