samedi 20 juillet 2013

L'Homme sans qualités - Robert Musil

Ecrit au début du siècle dernier , l'homme sans qualités est une œuvre majeure de la littérature du XX° siècle. Roman inachevé , l'auteur ayant été surpris par la mort en 1942, l'oeuvre est immense tout autant dans sa forme  que dans le fond. Se lancer dans la lecture de ce roman est une véritable aventure.
Ulrich en est le personnage central, un personnage que l'on croise fréquemment dans la littérature de langue allemande de cet époque, fils d'une famille bourgeoise, il n'a pas trouvé sa place dans la bonne société, préférant y vivre en marge , en spectateur avisé, trouvant financement auprès de son père chez qui on sent poindre un certain agacement.
Brillant , intelligent, Ulrich n'aime pas le monde dans lequel il vit et c'est avec une certaine ironie qu'il regarde le monde en plein bouleversement. Ce qui distingue le regard de Robert Musil, c'est assurément sa formation de scientifique, qui lui permet de mieux appréhender le bouleversement des techniques de la fin du XIX° et début du XX°. C'est une lecture qui se fait sourire aux lèvres.
L'homme sans qualités, est une œuvre dense, riche... Nous devons reconnaitre notre lecture ici trop légère, c'est un livre qui ne peut être que réellement lu qu'un stylo à la main, nous "lisotons" plus que nous lisons, tout en sachant que c'est un ouvrage dans lequel nous replongerons régulièrement
Ce que nous aimons particulièrement, c'est la justesse du regard porté sur les hypocrisies de son temps,  la capacité à identifier les évolutions de la société et d'en prévoir avec perspicacité l'avenir:

"Qu’Ulrich pût penser avoir obtenu quelques résultats dans le domaine scientifique n'était pas absolument sans importance pour lui.
(...)
Or, un beau jour, Ulrich renonça même à vouloir être un espoir. Alors déjà, l'époque avait commencé où l'on se mettait à parler des génies du football et de la boxe; toutefois les proportions demeuraient raisonnables: pour une dizaine , au moins, d'inventeurs, écrivains et ténors de génie apparus dans les colonnes des journaux,on ne trouvait encore, tout au plus, qu'un seul demi-centre génial, un seul grand tacticien du Tennis. L'esprit nouveau n'avait pas encore pris toute son assurance. Mais c'est précisément à cette époque-là qu'Ulrich put lire tout à coup quelque part (et ce fut comme un coup de vent flétrissant un été trop précoce) ces mots: "un cheval de course génial".

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