vendredi 4 janvier 2013

Les enfants Tanner - Robert Walser

Quel étrange individu que Simon Tanner, le plus jeune enfant de la fratrie Tanner, personnage central du premier roman de Robert Walser. Séduisant, agaçant, fantasque, nous le suivons dans ses pérégrinations, incapable de se fixer, de "se trouver une place dans la société des hommes. "
Nous serions tentés de reprendre ici les vers de Baudelaire, tant Simon nous renvoie à l'albatros, sorte de géant inadapté à la vie sociale.
Klaus son grand frère installé dans la vie, scientifique réputé essaye de lui tenir un discours de raison à chaque rencontre. Mais rien n'y fait, Simon reste incapable de s'adapter à un métier, il a essayé la banque, la librairie, les notaires, à chaque fois il finit par fuir. Il est heureux de retrouver un temps son frère Kaspar un peintre, avec qui il  partage alors une chambre et des promenades dans la nature à la recherche de l'inspiration. Sans ressources, il décide de  rejoindre sa sœur Hedwig, une mélancolique institutrice et même  si cette dernière est excédée par son jeune frère, elle est heureuse de partager quelques mois sa demeure avec lui avant qu'il ne rejoigne la ville. On apprend au détour d'une conversation que le troisième garçon de la famille Tanner fut un jeune homme brillant mais qu'il a sombré dans la folie et demeure définitivement interné dans une clinique...
Robert Walser eut une carrière étonnante, il fut remarqué dès ce premier roman par les plus grands auteurs de son temps: Franz Kafka, Herman Hesse, Stefang Zweig ou Robert Musil .Il publie ainsi entre 1907 et 1909, trois romans avant de quitter Berlin en 1913 pour rejoindre sa Suisse natale. Ses écrits sont nombreux, mais frappé de dépression, l'écrivain est hospitalisé en 1929 dans une clinique où  il demeure jusqu'à son décès en 1956. Son œuvre fut oublié de son vivant avant récemment d’être récemment redécouverte.
Les enfants Tanner, fut écrit alors qu'il avait vingt sept ans, il fut écrit en trois semaines!
Dans la postface, les propos de Robert Musil qui a écrit la même année les désarrois de l'élève Törless sont ainsi repris : "... Une prairie est chez lui parfois un objet réel, mais parfois quelque chose qui n'a lieu que sur le papier. Quand il s'exalte ou s'indigne, il ne perd jamais de vue que c'est ce qu'il est entrain d’écrire, que ses sentiments sont eux-même branchés sur la ligne. Il fait brusquement taire ses personnages et laisser l'histoire comme un personnage...Je veux bien qu'il s'agisse de jeux, mais ce ne sont pas des jeux d’écritures - malgré une maitrise de langage qui ne cesse de vous éblouir -, ce sont des jeux humains où il y a beaucoup de douceur, de rêve , de liberté et toute la richesse morale d'une de ces journées apparemment inutiles, paresseuses, où nos plus fermes convictions se desserrent et entrent dans une agréable indifférence."
Nous avons aimé suivre le destin de Simon, ses moments d'exaltation, ses rêves, ses monologues, ses rencontres avec la nature, nous avons aimé partager ses journées de paresse, de oisiveté, nous avons aimé son regard sur le monde, finalement lucide...les enfant Tanner est un très beau roman,!

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup le théâtre de Walser mais n'ai jamais lu de roman de lui. C'est visiblement un tort à redresser au plus vite !

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  2. Nous ignorons tout de son théâtre.

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