dimanche 18 novembre 2012

Pierrot Le Fou - Jean-Luc Godard

Ferdinand quitte  vite une soirée pour retrouver Marianne une jeune fille venue garder ses enfants et qu'il avait eu l'occasion de croiser quelques années auparavant . Marianne fréquente un drôle de milieu, des trafiquants d'armes. Marianne et Ferdinand doivent vite quitter Paris. "Reconnaissant deux des siens, la statue de la liberté leur adressa un salut fraternel".
Ferdinand que Marianne appelle Pierrot car on ne peut dire "mon ami Ferdinand" se suffit de peu, une cabane et  la littérature, mais Marianne s'ennuie "qu'est ce que je peux faire, j'sais pas quoi faire"... Elle recroise ses mauvaises fréquentations, le couple ne peut échapper à son destin tragique mais nous savions que Marianne avait une" toute petite ligne de chance"...
C'est le film de Jean-Luc Godard que nous avons le plus vu, chaque fois avec le même émerveillement, émus de revoir le duo composé d'Anna Karina et de Jean-Paul Belmondo au sommet de leur art, ils sont d'une beauté à couper le souffle, incarnant parfaitement un idéal de liberté; Jean-Luc Godard est assurément celui qui a le mieux ressenti les soubresauts de années 60. Jean-Paul Belmondo dans sa baignoire lisant à sa petite fille un extrait  de l'histoire de l'art de Elie Faure sur Velázquez nous capte dés les premiers plans, nous rions à la soirée suivante où Jean-Luc Godard se lance avec drôlerie dans une attaque contre la société de consommation et ses publicitaires faisant de la femme un objet, nous aimons croiser au cours de cette même soirée, Samuel Fuller qui définit en quelques mots le cinéma. Puis nous nous laissons entrainer dans cette cavale rythmée par les chansons de Serge Rezvani et la musique de Antoine Duhamel. Nous sommes éblouis par les couleurs primaires présentes dans chaque plan, Jean luc Godard filme comme personne la Méditerranée, la composition des images est une pure merveille. Nous nous rappelons les mots de Louis Aragon qui fut un fervent admirateur de ce film, "d'une beauté surhumaine"....
C'est aussi le film le plus drôle de Jean-Luc Godard dont le sens de la comédie est souvent mésestimé, nous aimons ses blagues de potache et ses clins d'oeil aux maitres du burlesque, ses jeux de mots..avec en final une apparition irrésistible du jeune Raymond Devos.
Les peintres sont omniprésents, Velázquez donc, mais aussi Auguste Renoir, Picasso ou Nicolas de Stael, nous nous demandons si la couleur des films de Godard aurait pu exister sans le chef opérateur Raoul Coutard. Le cinéma autant que la littérature rythme la vie de Ferdinand. N'a t-il pas envoyé sa fille voir trois fois Johnny Guitar de Nicholas Ray .... Pour Godard, l'art est au dessus de tout même s'il ne peut rien pour nous !

Mélancolie, poésie, lyrisme, voire pour reprendre le néologisme cité par Claude Jean Philippe en présentation de la séance , "délyrisme" ces mots qualifient le chef d’œuvre de Jean-Luc Godard; en rupture avec toutes les règles de narration cinématographique, il en réinvente le langage.

C'est toujours une fête pour nous de revoir ce film, notons l'extraordinaire copie restaurée qui nous était proposée pour cette séance du Ciné Club de Claude-Jean Philippe au cinéma l'Arlequin !

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