dimanche 5 août 2012

Pereira prétend - Antonio Tabucchi

Après avoir été journaliste pendant 30 ans pour la rubrique faits divers, Pereira est devenu responsable de la page hebdomadaire culturelle d'un petit journal du soir Le Lisboa. Il remplit principalement sa page avec des traductions de textes de la littérature française. Le principal souci de Pereira est de savoir si la résurrection se limite uniquement à l'âme. Obèse, Pereira espère de la mort qu'elle puisse définitivement le libérer de son corps trop encombrant, il cherche donc des preuves sur la non résurrection du corps. Il espère trouver une réponse auprès d'un jeune étudiant en philosophie Francesco Monteiro Rossi qui vient d'obtenir une maitrise avec la note maximale après avoir rédigé un mémoire sur la mort. Le jeune homme confie sa totale incompétence en la matière, mais il arrive à se faire engager par Pereira pour écrire des articles et plus précisément des nécrologies de grands écrivains.
Le premier texte remis est un hommage au poète Federico Garcia Lorca assassiné par les hommes de Franco. C'est un choc pour Pereira qui lui explique que ce texte est impubliable, nous sommes dans le Portugal de Salazar des années 30. Le jeune homme ne va cesser de rédiger des textes du même acabit, réveillant la conscience politique de Pereira qui vivait jusqu'ici tourné vers le passé, la littérature française du XIX° et la mémoire de sa femme décédée victime de la tuberculose. Il se retrouve ainsi engagé un peu malgré lui dans la résistance à la dictature au coté du jeune homme et de sa compagne, mais le journaliste n'a pas toutes les qualités du résistant notamment l'art du silence.
Antonio Tabucchi, écrivain italien avait une connaissance indiscutable de la culture lusitanienne. Professeur d'université de littérature portugaise, il est un spécialiste éminent du poète Fernanco Pessoa. Il est décédé le 25 mars dernier à Lisbonne. De mémoire, c'est le premier roman que nous lisons qui a pour toile  de fond, le régime de Salazar. Nous avions précédemment croisé la dictature portugaise dans le recueil de lettres de Peter Schwiefert "l'oiseau n'a plus d'ailes", où sa proximité avec régime nazi était mise en évidence. Le livre qui peut être vu comme la déposition de Péreira, personnage quelque peu naïf qui emporte notre sympathie dés les premières lignes. Chaque paragraphe est rythmé de l'expression "Pereira prétend", il décrit parfaitement les mécanismes immuables des régimes dictatoriaux. Le silence s'installe, on se méfie de son voisin , collègue...  c'est aussi pour des gens médiocres, lâches l'occasion de se découvrir par la collaboration de nouvelles perspectives de promotion. Une résistance s'installe car le renoncement aux libertés fondamentales reste insupportables pour certains. Ces mécanismes sont parfaitement décrits avec subtilité par l'auteur italien.  Ce livre est aussi un hommage à grand nombre d'écrivains notamment par les nécrologies du jeune homme qui emportent le sourire du lecteur. 
A lire !




Ce livre a été lu en partie su les bords de la Charente, à Jarnac

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