lundi 28 février 2011

Seven Women - John Ford (1965)

Six femmes tiennent une mission à la frontière sino-mongole, elles apportent des soins aux populations locales tout en menant une politique d'évangélisation. Elles attendent avec impatience l'arrivée d'un nouveau médecin avant de découvrir avec stupéfaction que c'est une femme qui vient prendre le poste vacant, le docteur Cartwright. Et c'est une femme libre avouant des passions amoureuses, fumant en public et buvant du whisky, un choc insupportable pour ces puritaines qui n'aiment pas voir cette jeune femme sourire de leur bigoterie. Mais lorsque des troupes barbares débarquent dans la mission, le médecin se révèle la plus courageuse, se sacrifiant pour obtenir la liberté des autres...

Seven Women (frontière chinoise) est le dernier film du maître d'Hollywood, c'est un un pur bonheur! On retrouve comme toujours chez John Ford un sens parfait du récit où le discours n'est jamais démonstratif. Il donne ici une vision moderne de la femme, car c'est bien sa liberté et son émancipation qu'il défend à travers le personnage du Docteur Cartwrigt admirablement interprété par Anne Bancroft, mettant à jour les frustrations de l'insupportable bigote, directrice de la mission.
La nouvelle vague n'a pas toujours été juste avec ce cinéaste majeur dont il convient de ne pas limiter l'œuvre à ses seuls westerns. Ils lui ont souvent préféré Alfred Hitchcock ou Howard Hawks, François Truffaut répare cette "injustice" en signant cet hommage après le décès du cinéaste:
"John Ford était l'un des plus célèbres metteurs en scène du monde et cependant tout en lui, dans son comportement et ses propos, donne l'impression qu'il n'a jamais cherché cette célébrité ni même qu'il l'ait acceptée. Cet homme, qu'on nous décrit toujours comme bourru et secrètement tendre, était sûrement plus proche des personnages secondaires qu'il faisait jouer à Victor Mc Laglen que des rôles principaux qu'interprétait John Wayne. John Ford faisait partie de ces artistes qui ne prononcent jamais le mot art et de ces poètes qui ne prononcent jamais le mot poésie. Ce que j'aime dans le travail de John Ford, c'est qu'il accorde toujours la priorité aux personnages. Pendant longtemps, étant journaliste, j'ai critiqué sa vision des femmes - que je trouvais trop dix neuvième siècle - puis, devenu metteur en scène, je me suis rendu compte que, grâce à John Ford, une splendide actrice comme Maureen O'hara a pu jouer quelques-uns des meilleurs rôles du cinéma américain entre 1941 et 1957. John Ford pourrait recevoir - ex æquo avec Howard Hawks- le prix de "la mise en scène invisible" , je veux dire que le travail de la caméra chez ces grands raconteurs d'histoires n'est pas discernable pour l'œil du spectateur: très peu de mouvements d'appareils - seulement pour accompagner un personnage - une majorité de plans fixes, toujours filmés à la distance exacte, ce style créant une écriture souple et fluide que l'on peut comparer à celle de Guy De Maupassant ou de Tourgueniev. Avec une aisance royale, John Ford savait faire rire le public et savait le faire pleurer; la seule chose qu'il ne savait pas faire, c'est l'ennuyer! Et puisque John Ford croyait en dieu: God Bless John Ford."

Texte tiré du livre les films de ma vie - François Truffaut - Ed Flammarion

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