mardi 24 novembre 2015

Le temps de l'innocence - Martin Scorsese

Il suffit de se plonger dans les deux merveilleux documentaires sur le cinéma américain et italien de Martin Scorsese pour comprendre combien le septième art a eu une place capitale dans la vie du réalisateur de Taxi Driver et cela depuis son plus jeune âge.  Une cinéphilie pointue qui en fait assurément un frère spirituel de François Truffaut. Martin Scorsese respire le cinéma, il en est un fidèle serviteur notamment par son travail de restauration qu'il mène au travers de sa fondation, redonnant une nouvelle jeunesse à des chefs-d'œuvre victimes du temps qui passe.
Mais il y a un mystère chez ce cinéaste qui a réalisé incontestablement des très grands films devenus incontournables, notamment avec son acteur fétiche et son double Robert de Niro, mais aussi d'affreux navets qui viennent plomber sa filmographie. Des fautes de goût incompréhensibles  que la presse bienveillante omet de citer quand on a célébrè le cinéaste actuellement exposé à la cinémathèque de Paris.  Et pourtant La Dernière tentation du Christ, Kundun figurent bien dans sa filmographie, mais aussi les nerfs à vifs, Shutter Island des objets totalement convenus...

Nous avons décidé de nous replonger dans Le Temps de l'innocence, un film à part dans la filmographie du cinéaste.Adaptant un roman d' Edith Wharton, Martin Scorsese tout juste sorti des Affranchis se lance dans un film à costumes. La  haute société  pudibonde et policée du  New-York  au XIX° siècle   finit par y révéler une vulgarité voisine de celle des maffieux du Bronx.
L'histoire est assez simple Newland Archer (Daniel Day-Lewis) doit épouser une fille tout aussi convenable que lui MayWilland (Winona Ryder). Le retour de Ellen Olenska (Michelle Pfeiffer) qui fatiguée des infidélités d'un mari européen a choisi de quitter ce dernier. Un retour qui fait quelque peu scandale dans cette société engoncée dans sa bonne morale. Newland Archer tombe amoureux de Ellen Olenska, cela fait désordre mais tout leur entourage se mobilise pour préserver la bienséance , cette histoire est terriblement cruelle.
Or le film est un peu trop propre ... Newland se retrouve tel Milou devant une flasque de Whisky du capitaine Haddock partagé entre "le diable" et "l'ange"... Et là pas de Joe Pesci pour lui donner de bons conseils, pas de transgression des codes...
Martin Scorsese au milieu de la belle vaisselle, ne veut pas être l’éléphant dans un magasin de porcelaine, alors il filme avec délicatesse, et tout devient très plat. Platitude renforcée par Daniel Day Lewis, ersatz des grands acteurs hollywoodiens qu'ont pu être Gary Cooper, James Stewart ou Cary Grant , il fait de son personnage un benêt insipide.
Et malgré tout ce n'est pas si mal, parce qu'il y a Michelle Pfeiffer qui tient là un de ses plus beaux rôles. Absolument remarquable, elle donne à ce film une âme, elle crée à elle seule une tension qui retient notre attention, et qui nous fait regretter la sagesse du cinéaste, devenu tout d'un coup trop lisse comme s'il avait été impressionné par ce beau monde de façade....Son personnage est le seul de cette histoire  à assumer sa liberté et ses choix.


Film vu dans le cadre du Ciné-club du bric-à-brac de Potzina !

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