vendredi 3 juillet 2015

Les mille et une nuits - Miguel Gomes

Au Portugal, un cinéaste se lance dans un film documentaire dans lequel il souhaite traiter deux sujets: la fermeture d'un chantier de construction navale et la disparition des abeilles. Finalement découragé par son projet ambitieux, il préfère quitter le tournage laissant les rênes à sa première assistante Shéhérazade...
Cette dernière a la dure mission de ne pas ennuyer le roi en lui contant les malheurs du Portugal et de ses habitants.
Dure gageure, tant ce pays  souffre de la cure d'amaigrissement imposée par le gouvernement qui sous la pression a fait le choix de l'appauvrissement de sa population pour satisfaire les contraintes du monde libéral, allant même parfois au-delà des recommandations imposées.
Chômage, baisse de revenus... c'est en reprenant le principe des contes des milles et une nuit que Miguel Gomes dresse un tableau de ce beau pays meurtri où les hommes politiques sont renvoyés à leur propre lâcheté ou leur impuissance ... la partie "les hommes qui bandent" est à ce titre plutôt jubilatoire
Documentaires et fictions se mélangent, ce film cocasse, picaresque, surprend, déroute parfois mais jamais ne laisse indifférent. Décomposé en plusieurs parties, il est cependant inégal, nous sommes passés de l'ennui à la surprise, nous resterons marqués par le portrait des magnifiques, trois victimes de la crise confrontées au chômage et à la misère venus témoigner de leur quotidien....
On pense au cinéma de Pasolini, à celui de Godard, voire aussi à Agnes Varda et ses glaneurs. Miguel Gomes réalise ici le cinéma rêvé de mai 68 où le cinéaste s'empare de la question sociale sans renoncer  pour autant à l'art du récit.
Après le merveilleux et étonnant Tabou, Miguel Gomes s'installe définitivement dans le paysage cinématographique contemporain.

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