Né à Jérusalem en 1935 dans une famille palestinienne d’origine chrétienne, Edward W.Said fut une voix majeure de la cause palestinienne alors qu'il était devenu un professeur respecté de littérature comparée de l'université américaine de Columbia. Atteint d'une leucémie, il se lance dans la rédaction de ses mémoires, où il revient sur ses jeunes années... Il meurt en 2003 il avait alors 67 ans
Palestinien mais aussi américain grâce à son père. En 191, ce dernier a décidé de partir vers l'Amérique pour échapper à l'enrôlement de force dans les troupes ottomanes engagées alors dans un énième conflit dans les Balkans. Le père d' Edward W.Said organise sa nouvelle vie en prenant des petits boulots, avant de s'engager dans l'armée américaine et partir combattre dans les tranchées en Europe. Un engagement qui lui valut d'obtenir la nationalité américaine...
Après avoir monté une entreprise de peinture aux Etats Unis, très vite il retourne en Palestine puis s'installe au Caire où avec un sens indéniable des affaires il dirige une société prospère de commerce lui assurant un train de vie confortable. Il épouse Hilda une femme d'origine libanaise de Nazareth bien plus jeune que lui. Hilda retourne à Jérusalem pour accoucher de son deuxième enfant Edward, le couple était peu confiant dans les Hôpitaux du Caire où elle avait perdu un premier enfant . Trois sœurs viendront à sa suite...
Le récit de la jeunesse d'Edward, partagée entre la capitale égyptienne et le Liban où il se rend chaque été, est la description d'un monde aujourd'hui disparu où les différentes communautés vivaient dans une atmosphère plutôt détendue. Juifs, Arméniens, Chrétiens... Le Caire est alors une métropole cosmopolite où la présence anglaise est importante. Edward fait d'ailleurs son éducation dans les écoles britanniques avant de partir continuer ses études aux Etats Unis. Son père est une figure imposante, il peut être dur avec son fils à cette époque où personne n'est vraiment choqué par les brimades physiques, sa mère est aimante et toujours proche de son fils. Son coté rêveur lui créé bien des soucis à l'école où les professeurs sont rarement exaltants, l'enseignement est plutôt ennuyeux. Pour l'anecdote, il croise au cours de ces années celui qui deviendra Omar Sharif et qui aimait alors jouer les caïds dans la cour d'école...
Deux événements vont venir perturber cet ordre familial harmonieux. La guerre de 1948 perdue par les pays arabes contre le nouvel Etat Israël entraine la perte de la maison familiale de Jérusalem et ses parents doivent prendre en charge de nombreux cousins.. Puis en 1952 le roi Farouk personnage absolument indigent est renversé par de jeunes colonels de l'armée égyptienne, l’avènement de Nasser crée un réel enthousiasme dans le monde arabe, mais déclenche aussi des tensions entre les communautés musulmanes et chrétiennes, notamment au Liban. Le père d'Edward voit sa situation se compliquer par la miseen place d'un ordre socialiste peu favorable aux étrangers installés au Caire. D'ailleurs pour arriver à ses fins et tenter de sauver l'essentiel, il utilise son fils comme prête nom pour contourner les nouvelles lois restrictives, découvert Edward ne peut plus revenir pendant des années sur le territoire égyptien.
C'est une lecture passionnante qui voit un monde qui avait su trouver un certain équilibre basculer dans des années de tensions et de haines dont la guerre civile du Liban fut le premier signal. Haines qui ne cessent de s'exacerber et dont il ne semble n'exister aucune issue autre que tragique, ce qui rend la lecture mélancolique.
Nous avons lu ce livre remarquable dans la prévision d'un spectacle les optimistes auquel nous assisterons la prochaine saison au Théâtre Jean Arp.
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