mardi 28 juillet 2015

L'abbaye de Fontevraud - Saumur



Créée en 1101 par Robert d'Arbrissel, un personnage pas banal qui mérite que l'on s’intéresse à sa biographie, l'abbaye de Fontevraud recevait en son sein des hommes et des femmes, elle était régie par la loi de Saint Benoit. La mixité des premiers temps faisant scandale, un mur de séparation sera très rapidement dressé pour garantir une séparation physique entre les hommes et les femmes. Il est donc plus juste de parler d'un monastère double plutôt que d'un monastère mixte.
Tout étonnant est d'apprendre que la direction générale est confiée à une abbesse, mais il convient de ne pas  qualifier pour autant, selon notre guide du jour, Robert d'Abrissel, de féministe éclairé. Le fait d'avoir à subir la gouvernance des femmes devait garantir le paradis aux hommes. Cela n'alla pas toujours sans problème malgré cette promesse d'une éternité joyeuse.
L'abbaye après avoir bénéficié de la protection du comte d'Anjou, obtient celle des Plantagenets, qui font de ce site sa nécropole. Reste à ce jour les gisants d'Henri II et de son épouse Aliénor d'Aquitaine. Cette dernière,  épouse du Roi de France Louis VII dit Louis le Pieux, vit son mariage cassé par le pape après qu'elle eut donné deux filles au Roi. Elle épousa ensuite secrètement dans la cathédrale de Poitiers Henri  Plantagenet, alors vassal du roi sans l'autorisation de ce dernier... Henri se chamailla très rapidement avec Louis VII, puis devient Roi d'Angleterre... Alienor d'Aquitaine lui donna huit enfants dont cinq fils. Parmi eux, Richard Coeur de Lion qui doit beaucoup à la légende de Robin des bois pour sa postérité et dont il reste également le gisant dans l'abbaye. Le quatrième gisant conservé est celui d'Isabelle d’Angoulême épouse de Jean Sans Terre, frère et successeur de Richard; elle fut la seule des quatre à mourir au sein même de l'abbaye où elle avait prononcé les vœux quelques  temps avant sa mort, après avoir mené une vie quelque peu tumultueuse.

Par la suite, l'abbaye fut sous la protection des Bourbons, elle fut notamment dirigée un temps par la sœur de La Montespan, maitresse du roi Louis XIV. La révolution eut raison du lieu.
Il est transforme par Napoléon en prison, qui très vite devient un lieu terrible du fait de la surpopulation carcérale. Au XIXème siècle , l'espérance de vie y était de huit mois. Jean Genet qui n'y a jamais été interné en fait une description terrible au début de son roman "Le miracle de la rose": « De toutes les centrales de France, Fontevrault est la plus troublante. C’est elle qui m’a donné la plus forte impression de détresse et de désolation, et je sais que les détenus qui ont connu d’autres prisons ont éprouvé, à l’entendre nommer même, une émotion, une souffrance, comparables aux miennes. »
Lieu d'internement pour des résistants dont certains  furent exécutés, la Prison fut fermée dans les années soixante, seuls restèrent quelques prisonniers chargés de faire disparaitre toutes les traces du passé carcéral de ces bâtiments, et de leur redonner leurs lustres passés.

Une visite impressionnante.

Nous avons fait un arrêt à Saumur avec ses rues piétonnes et ses enseignes que l'on retrouve à l'identique dans toutes les villes traversées. Le château et les activités équestres sont les principales attractions de cette cité, dont toute l'activité est tournée vers ce passé, se refusant toute audace architecturale si ce n'est de suspendre au dessus d'une rue commerçante des parapluies de couleurs, les constructions nouvelles sonnent faux. La ville n'a qu'un charme vieillissant à offrir. Elle n'a finalement jamais retrouver son lustre perdu après la révocation de  l'Edit de Nantes qui avait vu cette place forte du protestantisme perdre son élite.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...