Berlin en pleine période romantique, Henrich poète dramaturge en pince pour sa cousine Marie. Un soir il se penche vers elle et lui fait brutalement cette proposition surprenante: "Voulez vous mourir avec moi?". Devant le refus de sa chère cousine,de plus en plus déprimé, il se rapproche de Henriette Vogel, une jeune femme mariée émue par ses œuvres ... Cette dernière apprend qu'elle est atteinte d'un mal incurable, ses jours sont comptés... La proposition du jeune poète tout d'un coup fait sens...
Inspirée par la vie de Henrich Von Kleist, Jessica Haussner trace un portrait acerbe de l'écrivain allemand, admirablement interprété par Christian Friedel, en faisant un personnage narcissique et insupportable, on ne compatit jamais à sa sa mélancolie morbide. Le mari de Henriette est un homme honorable, ouvert aux nouvelles réformes fiscales où sous l'influence française il est notamment établi que la noblesse berlinoise doit payer l'impôt. Il fait tout son possible pour obtenir la guérison de sa femme faisant appel aux plus grands médecins... Mais une atmosphère empesée et glaçante se dégage de la demeure familiale partagée avec sa femme, sa fille et une mutique servante , nous n'avons jamais vu une une chambre conjugale si froide. Tout est propre, à sa place même le chien est en permanence impeccable, c'est une vie sans volupté. Henriette succombe à cette ambiance d'une froideur totale, seule la musique lui apporte de la gaité... Elle fait régulièrement des évanouissements, les médecins restent longtemps partagés pour savoir si l'origine de ce mal est psychique où la conséquence d'un mal plus sérieux... le funeste diagnostic en fait une proie idéale pour les sombres projets du poète... Ce dernier n'est pas vraiment à la hauteur, seul son suicide l'intéresse et il manifeste peu de sentiments. La vie s'avère bien décevante pour Henriette qui n'aura connu la joie des sens qu'à travers la musique.
Des couleurs magnifiques, de belles demeures à l'ambiance feutrée où jamais le ton ne monte; c'est un calme permanent qui contraste avec les âmes tourmentées des protagonistes, accentuant la cruauté de ce qui se trame.
Nous avions beaucoup aimé son précédent film, Lourdes, celui ci est tout aussi passionnant. Son portait à charge est terrible, surement mérite t-il conversation. Il nous donne envie de savoir qui était vraiment Heinrich von Kleist. D'autant plus que ce mouvement a eu un succès populaire indéniable au XIX, Jessica Haussner nous le fait ressentir comme un poison qui s'introduit dans la société allemande.
L'amour fou était notre film de la Saint Valentin !
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