L'histoire contemporaine de la Pologne est particulièrement complexe et
passionnante; seul le travail scientifique des historiens pourra un
jour dire quel fut réellement le rôle de chacun dans la chute du
pouvoir communiste. Le pays fut au cœur de la chute du
système communiste, parce que le leader ouvrier Lech Walesa par son
charisme sut captiver l'attention du monde sur son combat dont tout
laissait penser qu'il allait se terminer par une intervention soviétique
et un bain de sang comme cela avait toujours été le cas dans les années
précédentes à chaque désir de liberté à l'est du rideau de fer.
Mais la donne avait changé, un pape polonais avait été élu, le système
soviétique dirigé par des vieillards était à bout de souffle.
C'est peut être là, la seule limite du film Andrezj Wajda celle de se
limiter à la seule figure de Lech Walesa et de nous donner une image
parcellaire de la Pologne en révolte contre le régime communiste quand nous aurions aimé avoir une fresque historique plus large. Nous
aurions aimé connaître plus exactement le rôle des intellectuels de
Varsovie et notamment sur leurs relations nouées avec les
ouvriers, et mieux comprendre comment les arcanes du pouvoir communiste furent totalement déstabilisées . Mais il reste un film
passionnant qui n'est en rien une hagiographie du leader syndical, si
hagiographie il y a, c'est celle de l'épouse, une femme admirable de
bout en bout condamnée à sa cuisine pour nourrir ses enfants.
Nous découvrons Walesa lors des grèves de 1970 violemment réprimées par
la police. Embarqué au poste, il s'en sort aisément en signant
notamment des papiers où il s'engage à être un agent de renseignement.
Nous le retrouvons ensuite ouvrier sur les chantiers de Gdansk, il
n'est pas le plus véhément, suivant parfois le mouvement plus qu'il ne le provoque mais chaque fois qu'il parle il est écouté. Devenu un des leaders de la première grande grève des chantiers de Gdansk suite au licenciement
scandaleux d'Anna Walentynowicz il obtient satisfaction sur
les principales revendications des ouvriers de l'usine oubliant les
autres grévistes, mais son vrai talent de négociateur
avec les autorités permit peut être d'éviter la tragédie.Il s'est
rendu indispensable.
C'est à travers une interview donnée à une célèbre journaliste
italienne
Oriana Fallacia que le leader syndicaliste détaille les événements de 1970 à 1989 alors que son logement est étroitement surveillé
par les autorités. Affable, vaniteux il aime à se raconter... Pour
autant il reconnaît ses faiblesses, il ne joue pas aux héros, se
décrivant volontiers comme un homme ordinaire qui n'a jamais ouvert un
livre ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'esprit plus vif que les
intellectuels de Varsovie dénués de son sens pratique et de son flair
politique. Malin il ne tombe jamais dans les pièges tendus par les
services de l'Etat qui espèrent toujours en faire un allié.
Le cinéaste évite les travers de ce film de genre, par des ruptures de
ton, en utilisant subtilement les images d'archives il trace un portrait
bienveillant du leader charismatique dont nous sentons bien qu'il lui
voue une véritable admiration et une profonde reconnaissance. La limite
vient principalement de l'acteur Robert
Wieckiewicz qui est engoncé dans le costume de Walesa et dont le jeu
est sans finesse, il ne se libère jamais de sa grosse moustache au
contraire de l'actrice Agnieszka Grochowska qui incarne son épouse.
Au moment des événements, Wajda avait exprimé son esprit de résistance et ses désirs de révolution à travers son film Danton interprété par Gérard Depardieu. Il peut enfin rendre hommage directement à son héros, Lech Walesa
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire