vendredi 29 août 2014

"Pince-moi je rêve" exposition Françoise Huguier à la MEP et rétrospective Marie Paule Nègre

La lecture de son autobiographie "Au doigt et à l’œil " nous a conduit naturellement à la MEP qui présentait une sélection des photographies de Françoise Huguier jusqu'à la fin Août.
Ce fut un vrai bonheur de contempler le travail dont son livre nous avait fait le récit. Beaucoup de portraits et quelques paysages. Des textes complices de Gérard  Lefort accompagnent une exposition donnant un aperçu des multiples centres d'intérêt de la dame..un condensé de ses précédentes expositions.
 Une salle est consacrée au Cambodge , pays d'enfance de Françoise Huguier  où elle fut kidnappée par le Viet-minh avec son frère, à l'age de 10 ans. On y découvre un album photos de la  famille au moment des évènements mais également des clichés pris lors d'un retour au Cambodge en 2004. Ainsi de beaux portraits,toujours par deux, chaque personne  étant présentée par un cliché noir et blanc puis couleur ,le regard au loin puis fixant le photographe . Superbe également au fond de la salle , un immense tirage couleur d'une piscine abandonnée que l'on devine au milieu d'une végétation ayant repris ses droits, les lieux mêmes où Françoise Huguier fut enlevée, comme une dernière trace presque effacée de la présence coloniale.
Du périple "sur les traces de l'Afrique Fantôme "sont extraits de beaux clichés noirs et blancs, des portraits de magnifiques jeunes filles du Mali, des intérieurs et des paysages de savane.

Françoise Huguier a fait plusieurs séjours en Russie, elle en a ramené un travail passionnant sur les "Kommunalka". En effet , à Saint-Pétersbourg, il existe encore des appartements communautaires, vestiges du système soviétique. Y sont réunis, par la force des choses, des gens de toutes origines et de toutes classes sociales. De cette série, nous retenons en particulier là encore un grand format couleur montrant de dos une jeune femme à sa toilette, ce qui frappe d'abord c'est sa beauté , sa longue chevelure noire puis le regard dérive sur le mur craquelé  de la salle de bain , le gobelet où se côtoient au moins 7 brosses à dents nous rappelant où nous sommes. Les photos prises en Sibérie dénoncent les ravages causés par la pollution industrielle, les cicatrices de métal défigurent les paysages .


De tous ces thèmes ressortent le talent de Françoise Huguier pour capter les regard et un sens du cadrage allant à l'essentiel, on retrouve cette qualité dans son travail sur la haute couture , où elle capture la beauté éphémère des  défilés par  la vision d'un chignon, d'un bout d'étoffe, d'une ombre....

L'exposition parallèle présentait des extraits du travail de Marie Paule Nègre.
L'Afrique est ici sujet d'engagement contre les violences faites aux femmes, l’excision et le gavage une pratique barbare que nous ignorions jusqu'à ce jour(dans certaines régions de Mauritanie) . Une autre salle reprend un reportage tenu sur plus de 20 ans de 1986 à aujourd'hui « Contes des temps modernes ou la misère ordinaire ». Marie- Paule Nègre a photographié des familles du Nord dans les années 80 pour témoigner de la fermetures des mines et du chômage grandissant, elle montre la pauvreté en marche... 
25 ans après elle a retrouvé ses "modèles", ils ont grandi, vieilli mais la misère ne les a pas lâché. C'est un beau travail photographique et sociologique. Une dernière partie de l'exposition est consacrée à la trajectoire singulière de sa sœur, Mireille danseuse étoile qui a rejoint à l'age de 28 ans, les ordres devenant Carmélite dix ans durant,sans jamais renoncer vraiment  à sa passion pour la danse.


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