samedi 30 août 2014

La libération de Paris - Musée Carnavalet

La libération de Paris fut un événement de l'Histoire où les photographes étaient particulièrement présents dans les rues de la capitale. Parmi eux, des noms célèbres: Robert Doisneau,  Henri Cartier Bresson ou encore Robert Capa, mais aussi de nombreux anonymes.
Fort de ces témoignages, le musée Carnavalet inaugure le 11 novembre 1944 une exposition de photos consacrées à la libération de Pais. Son commissaire François Boucher issu d'un réseau de la France Libre voit là le moyen de "déPétainiser" les français qui avaient eu à subir quatre durant la propagande de Vichy. Mais aussi de servir la volonté gaullienne, de faire de la France un pays de vainqueur, comme  il l' a fait admettre aux alliés grâce à l'engagement des résistants. 
Si l'exposition de 2014  reprend les clichés affichés en 1944, elle est enrichie de nouveaux clichés qui avaient soient été écartées lors de la précédente ou d'autres tombés plus tard le fond du musée.
Ces photos nous racontent beaucoup de cet événement autant par ce qu'elles montrent que par ce qu'elles ne montrent pas, il fallait consolider le discours officiel fédérateur et donc s'arranger avec l'Histoire c'est à dire  coller parfaitement au discours lyrique du Général de Gaulle du jour de la libération sur la place de l’Hôtel de Ville: "Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière : c'est-à-dire de la France qui se bat. C'est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle."
La seule photo où figure un soldat noir

Alors, les soldats étrangers ainsi que les femmes sont particulièrement absents des clichés. Sur un seul cliché nous voyons un soldat noir et sur un autre des soldats tunisiens. Cette volonté de faire de Paris une ville libérée par des soldats blancs étaient également partagées par l’État Major américain. Un seul portrait de femmes aussi, alors qu'elles ont pris une large part à la lutte.
Des photos doivent être des portraits de héros, les hommes de la résistance ont toujours un fusil à la main, alors que les armes étaient plutôt rares et que seule une minorité de FFI était réellement armée.
Les photos de scènes de femmes tondues après qu'une justice éclair et odieusement misogyne fut rendue avaient été alors écartées. Elles réapparaissent ici dans toutes leur brutalité.
Certaines photos ont fait l'objet d'une mise en scène et ne sont que des reconstitutions de certains épisodes de la Libération, tout cela est indiqué par les légende qui accompagnent les documents.

Exposition qui s'avère passionnante, où avec le temps le mythe s’efface devant la vérité historique. Mais il nous faut comprendre que la priorité de 1944 était d'unifier et de pacifier le pays pour cela tous les moyens furent bon. Ce n'est que bien des années plus tard notamment par le travail remarquable de l'historien américain Robert Paxton qu'une autre lecture de la France de Vichy  respectant la réalité historique fut proposée après un méticuleux travail de recherches.

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