mercredi 18 avril 2012

Elena - Andrei Zvinguatsiev

Le film s'ouvre sur de longs plans fixes dans un appartement cossu qui n'a rien de soviétique, nous pouvons nous imaginer dans la capitale Moscou mais rien ne nous l'indique. Nous assistons au lever d'un couple Elena et Vladimir dont on apprend rapidement qu'ils ont chacun un enfant de leurs précédents mariages, enfants qui semblent le point d’achoppement de leur couple qui donne pourtant une image de bonne entente. Le petit déjeuner terminé, Elena part dans une banlieue déshéritée pour retrouver son fils  vivant dans un appartement relevant lui clairement de la période soviétique, situé dans le proche voisinage d'une centrale nucléaire.  Son fils sans emploi a deux enfants, il passe sa journée entre la console de jeux et sa télévision, vidant des canettes de bière, comptant sur sa mère pour subvenir aux besoins de sa famille. Vladimir est usé de voir sa femme sans cesse rackettée par son fils, il ne veut plus les financer alors qu'ils ont un besoin urgent d'argent pour éviter au petit fils de faire son service militaire. Elena reproche à Vladimir son comportement alors qu'il finance de son coté la vie oisive et festive de sa fille. Vladimir fait un infarctus au cours d'une séance de sport, cela donne de nouvelles perspectives à Elena...

C'est un film noir où l'on ne sort jamais du cadre familial, mais par ce prisme, Andrei Zvinguatsiev réussit la gageure de faire un portrait social de la Russie contemporaine. Pays coupé en deux où les classes moyennes semblent absentes, d'un coté des privilégiés vivant dans des appartements à l'architecture contemporaine aux lignes épurées, de l'autre les désœuvrés dans les immeubles vétustes et sans confort de l'époque soviétique. C'est finalement la télévision qui réunit la société russe, allumée en permanence devant les matchs de football, les jeux télévisés et autres émissions de téléréalités, ils sont tous captivés par ces images identiques à celles des écrans occidentaux... Filmée par de long plans fixes au cadrage impeccable, on découvre une Russie dévorée par les démons de la société de consommation qui semble signer la mort de l'âme russe.

2 commentaires:

  1. Ca fait déjà quelques années qu'elle meurt l'âme russe. Je pense aussi aux chinois qui connaissent les mêmes dérives : les "retraités" qui vivent dans ce qui reste de l'époque maoïste et les très riches qui profitent de "l'éveil" de la Chine... Je note ce film.

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  2. La bande annonce m'avait alléchée, mais après j'ai fait ma poule mouillée... Peur d'être trop mal à l'aise, d'être trop retournée par ce film... Je le tenterai peut-être, mais quand il fera beau!

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