C'est une histoire de famille que vient nous raconter Nathalie Fillion. Tout commence avec les deux petits enfants qui viennent alerter leur grand mère, leur père débloque et se met à dépenser à tout va, il a même l'intention de vendre la maison familiale à La Baule Les Pins. Il ne faut pas pour autant accuser sa nouvelle "petite amie", une étudiante bien plus jeune que lui, où les enfants d'une précédente compagne qui sont restés vivre chez lui bien qu'il ne soit pas leur père... Ce comportement nouveau serait la conséquence de son nouveau traitement contre la dépression, il a tout simplement l'envie de balancer son capital pour se libérer des liens du sang. Les enfants s’inquiètent un peu mesquinement à vrai dire de voir ainsi le capital familial fondre comme neige au soleil dans cette famille où la "pingrerie" est plutôt la règle, quand l'argent est en jeu la parole se libère. Cela fait un petit moment que la grand-mère n'a pas vu son fils, fâché avec son père. Ce dernier, frappé depuis peu de la maladie d'Alzeihmer est un peu "à l'ouest" mais il n'est pas le seul...
C'est une situation très contemporaine que décrit Nathalie Fillon, à travers la chronique de cette famille recomposée, l'action est clairement située dans la crise financière de 2008... Famille bourgeoise qui a du bien qui fait partie des victimes de Madoff, ils finissent tous par se retrouver dans la maison familiale de La Baule. Les téléphones portables sonnent, la connexion wifi n'est pas toujours là, il faut choisir entre les antidépresseurs, aucun doute c'est de nous qu'il est question, et d'ailleurs le public est clairement pris à témoin
Quel beau texte, les mots sonnent toujours juste, ils donnent au propos toute sa force pour autant aucun personnage n'est une caricature, un archétype. A travers ce dialogue où trois générations se retrouvent confrontées, les problèmes de notre temps sont clairement posés, la grand mère découvre sa tolérance et accepte les nouveaux us et coutumes de la nouvelle génération, les plus jeunes se retrouvent démunis face à la maladie de leur aïeux. Que faire de ce grand père de plus en plus déconnecté? Ce personnage du grand père alzheimerien est tout simplement exceptionnel, nous ne doutons pas que Nathalie Fillion a du s'informer grandement sur les dégâts de cette maladie pour être si précise dans son écriture. Un des plus beaux passages est ce moment ou il se met à parler sans hésitation en grec ancien , instant d'une grande intensité contenue, car l'auteur garde toujours la distance nécessaire avec ses personnages et ne se laisse pas emporter par l'émotion facile.
C'est drôle, caustique, on ne s'ennuie pas une seconde, les huit acteurs sont absolument remarquables et jouent tous à l'unisson servis par une mise en scène taillée sur mesure c'est donc jubilatoire, tout sonne juste... Ce sujet, nous avons plutôt l'habitude de le voir traité au cinéma avec plus ou moins de bonheur, c'est ce que l'on a tendance à nommer "film choral", nous pourrions citer par exemple les films de Claude Sautet. Mais à la différence du cinéaste, le regard est ici plus poétique que social!
Il existe d’excellents textes de théâtre de contemporain, ils méritent de vivre et d'avoir assurément une plus grande exposition!
A l'ouest, une pièce de Nathalie Fillion à découvrir !
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