mercredi 8 janvier 2014

Les mistons - François Truffaut

Lorsqu'il réalise le court métrage "les mistons", François Truffaut joue gros, sa crédibilité de cinéaste qui doit lui ouvrir les portes de la réalisation d'un premier long métrage. Et dieu sait si il est attendu au virage après avoir durant des années réglé leur compte aux seigneurs du cinéma français par ses articles des cahiers du cinéma. Les hostilités furent ouvertes avec son article "une certaine tendance du cinéma français" paru dans le numéro 31 des cahiers du cinéma de janvier 1954 qui reste une date majeure  C'est le premier acte du big bang de la nouvelle vague, un acte fondateur.

Ce premier film inspiré par une nouvelle de Maurice Pons est l'histoire d'une bande de gamins qui persécute un couple d'amoureux, parce qu'ils sont dingues de la fille et donc affreusement jaloux du garçon.
François Truffaut a engagé pour ce film Gérard Blain ,repérè dans le film de Jean Duvivier avec Jean Gabin "voici le temps des assassins", il fut alors le seul épargné dans sa critique.

Le film tourné dans les rues de Nîmes et dans les Cévennes chez Bernadette Laffont dure 18 minutes, les moyens sont minimes mais pour autant ce film annonce tous les grand thèmes truffaldiens:

L'enfance, le cinéaste révèle toute sa capacité à capter l'enfance dans toute sa spontanéité, il est juste,  jamais moralisateur
Son amour des femmes, Gerard Blain devait être la vedette de ce film, mais très vite son personnage s'efface  devant celui incarné par Bernadette Laffont dont c'est ici le premier rôle. Elle fut présentée par Gerard Blain dont elle était l'épouse. Truffaut capte la sensualité qui se dégage de son corps, il filme ses jambes, il est fasciné par la jeune fille... il a allégrement nourri la jalousie de l'acteur et sa rancouer de se voir jouer un simple second rôle...
Le gout de la littérature, à travers  la lecture du texte de Maurice Pons en voix off , on saisit parfaitement le goût du cinéaste pour la littérature et son respect pour les écrivains, hors de question pour lui de porter atteinte à l'intégrité de l’œuvre ce qu'il a suffisamment reproché dans sa critique du cinéma français d’après guerre, il met son cinéma au service de l’écrit, un élément que nous retrouvons notamment dans ses adaptations des romans de Henri Pierre Roché.
Il tourne dans des décors naturels à  Nîmes et notamment au cœur des arènes, et dans les Cévennes voisines, le pays de Bernadette Laffont...

Mais Truffaut n'a pas encore quitté son costume de critique, si il rend hommage à l'arroseur arrosé des frères Lumières, il ne peut s’empêcher  d’égratigner Jean Delannoy et son film Chiens perdus sans collier dont il fait déchirer avec jubilation l'affiche par les mistons.

Le film est un succès, le cinéaste est prêt à faire ses 400 coups !

Film vu dans le cadre de notre cycle 2014, année François Truffaut

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