mercredi 11 septembre 2013

Salvador Allende vu par Pablo Neruda

Voila quarante ans qu'eut lieu le coup d'Etat militaire qui renversa le gouvernement démocratique chilien présidé par Salvador Allende. Les Etats unis eurent un rôle prépondérant dans cette opération qui reste une des taches les plus sombres de notre histoire contemporaine.

Pour marquer ce triste anniversaire, nous avons repris deux extraits du  dernier chapitre des mémoires de Pablo Neruda, j'avoue que j'ai vécu. Douze jours après ce coup de force, le poète succombait officiellement d'un cancer à la prostate. Son décès pour cause naturelle a depuis été remis en question.


"Allende

Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines du charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles où git le cuivre qu’extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence du Chili un homme appelé Salvador Allende, pour qu'il réalise des réformes, prenne des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.
Partout où je suis allé dans les pays les plus lointains, les peuples admiraient Allende et vantaient l'extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais, au siège des Nations unies à New York, on n'avait entendu une ovation comparable à celle que firent au président du Chili les délégués du monde entier. Dans ce pays, dans son pays, on était en train de construire, au milieu de difficultés immenses une société vraiment équitable, élevée sur la base de notre indépendance, de notre fierté nationale, de l'héroïsme des meilleurs d'entre nous. De notre côté, du côté de la révolution chilienne, se trouvaient la constitution et la loi, la démocratie et l'espoir.

[...]

L'occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l'homme qui ne renoncerait pas à son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s'en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois les soldats du Chili avait trahi leur patrie. 

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