lundi 2 janvier 2012

La saga des émigrants 1 - Au Pays de Vilhelm Moberg

Cette saga est l'histoire des premiers pionniers partis pour l'Amérique, ce premier opus fait le tableau à travers une famille de la situation des paysans dans le pays de Smaland, une province du sud-est de la Suéde au XIXème . Nils de Mjödahut et Marta occupent une des plus anciennes fermes de Ljuder, subdivisée à plusieurs reprises au fur et à mesure des successions. De leur union naquirent cinq enfants dont trois survécurent: Karl Oscar, son frère Robert et Lydia l'unique fille. Une des principales activités du fermier est de retirer les énormes pierres qui envahissent ses terres, l'un d'elles finit par avoir raison de sa bravoure et vient lui briser une jambe. Dans la totale incapacité de cultiver ses terres après cet accident, Karl Oscar son ainé reprend la ferme avec sa jeune épouse Kristina. Après des débuts encourageants, les affaires tournent mal, la météo gâche les récoltes, la famine est là, aucune perspective positive pour la famille si ce n'est l'Amérique...
Cet ouvrage est remarquable, sa lecture est indispensable... Nous découvrons la Suéde au XIXeme où le pasteur luthérien (Enok Brusander dans le roman), représentant de la religion d'Etat, a un pouvoir considérable sur ses ouailles. Chaque automne, il passait dans les familles vérifier le niveau spirituel des paroissiens interrogés sur le petit catéchisme de Luther. Les hérétiques adeptes de Ake Svensonn qui à la fin du XVIII a souhaité renouer avec les pratiques religieuses des premiers apôtres  sont poursuivis. Insupportable est la condition faite aux valets qui peuvent être légalement battus par leurs maitres, ainsi Robert le jeune frère engagé dans une ferme voisine porte définitivement les stigmates des coups reçus. La Suéde n'était pas en ce temps là une démocratie modèle.
Mais si la lecture de ce texte, qui s'inscrit dans une tradition du roman "des écrivains prolétaires", mouvement littéraire important au XXeme en Suéde, est absolument passionnante, c'est que l'auteur traite d'un sujet universel, l'émigration et le mouvement des populations, et qu'il nous amène à réfléchir sur ces phénomènes.
Au cours du XIXeme siècle en Suède, c'est plus d'un million de personne qui ont fait le choix de partir vers le nouveau monde soit plus de 10% de la population. Nous voyons bien à la lecture qu'il existe plusieurs raisons à ce départ, il y a le cas de Robert dont on ressent le goût pour l'aventure et l'envie de découvrir ce nouveau monde, il y a des raisons politiques notamment pour Danjel Andreasson et sa famille, adeptes de Ake Svensson qui ne peuvent vivre librement leur religion, enfin et pour la grande majorité le départ est imposé par les conditions de vie devenues impossibles dans son propre pays, le départ est un arrachement mais il est le seul espoir, dans le roman de Moberg c'est la mort de la fille ainée de Karl Oscar victime de la famine qui déclenche la décision définitive.
Les raisons premières constatées de nos jours sur les mouvement d'émigration sont toujours les mêmes, les gens partent parce qu'ils ne peuvent plus vivre  sur leurs terres, c'est avant tout un geste de survie... On ne part pas pour aller vivre d'avantages sociaux, ce n'est certainement pas le RSA, la CMU ...qui poussent de braves gens à s'engager sur des embarcations improbables. Vouloir placer des barrières administratives et policières à nos frontières est vain et démagogique, le désespoir ne se régule pas! Le développement économique de l'Afrique  et des pays pauvres est la seule possibilité pour réduire ces mouvements de désespoir... 
Mais pour cela il faut d'abord mettre fins aux régimes corrompus qui gouvernent ces pays, mais comme cette corruption nourrit aussi  nos puissants nous ne sommes pas prêts de voir la fin de ce système....

Lire Moeberg c'est ouvrir les yeux sur le monde, c'est nourrir son humanisme c'est donc une lecture indispensable!
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