mardi 29 novembre 2011

Berenice - Jean Racine Mise en Scène Laurent Brethome - Théâtre Jean Arp

Titus aime profondément Bérénice, il s'est même engagé à l’épouser au désespoir de leur ami Antiochus roi de Comagène  amoureux désespéré de la reine de Palestine. Mais à la mort de son père Vespasien, il devient César, la Loi romaine est implacable Titus ne peut épouser une reine, aucun de ces prédécesseurs n'est allé contre cette loi. La raison d'Etat l'emporte, il doit renoncer à son amour...
Le fait remarquable dans cette pièce de Racine, c'est l'absence de  bassesse et de médiocrité, les personnages frolent le désespoir mais ils restent dignes . .. Les trois héros font le choix de contenir leur chagrin et de vivre avec le souvenir de leurs amours impossibles.

Ce texte d'une poésie absolue est un sommet de la littérature Française.

Sublime tel est l'adjectif qui nous vient à l'esprit après ce "Hélas" dernier mot d'Antiochus qui clot le spectacle, nous sommes tenus de bout en bout par la mise en scène magistrale de Laurent Brethome, sachant user à merveille des lumières, de l'espace pour donner à chaque scène la dimension qu'elle mérite, nous pensons notamment à ce sublime passage où la scène se retrécit par un jeu de lumière maitrisé pour donner une intimité nécessaire au dernier échange entre Titus et Bérénice dans l'acte IV, un très grand moment de théâtre .
Bérénice (extraordinaire Julie Recoing) n'est pas une douce femme qui accepte avec fatalité son sort, elle se révolte contre la raison d'Etat qu'on lui impose, elle hurle sa colère contre Titus, incapable de changer les lois romaines, de rester fidèle à ses engagements . La raison d'Etat l'emporte, les mots de Titus sont sans équivoque:

"Je sens bien que sans vous je ne saurai plus vivre,
Que mon coeur de moi-même est prêt de s'éloigner,
Mais il ne s'agit plus de vivre; il faut régner."

La langue est sublime, rien ne nous échappe, le texte est clair les mots sonnent justes nous ne tombons jamais dans une mécanique de l'alexandrin, pour autant la poésie de Racine n'est jamais trahie. Citons les acteurs remarquables: Thomas Blanchard (Titus), Julie Recoing (Berenice), Fabien Albanese (Paulin), François Jaulin(Rutile), Philipe Sire (Antiochus), Sophie Mourousi (Phenice) et Thierry Jolivet (Arsace)

Dans les notes d'intention du metteur en scène il est écrit: "Pour moi monter une pièce classique aujourd'hui, c'est avoir comme constante priorité la notion d’accessibilité et de compréhension pour le spectateur. Nous avons donc fait un travail important pour rendre le texte accessible à tous, sans le banaliser, sans en perdre la poésie, mais sans le chanter ni le rendre obscur." Le défi est relevé sans aucun doute.

Un Bérénice d'une totale modernité, cet "exercice de l'Etat" du XVII° a gardé toute sa vigueur!

C'est au théâtre Jean ARP  à Clamart jusqu'au Samedi 10 décembre, pour en savoir plus cliquez ICI





2 commentaires:

  1. J'ai délaissé votre blog trop longtemps et ai été punie en ratant Bérénice. C'est un texte magnifique dont je ne me lasse pas, malheureusement, bien trop souvent massacré au théâtre.

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  2. C'esgt vrai que c'est un texte magnifique, pour nous c'était la première fois que le voyons sur scène.. nous avons tellement aimé que nous y sommes allés une deuxième fois

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