L'homme de ses rêves est un recueil de nouvelles que John Cheever a écrit, durant sa jeunesse, dans les années 30. Connu pour être l'écrivain des classes moyennes, des banlieues des grandes villes, celui qui fut alors surnommé le "Tchekhov des faubourgs" montre une autre facette de son œuvre en proposant un regard sur les classes populaires frappées par la crise économique.
Des nouvelles remplies de mélancolie, du désarroi d'une Amérique profonde engluée dans un chômage de masse, un temps où les ouvriers américains chantaient l'Internationale. On traverse des pensions de famille, on passe par les champs de courses et leurs parieurs qui suivent les chevaux d'une ville à l'autre.
Si nous devions en sortir une du lot, nous citerions Bayonne, l'histoire d'une serveuse de restaurant, elle s'appelle Harriet mais tout le monde la surnomme Bayonne d'où elle vient. Chaque jour, à midi, c'est pour elle une véritable course poursuite pour effectuer son service, elle est connue de tous... Un jour la direction décide de lui adjoindre une jeune collègue, après une journée commune de travail elle prend conscience qu'elle sera vite oubliée de ses clients... elle préfère partir.
Le style est brillant, concis; en quelques lignes, John Cheever nous immerge dans une ambiance particulière :
"Le quartier se vidait de la même manière, et à sept heures du soir le voisinage était silencieux et désert à l'exception de quelques types qui regardaient le trafic des bateaux dans le port depuis les quais, un wagon de tram vide qui rejoignait les deux extrémités de la ville, ou un ivrogne qui titubait sur le trottoir en direction des pubs plus au nord. A sept heures, ils passaient la serpillière, empilaient les chaises sur les tables et fermaient jusqu'à minuit."
Des tranches de vie, des atmosphères, un portrait de l’Amérique des loosers, les nouvelles de John Cheever s'inscrivent dans la culture américaine, elles peuvent faire penser à un morceau de jazz, un tableau de Edward Hopper.
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