samedi 29 juin 2013

Le Joli Mai - Chris Marker et Philippe Lhomme

Nous sommes dans l'année 1962, la guerre d'Algérie vient de se  terminer, c'est le printemps de la paix, Chris Marker décide d'aller à la rencontre des parisiens, et de mesurer ainsi le moral des français... Le film s'ouvre sur l'interview d'un vendeur de costumes qui explique longuement sa philosophie de la vie, les choses sont assez simples pour lui, le bonheur étant finalement fonction de l'argent qu'il a dans la caisse. Il est plein de gouaille, fort drôle il donne le ton au film.
Promenades à travers les rues d'un Paris, à la sociologie bien différente de celle d'aujourd'hui,  de nombreux quartiers populaires désormais disparus où sont logés des ouvriers comme la rue  Mouffetard , là c'est un bougnat qui témoigne. Les préoccupations, elles n'ont pas vraiment changé, avec notamment un véritable problème de logement, grand nombre d'appartements sont vétustes, sans sanitaire et parfois sans électricité.

Nous voyons ainsi disserter deux architectes sur les logements du futur sur un terrain vague du XV° arrondissement . Un peu loin, deux ingénieurs envisagent un avenir radieux où grâce à la mécanisation, les gens n'auront plus à travailler que trente heures voire vingt heures par semaine. Puis c'est un ancien prêtre ouvrier qui témoigne de son parcours de l’Église à l' engagement syndical, puis au sein du parti communiste...
Avec le procès Salan, les batailles du passé et leurs blessures ne sont jamais très lointaines, la capitale a failli basculer dans la guerre civile... Lorsque le cinéaste tend le micro les gens préfèrent  garder le silence, et masquer le fond  de leur pensée sur les sujets sensibles: l'Algérie et l'OAS ou les grèves à répétition des grandes entreprises d'Etat (EDF, SNCF...), comme si la liberté d'expression n'était pas totalement acquise.
La parole est aussi donnée à un jeune étudiant du Dahomey et à un jeune ouvrier algérien, confrontés régulièrement à la bétise et l'ignorance des hommes,...
C'est un film passionnant, accompagné par la musique de Michel Legrand et la voix off de Yves Montand lisant un texte magnifique qui révèle la poésie de la capitale Française...
Un film drôle, léger ce qui n’empêche pas de révéler une vérité d'une époque aujourd'hui révolue, nous avons aimé cette promenade dans le temps et dans le territoire parisien.... Chris Maker n'oublie pas les chats qui errent dans la capitale, et un plus casanier qui se laisse travestir par une costumière de théâtre...

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