Nourri par les versions de Charles Perrault et des frères Grimm, Joël Pommerat revisite l'histoire de Cendrillon. Comme chez les frères Grimm, l'action commence avec la mort de la mère ici, à l'origine d'un malentendu. La jeune fille Sandra n'a pas compris le sens des derniers mots prononcés par sa mère; elle se croit dans le devoir de penser en permanence à elle pour lui permettre de survivre à sa mort, l'oublier c'est la condamner définitivement.
C'est chargée par le poids de cette responsabilité, que Sandra vient habiter au domicile de celle qui doit être la nouvelle épouse de son père et de ses deux filles. La jeune fille est logée dans la cave, elle doit subir les brimades de sa future belle-mère . Mais loin d'être une jeune fille passive, Sandra accepte volontiers les taches les plus rébarbatives, derrière ce masochisme apparent, la dureté des taches est aussi un moyen pour elle de se punir pour avoir peut-être oublié sa mère quelques instants. Impossible pour la jeune fille de faire son deuil!
Comme dans les contes, il est aussi question de fée,et de prince charmant... nous ne vous raconterons pas la suite mais sachez que dans nos temps modernes, épouser un prince charmant n'est pas la voie rêvée pour une jeune fille !
Langue impeccable de Joël Pommerat, il revisite le conte et s'interroge sur la force des mots, sur les malentendus et les non-dits et les dégâts qu'ils peuvent causer. Comme toujours dans ses spectacles, la scénographie est particulièrement impressionnante, une scène dépouillée, habillée uniquement par des lumières et des images vidéo. Les scènes sont coupées par des noirs complets, le temps de changer miraculeusement d'espace... On est saisi d'effroi mais on rit beaucoup surtout d'une improbable fée , Cendrillon est un spectacle de toute beauté.
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