Signaux © Christophe Loiseau
Nous découvrons le catalogue de la nouvelle saison du Théâtre Jean ARP, en le feuilletant nous tombons sur un spectacle "signaux" qui nous dit strictement rien, nous ne connaissons ni le metteur en scène Yngvild Aspeli, ni l'auteur norvégien Bjarte Breitig. Nous pourrions avoir pour premier réflexe de tourner la page, un peu comme un enfant qui découvre un nouveau plat et décide par avance et sans y avoir gouté "je n'aime pas". Mais il nous faut lutter contre nos conservatismes, les plus grandes joies sont à ce prix, aller vers l'inconnu.
Une recherche rapide sur les moteurs de recherche nous confirme que Bjarte Breitig n'est pas édité en France, les liens proposés sont tous en langue étrangère, un parfait inconnu dans notre pays. Nous avons pour seule indication le synopsis du spectacle:
"Dans le grand nord, un homme a perdu une main dans un accident.
Chaque nuit, il est hanté par les douleurs irrationnelles qu’il ressent
dans cette partie de son corps qui n’existe plus. Ces mêmes nuits, une
femme erre toute seule aux abords de la maison..."
Nous n'avons pas abandonné pour autant notre quête, nous avons interrogé Liten Blomma (*), auteur d'un blog remarqué, consacré aux cultures des pays nordiques et scandinaves. Bjarte Breitig ne lui est pas inconnu et nous tenions à partager sa réponse :
(Bjarte Breitig)
Je ne crois pas que Bjarte Breiteig soit traduit en français,
effectivement... et c'est bien dommage (je le regrette autant que vous),
car c'est un conteur très acclamé par la critique norvégienne, salué
comme l'une des plumes les plus pétillantes de ces dernières années. Il
faut reconnaître qu'il n'est pas très prolixe, c'est vrai, mais il reste
très apprécié du public et de la presse littéraire, notamment par les
jeunes (en y incluant les écoliers du secondaire) parce que ces derniers
l'ont déjà récompensé d'un prix. Et c'est ce qui pourrait être très
étonnant aux yeux de beaucoup... car Breiteig écrit souvent sur les
thèmes de la vie enveloppés par les mystères de la mort : avec des
personnages aux prises avec des situations douloureuses (comme la perte,
le chagrin, la culpabilité, la solitude, le désir, l'expiation.
l'innocence, le deuil ou la honte, etc). A chaque fois, ses textes nous
exposent à des personnages aux vies dissolues (de jeunes adultes en
particulier), tous confrontés avec eux-mêmes, leur intériorité, et
soudain en proie au désespoir.
C'est vous dire combien il ne
craint pas de nous faire emprunter des chemins denses, intenses, avec
des histoires essentiellement centrées sur des cas existentiels (à la
fois sombres et difficiles, mystérieux et ambiguës), des situations en
partie liés aux réalités sociales, bien sûr, qu'il s'agisse des rapports
entre deux amants, entre les frères et les sœurs, entre les parents et
leur progéniture ou même entre les jeunes et les moins jeunes.
Breiteig
c'est aussi un style bref, reconnaissable entre tous, faisant preuve
d'un sens du discernement et d'une maîtrise psychologique pas moins
grande et affutée. Le tout soutenu par une belle langue (grâce à un ton
proprement épique dans l'écriture). Les paysages qu'il décrit sont
souvent stylisés : des environnements du sein desquels se dégage une
sorte de froideur, une ambiance dénuée de vie, et qui semble bel et bien
être le propre de nos milieux urbains...
Je pense que vous
passerez une excellente soirée durant ce spectacle de marionnettes. En
espérant de tout cœur que cet auteur sera traduit en français car il
mérite vraiment une audience en France.
Sans aucun doute nous irons voir Signaux au mois de décembre au théâtre Jean Arp, scène conventionnée pour les Arts de la marionnette, le Théâtre d’objet et autres formes mêlées. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Sans aucun doute nous irons voir Signaux au mois de décembre au théâtre Jean Arp, scène conventionnée pour les Arts de la marionnette, le Théâtre d’objet et autres formes mêlées. Pour en savoir plus, cliquez ici.
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