C'est une histoire assez simple, celle d'une jeune femme plongée dans un coma irréversible après l'erreur d'un anesthésiste. Issue d'un milieu modeste la famille n'a pas les moyens de s'offrir les services d'un cabinet d'avocats prestigieux dignes pour défendre les droits de la victime et de lui permettre d'avoir accès à des soins . Leur seul recours, Frank Galvin, un avocat alcoolique en pleine déliquescence qui voit dans cette affaire une dernière chance de renouer avec son idéal de justice. Ce dernier refuse une offre qui semble pourtant inespérée de 210 000, 00 $ de la partie adversaire provoquant la colère de ces clients. Il se lance dans un procès face à un cabinet aux moyens illimités, l'issue semble certaine...
C'est une histoire assez classique, un genre propre au cinéma américain, le scénario de David Mamet est sans faiblesse. Mais ce qui fait la force de film c'est la mise en scène totalement maitrisée de Sidney Lumet, et l'interprétation sans faille de Paul Newman, James Mason et Charlotte Rampling. En quelques plans, sans un mot, Lumet fait en ouverture un portrait remarquable de l'avocat dont on comprend tout de suite la faille... Le film n'est finalement pas très bavard, il n'y a pas beaucoup d'action mais c'est d'une intensité rare durant deux heures, c'est la marque du génie de Sidney Lumet . Si ce film n'est en rien une comédie nous serions tentés néanmoins de le mettre dans la filiation des films de Capra, il nous révèle l'espérance d'une Amérique qui se refuse à céder à la raison du plus fort, qui reste fidèle à ses pères fondateurs, thème déjà abordé dans un film précédent du cinéaste douze hommes en colère. Le jury populaire est ici vu comme une garantie contre la corruption des institutions qui ne fait aucun doute au vu du comportement partial du juge alors que chez nous la volonté récente de l'étendre aux tribunaux correctionnels a été vue et surement à juste titre comme une dérive populiste. Chaque pays est définitivement marqué par son histoire, rendre justice est définitivement une affaire compliquée!
Au final, Frank Gavlin doit plaider, tous ses témoins ont vu leurs propos détruits par la partie adverse, il ne peut se reposer sur aucun élément du dossier, alors il fait le choix de plaider sur ce qu'est la justice, il place les jurés devant leur responsabilité, ne pas céder devant les puissants. Cela nous a rappelé Robert Badinter plaidant pour la défense de Patrick Henry, il n'avait aucun élément dans le dossier pour attenuer l'horreur du crime. Il fit le choix alors de plaider contre la peine de mort, de plaider pour son combat qui trouvait à ce moment là tout son sens !
Le verdict de Sydney Lumet vu au Champo est un très grand film !
Ca donne envie...
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