Ce sont peut être bien les films d'aventures qui ont donné aux enfants leurs plus beaux rôles. Nous pensons spontanément à L'ile au Trésor de Victor Fleming, film adapté du roman de Robert Louis Stevensson et au personnage de Jim Hawkins qui brave tous les dangers au coté du peu recommandable Long John Silver. Notre préférence va peut être au Moonfleet de Fritz Lang, film mal aimé par son auteur qui utilisa pour la première fois le format cinémascope, un film sur lequel il eut à subir les ordres des studios.
Il rencontra d'ailleurs peu de succès lors de sa sortie. Il ne dut sa reconnaissance que cinq plus tard au moment de sa sortie européenne grâce à la critique française et notamment à celle de Jean Douchet dans les cahiers du cinéma n°107, il trouvait enfin sa place dans l'histoire du cinéma.
Moonfleet, c'est l'histoire d'un gamin John Mohune envoyé par sa mère où moment où elle meurt vers le village de Moonfleet pour le confier à son amour de jeunesse Jamie Fox. Ce dernier est à la tête d'un groupe de contrebandiers peu scrupuleux qui n'ont aucun désir de s’embarrasser d'un gamin. La destinée de John Mohune ne semble pas avoir été placée en de bonnes mains, tant Jamie Fox est devenu un homme froid , cynique et intraitable ... mais John Mohune possède des informations qui doivent pouvoir aider à retrouver le mystérieux diamant d'un ancêtre lointain Barberousse...
Un vrai film de brigands, avec Stewart Granger, excellent, incarnant Jamie Fox , nous y retrouvons également l'incomparable George Sanders toujours parfait lorsqu'il s'agit d'incarner un méchant. C'est un film sombre où Fritz Lang aime à jouer avec les peurs, nous trainant par exemple en pleine nuit dans un cimetière... Pas vraiment un film de capes et d'épée, ni un film de pirates, ni film gothique, Moonfleet est en même temps un peu tout cela c'est ce qui en fait un film singulier. Une singularité qui ne pouvait pas plaire aux studios qui n'avaient pas su voir, étranger au concept d'auteur, que c'était tout simplement le film d'un cinéaste majeur...
Nous aimons toujours le revoir parce qu'il nous procure une certaine nostalgie, celle des mardis soirs quand la télévision se préoccupait de donner goût au cinéma aux jeunes gens avec la "cultissime"dernière séance d'Eddy Mitchell.
Jean Douchet dans sa critique pour les cahiers du cinéma écrivait alors ceci: "Qu'est ce que Moonfleet? Un regard lucide et terrible posé par Lang sur lui-même, qui nous découvre ses plus secrètes impulsions. Avec une sincérité sans complaisance, ce film peint la dégradation monstrueuse que l'homme fait subir à ce qu'il y a de plus profond en lui: la volonté de conquête. Se libérer de ses entraves, posséder le monde, est le but de tout homme. Mais, trop souvent, celui-ci ne désire cette domination que pour mieux jouir et profiter de ce monde, s'en faisant par là son esclave. Dés lors, tout, pour lui est obstacle qu'il lui faut briser. La présence de l'autre, parce qu'animée de cette même volonté de conquête, se révèle vite intolérable, la supprimer devient l'obsession majeure. Seules l'innocence ou la la sagesse, qui n'est que l'innocence reconquise par l'adulte, peuvent la satisfaire pleinement et rendre véritable la possession du monde."
Je crois ne l'avoir vu qu'une fois avec des copains quand j'étais ado. Je ne m'en souviens pas bien et vous me donnez envie de le revoir.
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