Revoir sur grand écran "Voyage au bout de l'enfer" se révèle une épreuve plus bouleversante que sa première découverte. Dés les premiers plans nous sommes étreints d'un malaise, d'une douleur , les scènes de joie du mariage dans la tradition russe deviennent terribles, insoutenables parce que nous connaissons le destin tragique des trois héros qui vont découvrir le bourbier vietnamien...
Après 1H10 avec une sublime transition d'une totale simplicité , nous basculons dans l'horreur de la guerre, dont nous ne verrons définitivement jamais les parties de roulette russe, un chemin qui mène vers l'enfer de Saigon dans des scènes absolument hallucinantes où la capitale vietnamienne n'est qu'une reproduction de Sodome et Gomorrhe. On ne peut pas se remettre d'un tel voyage, la jeunesse, les plaisirs de la vie sont définitivement confisqués. Steven revient totalement mutilé, Mick est brisé, il repart en vain à Saigon pour tenter de ramener Nick totalement détruit, déjà parti dans un autre monde.
Ce qui donne la force à ce film, c'est la perfection de sa mise en scène, notamment lors de la première partie, la soirée de mariage impressionnante. De bout en bout,une totale maitrise, cela reste absolument inégalable; le jeu des acteurs Robert de Niro, Christopher Walken, John Savage est extraordinaire de justesse, le drame, les turpitudes de l'esprit se découvrent travers un simple regard, c'est un film plutôt silencieux. Nous resterons à jamais hanté par le regard perdu de Christopher Walken dans les fins fonds de Saigon. Il convient à noter la présence de John Cazale, compagnon de Meryl Streep, qui participa au film malade c'est d'ailleurs pour être à ses cotés que l'actrice accepta un rôle secondaire où elle est absolument lumineuse, il mourut avant la fin du tournage mais toutes ses scènes purent être tournées par Cimino.
C'est à nos yeux le film le plus fort sur le drame du Vietnam, mais plus généralement sur la barbarie de la guerre !
Il est malheureux que Hollywood n'aime pas les cinéastes, car le génie de Michael Cimino aurait mérité un autre traitement...
Film vu à la filmothèque du quartier latin
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