Nous étions dubitatifs à l'idée de voir le texte "Blonde" de Joyce Carol Oates adapté au théâtre. Trop volumineux, trop dense, il nous semblait impossible de restituer toute la richesse de ce "monstre" littéraire sur les planches du théâtre, d'incarner Marylin sans la trahir.... John Arnold nous l'imaginons un peu fou pour se lancer dans un tel projet ,mais ne nous trompons pas le roman de Oates est avant tout pour le metteur en scène une source
d'inspiration, il ne cherche pas à nous en proposer une adaptation fidèle. Nous sommes ici dans un conte moderne où celle qui
semble promise à un destin de Cendrillon voit sa vie partir en vrille... Certes par moment nous avons eu comme l'impression d'assister à une lecture accélérée de l'ouvrage, d'entendre ici où là le bruit des ciseaux coupant le texte Mais broutilles, tant ce spectacle total nous a tenu en haleine durant trois heures. Surement servi par son passage chez Ariane Mouchkine, avec finalement peu de moyens, John Arnold nous plonge dans la vie de Norma Jeane, dévorée par Marylin, personnage fabriqué par les cyniques requins de Hollywood. Cela aurait pu être oppressant, mais les variations de ton, les traits d'humour permettent au spectateur de respirer et de ne pas plonger avec l’icône blonde...
Le spectacle s'ouvre sur la mort de l'actrice, étendue, recroquevillée, les officiels dissertent sur les causes de du décès: suicide, crime... Cette introduction terminée, le récit commence avec l'enfance tragique de Norma Jeane, le drame est déjà là!
Les acteurs sont tous formidables, obligés d'interpréter divers rôles pour donner vie aux multiples personnages, ils peuvent parfois donner une image caricaturale sans tomber pour autant dans le piège de l'imitation d' Arthur Miller, de Jo Di Maggio ou JFK. Mais loin d'être gênantes, ces caricatures renforcent le coté conte voulu par le metteur en scène. Il y a parfois du Tex Avery dans ce spectacle!
Marion Malenfant jeune actrice révèle un vrai talent, elle ne partage avec la star que la blondeur et la peau diaphane, mais sa non ressemblance n'est jamais un problème, par magie elle incarne Marylin à tous les âges avec une crédibilité incroyable, elle privilégie le coté enfant éternel de Norma Jeane au Sex Appeal de Marylin...
Nous avons aimé Norma Jean, victime de tous les maux de l'Amérique, mais finalement sauvée par les mots de Joyce Carol Oates qui lui rend enfin sa dignité de femme piétinée tout au long de sa vie par les hommes.
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