Nous aimons bien avoir nos pieds posés au sol, mais de tout temps certains n'ont eu de cesse de contrarier la loi universelle de gravitation théorisée par Isaac Newton. Parmi eux, les circassiens à qui les mêmes lois ne semblent pas s'appliquer c'est peut être là la raison de la fascination qu'ils peuvent engendrer.
Spectacle de cirque contemporain avec la compagnie Morosof ce soir au théâtre Jean Arp, un homme et une femme se découvrent sur un monolithe en bois, ils s'observent, se cherchent s'évitent avant de se retrouver dans un final absolument somptueux pour un enchainement de portées de haut vol. Le cirque a trouvé sa place au théâtre et il renvoie sans cesse aux figures du cinéma muet d'où se dégage à chaque fois une grande poésie, ils aiment à représenter ces êtres qui semblent toujours un peu décalés mais remplis d'humanité . Et résonnent en nous les vers de Charles Baudelaire et son admirable Albatros:
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
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