"Jusqu'à ce dernier voyage d'hiver, où triste homme, je venais saluer la diva despotique qui sortait de scène,c'est dans son petit appartement d'Orient que j'ai rendu visite à Mémé. Et l'accompagnant sous le pâle soleil de janvier à travers les tombes blanches, j'ignorais comment je vivrais sans elle. Si j'avais été une part de sa vie (et de sa joie), elle avait été, sans que j'eusse conscience alors, une part de la mienne. Je faisais mon miel de ses paroles, des gestes, de son regard si vite embué de larmes à la vue d'une plante mourante. Elle m'avait fièrement porté dans ses bras, exposé aux photographes, comme le bouquet de roses que reçoit l'actrice exténuée après sa triomphale représentation. Elle m'avait mouillée de baisers et, toutes ces années, j'étais resté comme une pierre froide, cachée sous sa mousse proliférante Je lui devais quelque chose.
Être né peut être, ou bien exister"
"Les valises" ,c'est 'histoire d'une grand-mère Mémé, née juive au début du XX éme siècle à Ruva-Ruskaia au fin fond de l'Ukraine, sa vie ne pouvait pas être banale. Rappelons nous "Les Disparus" de Daniel Mendelsohn qui retraçait l'histoire de sa famille dans ce même coin du monde, où nous apprenions qu'en terme d'antisémitisme l'ukrainien pouvait être pire que le polonais.
D'ailleurs c'est pour fuir les cosaques durant la première guerre mondiale que Mémé se retrouve Orpheline à Vienne où elle se rappelle avoir croisé l'empereur Franz Joseph... avant de terminer son voyage à Metz mariée avec deux enfants, et d'engager une partie de cache cache avec l'occupant nazi, et les autorités de Vichy.
Norbert Czarny n'en sait pas beaucoup plus sur cette grand-mère qui n'a jamais aimé la grande Histoire. Mémé elle a un sacré caractère, elle n'a rien à envier à celles qui "aiment la castagne" du Toulouse de Nougaro. Elle est colérique, elle se fâche régulièrement avec ses proches, elle houspille sans cesse son deuxième mari pépé, un personnage extraordinaire qui passe son temps dans les trains à parcourir l'Europe pour exercer sa passion du commerce. Le seul à qui elle peut tout pardonner, de qui elle peut tout accepter, c'est son petit fils Norbert, il lui devait bien un livre...
Mais ce livre dépasse le simple portrait d'une grand-mère, c'est aussi celui du Paris de l'après guerre, du quartier du Sentier où on croise des objets aujourd'hui disparus, les débuts de la télévision, répertoire nous rappelant celui établi plus tard par Annie Ernaux dans "Les années".
Nous sommes émus par ces gens modestes, travailleurs, ayant croisé la pire des barbaries, ayant eu l'intelligence d'élever leurs enfants en dehors de toute haine, pour en faire des humanistes... D'ailleurs un très bel épisode du livre est la scène où des fonctionnaires viennent faire une enquête à domicile pour satisfaire une demande de naturalisation du père de Norbert... Ils reçoivent une magistrale une leçon d'Histoire de France de la part du gamin un vrai bonheur...
Soyons honnête Norbert Czarny, professeur de français, critique à "la Quinzaine littéraire" notamment, nous le connaissons un petit peu. Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés par son talent de conteur qui nous a toujours séduit... la lecture de ce roman est un vrai moment de bonheur, on est étonné qu'il ne se soit pas remis à l'ouvrage, car nous savons qu'il ne nous a pas tout dit, nous connaissons par exemple sa passion du ballon rond totalement absent de ce premier roman, voila de quoi espérer une récidive romanesque.
Les Valises - Norbert Czarny Ed Lieu Commun (très difficile à trouver malheureusement)
Être né peut être, ou bien exister"
"Les valises" ,c'est 'histoire d'une grand-mère Mémé, née juive au début du XX éme siècle à Ruva-Ruskaia au fin fond de l'Ukraine, sa vie ne pouvait pas être banale. Rappelons nous "Les Disparus" de Daniel Mendelsohn qui retraçait l'histoire de sa famille dans ce même coin du monde, où nous apprenions qu'en terme d'antisémitisme l'ukrainien pouvait être pire que le polonais.
D'ailleurs c'est pour fuir les cosaques durant la première guerre mondiale que Mémé se retrouve Orpheline à Vienne où elle se rappelle avoir croisé l'empereur Franz Joseph... avant de terminer son voyage à Metz mariée avec deux enfants, et d'engager une partie de cache cache avec l'occupant nazi, et les autorités de Vichy.
Norbert Czarny n'en sait pas beaucoup plus sur cette grand-mère qui n'a jamais aimé la grande Histoire. Mémé elle a un sacré caractère, elle n'a rien à envier à celles qui "aiment la castagne" du Toulouse de Nougaro. Elle est colérique, elle se fâche régulièrement avec ses proches, elle houspille sans cesse son deuxième mari pépé, un personnage extraordinaire qui passe son temps dans les trains à parcourir l'Europe pour exercer sa passion du commerce. Le seul à qui elle peut tout pardonner, de qui elle peut tout accepter, c'est son petit fils Norbert, il lui devait bien un livre...
Mais ce livre dépasse le simple portrait d'une grand-mère, c'est aussi celui du Paris de l'après guerre, du quartier du Sentier où on croise des objets aujourd'hui disparus, les débuts de la télévision, répertoire nous rappelant celui établi plus tard par Annie Ernaux dans "Les années".
Nous sommes émus par ces gens modestes, travailleurs, ayant croisé la pire des barbaries, ayant eu l'intelligence d'élever leurs enfants en dehors de toute haine, pour en faire des humanistes... D'ailleurs un très bel épisode du livre est la scène où des fonctionnaires viennent faire une enquête à domicile pour satisfaire une demande de naturalisation du père de Norbert... Ils reçoivent une magistrale une leçon d'Histoire de France de la part du gamin un vrai bonheur...
Soyons honnête Norbert Czarny, professeur de français, critique à "la Quinzaine littéraire" notamment, nous le connaissons un petit peu. Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés par son talent de conteur qui nous a toujours séduit... la lecture de ce roman est un vrai moment de bonheur, on est étonné qu'il ne se soit pas remis à l'ouvrage, car nous savons qu'il ne nous a pas tout dit, nous connaissons par exemple sa passion du ballon rond totalement absent de ce premier roman, voila de quoi espérer une récidive romanesque.
Les Valises - Norbert Czarny Ed Lieu Commun (très difficile à trouver malheureusement)
Norbert Czarny, je ne connais pas mais votre façon de raconter donne envie de creuser. Paris de l'après-guerre, quartier du sentier où j'ai vécu pendant 5 ans : tout cela m'intrigue. Merci à vous pour ces belles découvertes.
RépondreSupprimerNous sommes à une saison de rentrée littéraire où des livres apparaissent pendant que d'autres disparaissent, certains ne sont plus que dans les rayons des bouquinistes ou des sites de livres rares... nous avons voulu nous arrêter sur un de ces livres !
RépondreSupprimerAlors pas évident de le trouver