En montant Père d'August Strindberg, Arnaud Desplechin a fait un choix cohérent propre aux thématiques développées dans ses films où le chaos familial est un thème récurrent et central .
Histoire du déchirement d'un couple autour de leur fille unique en désaccord total sur l'éducation à lui donner. Scientifique, libre penseur, le capitaine veut que sa fille ait une éducation loin des hommes d'Eglise... Il veut imposer son choix et pour cela il invoque le droit qui lui donne à lui seul, le père la responsabilité de choisir l'éducation à donner à sa fille.
Une situation insupportable pour la mère, Laura et c'est peut être là, sa première raison de se dresser contre son époux, faire reconnaitre son intelligence son droit à participer aux décisions du foyer... Elle s'engage dans une guerre totale avec son mari où tous les coups bas sont permis allant jusqu'à faire douter son époux sur sa paternité , un seul but le faire glisser vers la folie pour le mettre sous tutelle et obtenir ainsi indépendance et autorité.
Cette pièce a été écrite très rapidement par August Strindberg alors que son mariage avec Siri Von Essen arrivait à bout de souffle après bien des crises terribles. C'est une pièce pleine de fureur, une tragédie, tant tout semble inexorable.
Arnaud Desplechin a fait le choix de la sobriété, dans un décor épuré une grand pièce avec une bibliothèque imposante, une lumière douce, jamais d'hystérie dans le jeux de Michel Vuillermoz et Anne Kessler, les mots suffisent ils prennent toute leur puissance, c'est encore plus terrible. Le metteur en scène affirme que ces deux là se sont follement aimé pour arriver à une telle haine et c'est cette ambiguïté que les deux acteurs époustouflant nous font sentir. Laura semble toujours avoir un coup d'avance, elle a mis toutes les femmes de la maisonnée de son coté même la vieille nourrice du maitre de la maison qui ne voit pas ce qui se trame contre celui qu'elle a vu grandir. Dans un geste terrible et magnifique c'est elle qui lui passe la camisole de force quand poussé à bout de nerf par son épouse, il sombre dans la folie. Le berçant presque, la vieille femme retrouve ses gestes de nourrice protectrice...
Poussé par son ami Eric Ruff,administrateur de la comédie française Arnaud Desplechin dont il était facile de deviner une passion dans le théâtre clairement exprime dans son magnifique film Esther Kahn réussit un coup de maitre sur une des scènes les plus prestigieuses, la salle richelieu de la comédie française.
Un très grand moment de théâtre !
Je vais voir cette pièce le 2 janvier !
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