dimanche 6 septembre 2015

Scum - Alan Clarke

Carlin et deux autres gamins débarquent dans un Borstal, un centre de détention pour mineurs... Ils sont impressionnés , ils ont raison, ce centre est l'enfer pour les gamins, c'est la loi du plus fort qui l'emporte, les gardiens sont de véritables tortionnaires... Carlin arrive avec une sacrée réputation, il vient d'un autre centre dont il a été renvoyé après avoir passé à tabac un gardien... Ses nouveaux geôliers lui réserve une réception sans pitié, il n'a pas le choix, pour survivre, il doit s'imposer, prendre la place du caïd qui bénéficie d'une certaine bienveillance de la part de l'administration pénitentiaire...
Borstal est au départ le nom d'un village où fut créé le premier centre pénitentiaire pour mineurs; de là, vient l'origine du nom donné à ces centres. Alan Clarke nous l'avions découvert à travers Elephant, le chef d’œuvre de Gus Vant Sant inspiré par un film éponyme du cinéaste anglais... Nous avions alors été époustouflés par la radicalité de son film  ... Nous  retrouvons ici la même force, Alan Clarke filme parfaitement l'absence totale d'humanité dans ce centre où aucun avenir n'est proposé à ses pensionnaires... Le lieu répond parfaitement à cette croyance populaire selon lequel le meilleur remède à des gamins délinquants est le bagne. C'est évidemment un échec total. Les plus faibles ont pour seule issue le suicide.Un cas à part, "l'intellectuel du groupe" a trouvé refuge dans la contestation, devenant végétarien et réclamant sans cesse à pouvoir lire des romans de Dostoïevski considérés comme trop pernicieux par l'administration pénitentiaire, il est un vrai problème pour les gardiens à qui il renvoie une image peu flatteuse de leur métier, révélant l'absurdité de ce lieu... La seule chose partagée entre les gamins blancs et leurs gardiens est un racisme pathétique à l'encontre des prisonniers noirs...
Carlin s'est retrouvé emprisonné pour un vol de trente shillings qu'il n'a pas commis mais il s'est refusé à livrer le vrai coupable,son frère... nous comprenons sa violence,son sentiment de révolte qui nous rappelle  Jean Genet et  la lecture récente de l'enfant criminel...
Ce film est déjà  un objet cinématographique remarquable, il vient aussi nous rappeler que la méthode forte comme  système d'éducation est d'une inanité rare, il ne peut y avoir d'éducation sans humanité... Nous préférerons la patience  et la main tendue du juge pour enfant incarné par Catherine Deneuve dans la tête haute d’Emmanuelle Bercot à la bestialité de ces hommes qui n'ont rien à offrir à ces gamins perdus...

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