lundi 27 juin 2011

Le Roi des aulnes - Goethe

Parce qu'il en est question dans notre lecture du moment, nous avons voulu nous plonger dans le "Roi des aulnes" de Goethe, poème écrit en 1782 devenu un classique de la littérature allemande. Mais c'est aussi une manière de rendre un dernier hommage à Jorge Semprun, lui qui fut prisonnier au camp de concentration de Buchenwald où se trouve le vieux chêne mythique où selon la légende, Goethe venait méditer.

Poème envoutant dont le dernier vers terrible tombe comme un couperet, nous laissons à la lecture ce bijou de la littérature allemande dans une adaptation de Charles Nodier. L'erklönig (ou Roi des aulnes) est une créature maléfique présente dans les bois qui entraine les voyageurs vers leur mort...

Le Roi des Aulnes

Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent ?
C'est le père avec son enfant ;
Il serre le petit garçon dans son bras,
Il le serre bien , il lui tient chaud.

« Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage ?
— Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne ?
— Mon fils, c'est un banc de brouillard.

— Cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de très beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mère possède de nombreux habits d'or.

— Mon père, mon père, et n'entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse ?
— Sois calme, reste calme, mon enfant !
C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.

— Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ?
Mes filles s'occuperont bien de toi
Mes filles mèneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses.

— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ?
— Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.

— Je t'aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force.
— Mon père, mon père, maintenant il m'empoigne !
Le Roi des Aulnes m'a fait mal ! »

Le père frissonne d'horreur, il galope à vive allure,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant,
Il arrive à grand-peine à son port ;
Dans ses bras l'enfant était mort.

Johan Wofgang Von Goethe

2 commentaires:

  1. Noir, flippant, beau. De Goethe je n'ai lu que les Souffrances du jeune Werther et j'avoue qu'à l'époque cette lecture m'avait vraiment marquée.

    RépondreSupprimer
  2. Les affinités électives sont aussi très très bien

    RépondreSupprimer

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...