Pour son premier roman, Elisabeth Fillhol décrit avec âpreté et précision le travail des intérimaires chargés de nettoyer les centrales nucléaires en se mettant dans la peau d'un des ouvriers. Ouvriers qui se déplacent de centrale en centrale, vivant dans des mobile-homes. Ils partent au boulot comme autrefois on montait au front: "Ce que chacun vient vendre, c'est çà, vingt millisieverts, la dose maximale d'irradiation autorisée sur douze mois glissants" et un plus loin "Effectivement, c'est dangereux, mais il faut bien le faire, et quand on accepte ce genre de contrat, des missions on en trouve partout".
Certains craquent et désertent comme Bernard, pourtant un gars solide qui tétanisé ne peut plus descendre dans le sarcophage en béton. "Comme en première ligne à la sortie des tranchées, celui qui tombe est remplacé irrémédiablement".
Une solidarité s'installe entre ces frères d'armes qui partagent le danger et la promiscuité des campings désertés par les vacanciers. Mais si vous avez atteint votre dose, vous devez quitter la troupe et votre statut d'intérimaire ne vous offre pas une grande protection sociale alors que la contamination est irréversible: "on pourra marcher autant qu'on veut, respirer à pleins poumons, ça ne se nettoie pas."
Si Elisabeth Filhol connait par sa formation universitaire et son expérience professionnelle le monde industriel, l'industrie nucléaire lui est totalement étrangère et pourtant elle en décrit le fonctionnement avec la plus grande minutie. La littérature semblait avoir abandonné au cinéma (ressources humaines de Laurent Cantet) ou au documentaire le sujet de la souffrance au travail, Elisabeth Filhol s'en empare et écrit un livre qui commence par le récit de trois suicides d'ouvriers qui n'est pas sans rappeler la situation de France Telecom et qui vous plonge dans le désastre social provoqué par le cynisme de nos plus grands industriels. Rien n'a vraiment changé depuis la fin du XIX° et les grands romans sociaux de Zola!
La centrale - Elisabeth FILHOL (P.O.L)
Photo Michael Kenna
Certains craquent et désertent comme Bernard, pourtant un gars solide qui tétanisé ne peut plus descendre dans le sarcophage en béton. "Comme en première ligne à la sortie des tranchées, celui qui tombe est remplacé irrémédiablement".
Une solidarité s'installe entre ces frères d'armes qui partagent le danger et la promiscuité des campings désertés par les vacanciers. Mais si vous avez atteint votre dose, vous devez quitter la troupe et votre statut d'intérimaire ne vous offre pas une grande protection sociale alors que la contamination est irréversible: "on pourra marcher autant qu'on veut, respirer à pleins poumons, ça ne se nettoie pas."
Si Elisabeth Filhol connait par sa formation universitaire et son expérience professionnelle le monde industriel, l'industrie nucléaire lui est totalement étrangère et pourtant elle en décrit le fonctionnement avec la plus grande minutie. La littérature semblait avoir abandonné au cinéma (ressources humaines de Laurent Cantet) ou au documentaire le sujet de la souffrance au travail, Elisabeth Filhol s'en empare et écrit un livre qui commence par le récit de trois suicides d'ouvriers qui n'est pas sans rappeler la situation de France Telecom et qui vous plonge dans le désastre social provoqué par le cynisme de nos plus grands industriels. Rien n'a vraiment changé depuis la fin du XIX° et les grands romans sociaux de Zola!
La centrale - Elisabeth FILHOL (P.O.L)
Photo Michael Kenna
Un des livres les plus forts que j'ai pu lire cette année. Une écriture remarquable pour un sujet brulant et difficile. La colère froide qui sourd derrière chaque phrase m'a beaucoup impressionnée.
RépondreSupprimerPour plus d'infos sur le sujet, je vous invite à lire "Je suis décontamineur dans le nucléaire" un récit autobiographique authentique sur les travailleurs du nucléaire, écrit par l'un d'entre eux qui exerce depuis trente ans le métier mythique de décontamineur. Un témoignage incontournable dans ce milieu et pour l'Histoire. Plus que des secrets, une révélation. Un hommage aux héros de notre électricité journalière. Une vérité jamais égalée, un voyage extraordinaire au coeur de l'atome...
RépondreSupprimerVisitez le site dédié : ledecontamineur.com