Ils sont jeunes, bons élèves, venant généralement de milieux privilégiés (notre ascenseur social ayant quelques signes de défaillances), ils ne connaissent finalement pas grand chose de la vie... Ils sont nos internes de médecine et quand ils débarquent pour leur prendre leur fonction à l'hôpital et se retrouvent face à leur premier patient, leurs certitudes s'écroulent ,les mains deviennent moites et tremblantes. Le chemin à parcourir est difficile.
A coté d'eux, les médecins étrangers Faisant Fonction d'Interne, appelés F.F.I, et disons le, ils font honneur à leur sigle. Ils ont fait médecine dans leurs pays d'origine mais leur diplôme n'est pas reconnu ici. Alors ils bossent comme interne et espèrent obtenir un jour une équivalence, ils font des horaires de fous, assurent les gardes et quand il y a un souci ils font de magnifiques fusibles. Mal payés, ils sont les exploités de l’hôpital public.
C'est cette histoire que nous raconte Thomas Lilti, à travers le regard de Benjamin un jeune étudiant qui a la mauvaise idée de faire son premier stage dans le service de son papa, professeur de médecine. Il y découvre la souffrance, la vieille dame en fin de vie, le sans domicile Fixe, il se sent rapidement démuni pour apporter des réponses à ses êtres humains en souffrance. A coté de lui, Abdel un F.F.I algérien qui en sait un peu plus que lui sur la vie, lui apporte son aide, même si la collaboration du fait de leur statut différent n'est pas facile à ses débuts.
Il se prend la souffrance en pleine gueule,heureusement il peut retrouver ses camarades dans un endroit réservé aux internes,où les fêtes se multiplient, les murs sont couverts de graffitis grivois où on se moquent des malades, en cherchant un peu on devrait même pouvoir y trouver un mur des cons. Une soupape nécessaire et indispensable pour évacuer la pression du quotidien.
Une patiente en fin de vie fait un arrêt cardiaque,elle est réanimée d'urgence, mais Benjamin avec le soutien d'Abdel met fin à sa vie avec le consentement de sa famille. Ce choix humain les entraine en conseil de discipline. Le fils du patron est épargné mais pas Abdel victime d'un racisme malheureusement devenu ordinaire. La révolte gronde...
La littérature contemporaine avait son médecin avec Martin Winkler, le cinéma s'est trouvé le sien avec Thomas Lilti qui exerce également en tant que médecin. Il connait sans doute le sujet sur le bout des doigts, mais son film n'est pas qu'un simple film social et militant. C'est d'ailleurs la qualité de son écriture cinématographique qui permet à cette fiction de trouver son rythme, de créer un vrai suspens, tout en décrivant une réalité terrible sur la difficulté d'exercer une médecine humaine dans des hopitaux tenus par des gestionnaires rigides. Médecin ce n'est pas un métier c'est plus que cela, sans vocation difficile de tenir... Tous les interprètes Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt... y sont formidables
Hippocrate est un grand film politique parce qu'il nous parle de notre cité dans ce qu'elle a de plus intime !
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