En découvrant cette nouvelle création de la compagnie Les Sans Cou nous nous sommes rappelés la lecture du roman de Sorj Chalandon, le quatrième mur qui, s'il ne nous avait pas emballé nous avait rappelé que dans les moments les plus tragiques certains trouvent la force et l'espoir dans le théâtre. Ainsi à Beyrouth des personnages venus des différentes communautés en guerre civile franchissaient tous les obstacles pour monter Antigone de Jean Anouilh...
Notre crâne comme accessoire est lui une adaptation libre du Théâtre ambulant Chopalovitch de Liboumir Simovitch, histoire d'une troupe de théâtre qui débarque dans une ville de Serbie sous occupation nazie pour jouer Les brigands de Schiller...
Ici par pas de lieu ou d'époque identifiés et c'est les trois petits cochons que les comédiens ont décidé de jouer... mais il reste difficile de faire admettre à la population soumise à la terreur l'urgence de ce spectacle....La troupe se retrouve confrontée à un militaire violent qui se rêve acteur, à un couple perdu qui loge dans le théâtre et dont l'enfant vient d'être arrêté pour des faits de résistance; leur logeuse opposante à la tyrannie et un bourreau sanguinaire dont les crimes odieux commencent à lui chambouler le cerveau perturbent aussi nos comédiens ... Jouer dans ces conditions relèvent de l'utopie !
C'est truculent, conforme à la citation de Shakespeare citée en exergue "le monde est un grand théâtre où chacun doit jouer son rôle". C'est aussi terrible et parfois même tragiquement drôle, le spectateur est embarqué dans cette mise en abime et obligé de s'interroger sur le monde. C'est un spectacle total. Musique, danse (magnifiques passages) et textes se mêlent sans jamais nous perdre. Sa constante ironie évite de nous laisser sombrer dans le grandiloquent indigeste ...
C'est le troisième spectacle que nous avons l'occasion de découvrir de cette compagnie qui ne cesse de nous étonner, ils amènent un vent de fraicheur, une énergie nouvelle, une envie d'utopie, nous ressortons à chaque fois bouleversés mais portés dans le même temps par un désir d'humanité. C'est un magnifique moment de théâtre et une merveilleuse déclaration d'amour à cet art !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire