Il ne faut pas vraiment s’étonner de voir dans Domicile conjugal Antoine Doisnel téléphoner à Jean Eustache pour lui annoncer la naissance de son fils. Ils appartiennent à la même famille !
Après "La maman et la putain" , Jean Eustache signe un film à la veine autobiographique revenant sur son enfance.
Histoire d'un gamin Daniel, élevé par sa grand mère à la campagne où il aime partir dans les champs jouer avec ces camarades après l'école. Une fois le certificat d'études en poche, sa mère, interprétée par une Ingrid Caven parfois inquiétante, souhaite le récupérer. Le gamin rejoint Narbonne où il ne connait personne, pour vivre avec elle et son nouveau compagnon, un réfugié espagnol un rien taiseux. Les désillusions commencent quand il découvre que sa mère ne souhaite pas qu'il continue ses études malgré ses résultats brillants et sa soif de connaissance. Il est finalement placé comme apprenti chez un garagiste... sa seule joie dans cette ville est son cinéma qui lui permet de découvrir les grands films américains.Il arrive toutefois à se faire des amitiés et à intégrer une bande de garçons où chacun cherche son amoureuse pour pouvoir se vanter de ses exploits... L'été est de retour, le gamin fonde l'espoir de retrouver sa grand mère, ses vieux copains et les jolies filles...
Truffaldien par son thème, une mère vacharde, le cinéma comme refuge, ce film par son naturalisme nous a surtout fait penser au cinéma de Maurice Pialat qui fait d'ailleurs une apparition remarquée et notamment à son merveilleux feuilleton la maison des bois... La présence de l'émouvante Jacqueline Dufranne interprète principale de la saga de Maurice Pialat ici dans le rôle de la grand mère ne fait que renforcer cette impression.
La parole était omniprésente dans "la maman et la putain", elle se fait plus rare ici où le geste, le regard suffisent à exprimer les sentiments, une économie qui fait référence au cinéma de Robert Bresson.
Les projections des films de Jean Eustache sont rares, chaque fois pourtant elles attirent les spectateurs de toutes les générations, la salle était comble... la réputation du cinéaste est immense, mais en rien galvaudée, "Mes petites amoureuses" est un film remarquable.
Vu à la filmothèque du Quartier Latin!