dimanche 31 mai 2015

Abbey Lincoln - Abbey sings Abbey

Pour célébrer en ce jour de fête toutes les mères nous avons décidé de ressortir un album d'une artiste rare disparue en 2010 Abbey Lincoln. Sublime chanteuse de Jazz, engagée dans le combat civique, elle signait en 1960, accompagnée par son mari le batteur Max Roach, un album de combat "We insist! Freedom Now!".

Nous avons choisi , Abbey Sings Abbey un album de 2007, beau et bouleversant qui résume tout le talent de celle qui se définissait comme une artiste noire.

Abbey sings Abbey de Abbey Lincoln est notre album de la semaine !




Récit d'un propriétaire - Yasujiro Ozu (1947)


Tokyo 1947, un pays en plein désastre, dans un petit quartier qui a su reconstruire un semblant de vie, un de ses habitants revient un soir avec un gamin trouvé seul sur le bord de la route... Personne ne souhaite le garder alors les habitants participent  à un tirage au sort truqué par son organisateur, c'est une veuve acariâtre qui doit recueillir le gamin . Ce dernier fait pipi au lit lors de sa première nuit passée chez la vieille dame ce qui n'arrange pas leurs relations. Elle cherche à se débarrasser de l'enfant le ramenant sur les lieux où il vivait avec son père.
Mais impossible de semer le gamin qui ne perd jamais de vue la vieille dame. Cette dernière revêche finit par s'attacher à l'enfant organisant sa rentrée scolaire... Le père fait sa réapparition, le gamin repart avec lui laissant la vieille dame dans une tristesse infinie.
La famille est la thématique centrale des films de Yasujiro Ozu, il filme ici avec grande pudeur un Japon dévasté par la guerre où les cellules familiales sont victimes du chaos général. Un film humaniste, sur un Japon où la famille traditionnelle est en déclin et qui va se trouver contrariée par une ère d'occidentalisation accélérée par l'occupation américaine. Mais ce changement ne génère aucune aigreur chez le cinéaste nippon, qui espère la reconstruction d'un pays autour de valeurs humanistes et pacifistes, il filme avec une douce mélancolie un monde qui disparait .
Récit d'un propriétaire est un chef d’œuvre, d'un de nos plus grands cinéastes au style singulier où la caméra reste toujours au niveau du sol . 

Vu dans le cadre du ciné-club de Claude Jean-Philippe.

samedi 30 mai 2015

L'ombre des femmes - Philippe Garrel

Pierre et Manon vivent ensemble, travaillent ensemble.Un métier de documentariste qui leur permet tout juste de subvenir à leurs besoins en complétant par des petits boulots. Ils vivent dans la dèche mais ils semble avoir trouver un équilibre , leur dernier projet : recueillir le témoignage d'un résistant...
Tout bascule au hasard d'une rencontre où Pierre s'engage dans un amour adultérin. Cette relation  le rend plus distant avec Manon qui trouve à son tour refuge dans les bras d'un homme. Lorsque Pierre apprend que sa femme le trompe, il lui fait une scène, Manon met fin immédiatement à cette relation mais cela ne calme pas Pierre qui révèle une aigreur phallocrate à laquelle le couple ne peut résister...
Sublime noir et blanc, Philippe Garrel enchante avec ce nouveau film dans le prolongement de son précédent La jalousie où nous retrouvons la musique de Jean-Louis Aubert. Après le dernier film foisonnant de Arnaud Desplechin, nous avons plongé avec le même plaisir dans le style plus épuré de Garrel où Louis son fils est venu dire la voix off. Le cinéaste nous rappelle combien il est difficile de bien s'aimer surtout quand on vit avec de bouts de chandelles comme c'était déjà le cas dans la jalousie. Si Stanislas Merhar que nous avions déjà vu dans la folie Almayer de Chantal Akerman est parfait, c'est Clotilde Coureau et son sourire triste qui nous captive durant tout le film... Superbe !

mercredi 27 mai 2015

Un an aprés - Anne Wiazemski

"Un an après" c'est la suite du précédent roman  de Anne Wiazemski, Une année studieuse, la petite fille de François Mauriac y racontait sa rencontre avec Jean-Luc Godard. Nous sommes en 1968. Mariés, ils se sont installés rue Saint Jacques dans le quartier latin, ils sont aux premières loges pour suivre les événements  de mai.
Elle tourne La bande à Bonnot de Philipe Fourastié avec notamment Bruno Cremer qui se révèle vite désagréable, un ricaneur méprisant. Elle joue également avec Jacques Brel, Jean-Pierre Kalfon et Annie Girardot.
Elle aime retrouver son ami Michel Cournot qui vient de terminer  son film Les Gauloises bleues qui doit être présenté au festival de Cannes, elle lui promet la palme d'or après avoir assisté à une projection. Elle fréquente régulièrement un couple "Rosier et Bambam" (Michele Rozier et Jean-Pierre Bamberger) qui ont une fabrique de vêtements  les V de V. Les deux couples se retrouvent régulièrement et parfois ils croisent Gilles Deleuze professeur à l'université de Lyon. 

Elle va suivre avec sympathie le mouvement étudiant, le tournage de son film s’arrête mais elle garde toujours une certaine distance trouvant même l'occasion de s'offrir un temps de  repos dans la demeure du couple Lazareff . Jean-Luc Godard lui est totalement exalté par ces événements, il voit le grand soir arrivé... Il n'a qu'une hâte rencontrer des étudiants, il en ramène un régulièrement au domicile Jean-Jock ce qui a le don d'agacer la jeune femme.
Une descente est organisée à Cannes pour mettre fin au festival, Godard snobe rapidement les rencontres organisées entre cinéastes et se détourne des états généraux du cinéma, préférant aider Chris Marker à réaliser des petits films. Il rejoint les maoïstes délaissant le milieu du cinéma, pour se lancer dans des projets utopiques. C'est peut être le cinéma de Godard la plus grande victime des événements du mois de mai.

Dans une très belle scène où le couple est venu découvrir le premier film, Marie pour mémoire d'un jeune cinéaste,  Philippe Garrel projeté clandestinement, nous assistons à une "transmission de flambeau":


Les images en noir et blanc étaient très belles, c'étaient celles d'un poète, d'un cinéaste inspiré avec qui il allait désormais falloir compter.
Quand la lumière se ralluma, nous étions si émus que personne ne put se décider à parler, à féliciter l'auteur. Jean-Luc semblait le plus bouleversé. Philippe Garrel attendait nos réactions avec calme. Plus tard, j'appris pour lui l'importance de la présence de Godard: il était à l'origine de sa vocation d'artiste, son approbation ou ses critiques orienteraient la suite de sa vie.
Il y avait beaucoup de dignité dans son attente silencieuse et sa personne, comme son film, intimidait. Jean-Luc semblait chercher les mots qui traduiraient au plus juste de sa pensée et quand il se décida ce fut dans une sorte de murmure: "
Il y a Garrel maintenant , je n'ai plus à faire de films." dit-il"

Le mois de mai se termine, Jean-Luc Godard doit aller filmer les Rolling Stones à Londres, Anne Wiazemski a de nouveaux projets . Le couple poursuit sa route cahin-caha mais la légèreté des premiers mois a disparu...

Après Jeune Fille où elle racontait sa découverte du cinéma à travers le tournage du film de Robert Bresson qui l'avait choisie comme actrice et une année studieuse où elle nous parlait de sa rencontre avec Jean-Luc Godard, elle nous livre ici un troisième volet de ses années cinéma celui de l'année 1968... Elle était alors une jeune fille pas très politisée ce qui devait horrifier alors un grand nombre de personnes de son entourage, mais elle fut une spectatrice avisée ... Elle a le don de nous livrer ses souvenirs, et nous avons plaisir à les lire car plus qu'un témoignage, c'est de littérature qu'il s'agit où à travers les mots elle retrouve la candeur de la jeune fille qu'elle était... Nous aimons lire Anne Wiazemski.

lundi 25 mai 2015

Diabolo Menthe - Diane Kurys

Chronique  familiale autour  de deux sœurs, Anne et Frédérique élevées par leur mère divorcée pendant l'année scolaire 1963,  Diabolo Menthe dessine un portrait de la France des trente glorieuses qui vient d'en finir avec la Guerre d'Algérie . L'école d'alors n'est pas mixte et les jeunes filles n'ont pas le droit d'avoir la même éducation que les garçons. Une époque où les enfants de divorcés sont rares, et sont en quelques sorte des parias... Anne et Frédérique souffrent de vivre dans cette société corsetée à subir des enseignantes sauf rares exceptions à l'esprit étroit... Elles rêvent d'amour, de liberté, c'est le portrait de la jeunesse d'avant mai 68 qu'il est amusant de rapprocher de celle filmée par Olivier Assayas dans Après mai...
Ce premier film de Diane Kurys nous avons toujours plaisir à le revoir, il est porté par la présence d'actrices formidables  Eléonore Klarwein et Elodie Michel pour les deux jeunes adolescentes et Anouk Ferjac qui joue leur mère. C'est un film qui permet de mieux comprendre cette France des années 60, et l’incompréhension qui s'installe entre les générations... Les jeunes filles ne rêvent que de vivre librement et de profiter avec insouciance de leurs jeunes années créant une forme d'incompréhension avec leurs parents, ici leur mère qui s’inquiète de leur avenir et cherche à les prévenir des dangers du monde ...

Nous aimons aussi revoir Diabolo menthe pour entendre la ritournelle d'Yves Simon ...

Dans tes classeurs de lycée
Y a tes rêves et tes secrets
Tous ces mots que tu n'dis jamais
Des mots d'amour et de tendresse
Des mots de femme
Que tu caches et qu'on condamne
Que tu caches petite Anne......

Film vu dans le cadre du ciné club de Potzina consacré ce mois ci au thème de la famille

dimanche 24 mai 2015

Les 400 coups - François Truffaut

Chaque fois qu'un cinéma projette le premier long métrage de François Truffaut, nous essayons d'être présents. Nous ne pouvions donc pas rater cette séance du ciné club de Claude-Jean Philippe qui nous donnait l'occasion de revoir ce chef d’œuvre dans les conditions optimales de la grande salle du cinéma l'Arlequin.
Nous ne reviendrons pas sur ce merveilleux film que nous avions commenté ici... Nous avions juste oublié la présence de Jacques Demy qui a un petit rôle, assurément de composition, car nous n'avons du mal à imaginer le cinéaste Des demoiselles de Rochefort avoir eu une vocation pour être policier. Il est ici présent quelques instants, mitraillette en main pour accompagner au tribunal, Doisnel et les "autres malfrats" ramassés durant la nuit ....
Nous avons revu ce film avec la même passion, toujours éblouis et tourmentés par ce dernier plan qui fige le regard d'Antoine Doisnel. Nous avons tout aimé sauf l'absence exceptionnelle de Claude Jean Philippe que nous espérons de retour la semaine prochaine en pleine forme pour présenter le récit d'un propriétaire de Yasujiro Ozu

Patti Smith - Horses (1975)

Nous avons toujours aimé Horses de Patti Smith, puis un jour nous avons lu Just Kids qui en raconte toute la genèse et nous avons encore plus aimé Horses .... Un album qui n'est jamais loin de nous et il est à nouveau notre album de la semaine !



samedi 23 mai 2015

Trois souvenirs de ma jeunesse - Arnaud Desplechin

Paul Dedalus est de retour en France après une absence de dix ans passés dans les anciennes Républiques Soviétiques d'Asie et en Iran pour mener son travail d'anthropologue... Après un passage de frontière délicat pour un problème de double identité, il prend un emploi au ministère des affaires étrangères, il est seul dans la capitale, il doit se rendre à la DGSE pour être interrogé au sujet de son passeport... Des événements qui l’amènent à se retourner sur trois souvenirs de sa jeunesse ...
Paul Dedalus enfant s'oppose à sa mère, armé d'un couteau il lui interdit l'accès à l' étage partagé avec sa sœur et son frère  alors que le père est absent. Il finit par quitter le domicile familial pour aller vivre chez une grande tante. Sa mère se suicide quelque temps plus tard.
Nous retrouvons Paul Dedalus adolescent, il doit faire un voyage scolaire à Minsk. C'est l'occasion pour son meilleur ami, juif  de transmettre une enveloppe d'argent à des membres de la communauté juive de Minsk pris au piège en URSS et qui espèrent rejoindre Israël. Paul Dedalus aide son ami et l'accompagne, il abandonne même son passeport pour permettre au jeune homme de la famille de partir...
Enfin c'est la figure d'Esther,  jeune fille irrésistible  qui faisait tourner la tête de tous les garçons de Roubaix qui revient à la mémoire de Paul. Il se souvient de cette première fois... De retour de Paris où il étudiait l’anthropologie , il aborda la jeune fille... Le début d'une relation amoureuse chaotique et passionnée... Esther, il l'aime, il la trompe elle le trompe, ils s'écrivent, ils franchissent ensemble les années qui vont les mener vers l'âge adulte...

Paul Dedalus nous l'avions découvert dans Comment je me suis disputé ma vie sexuelle... et il est fort à parier que le cinéaste ne se doutait pas alors de l'importance qu'il allait prendre dans sa filmographie. Un personnage à qui l'acteur Mathieu Amalric révélé par ce rôle a donné toute son épaisseur. Paul Dedalus nous le retrouvions jeune adolescent , dans Un conte de Noel . Personnage récurent des films de Arnaud Desplechin, il ne forme pas pour autant un individu cohérent, l'histoire est chaque fois différente mais pour autant il y a une forte proximité entre tous ces homonymes. Il nous semble être le double romanesque du cinéaste qui à partir des expériences de sa propre vie  a cette capacité rare à créer du romanesque, de vivre un même événement en  multipliant les fictions bien loin de l'autobiographie. Ce film est en quelque sorte son temps retrouvé, celui qui nous éclaire sur ses précédents films: La vie des morts, Comment je me suis disputé..., Un conte de noël. C'est une variation autour du même thème et notamment de celui de la famille qui est au cœur du cinéma de Arnaud Desplechin.
Par l'utilisation de la voix off, il est facile de le situer  dans la la lignée de François Truffaut un héritage qu'il revendique mais il nous semble aller plus loin que l'auteur de la série des Doisnel dans la construction de ses films jamais linéaires mais où il ne nous perd jamais.
Paul Dedalus a toujours une bande qui vit autour de lui, mais il reste  seul, il trace sa route et affronte les difficultés , refusant le renoncement aussi bien dans ses études que pour ses amours... Un courage qui ne l'abandonne jamais qui lui permet de faire face à sa mère , aux prétendants d'Esther... Il reste le centre de sa famille malgré son départ vers la capitale, il est celui vers qui tous les regards convergent . Rien ne l'arrête, pas même l'absence d'argent qui le contraint à tous les culots pour arriver à se loger ou convaincre le professeur qu'il s'est choisi pour maître de l'accepter comme élève . Sa volonté lui permet de devenir anthropologue assurément c'est la même force qui a porté le cinéaste à s'accomplir.

C'est un film impressionnant, captivant .Arnaud Desplechin est un virtuose du récit mais il n'est jamais dans l’esbroufe, il est assurément le cinéaste le plus romanesque de sa génération, il a aussi cette capacité rare à mettre en lumière tout le talent de ses acteurs. 
Emmanuelle Devos était une fabuleuse Esther du Comment je me suis disputé ma vie sexuelle, et nous sommes presque à pleurer que le cinéaste ne lui ai pas trouvé une place dans ce nouveau film mais  Lou Roy Collinet est tout aussi remarquable... La jeune fille nous semble ici incarner un personnage plus complexe évoluant au fil de l'histoire, parce que peut être plus que Esther elle est  la réunion des trois personnages féminins de Comment je me suis disputé incarné alors outre Emmanuelle Devos par Jeanne Balibar et Marianne Denicourt.
Quentin Dolmaire est tout aussi extraordinaire dans son incarnation de Paul Dedalus, par son charisme sa force ,sa voix si particulière il est  un héros en quête d'absolu qui ne vous lâche plus ..
Nous avons vu et déjà revu Trois souvenirs de ma jeunesse de Arnaud Desplechin, et nous en voyons pas comment il pourrait exister un film plus beau, plus grand en cette année.


Ce film se situe totalement dans le thème du ciné club de Potzina consacré ce mois à la famille !

dimanche 17 mai 2015

L'homme qui en savait trop - Alfred Hitchcock

Ce film tourné en 1954 est le remake d'un film de la période anglaise du cinéaste. Tourné dans les années 30, ce fut alors le  succès public important du cinéaste, un retentissement qui a surement joué en sa faveur à Hollywood qui découvrait alors toute l'étendue de son talent.
Histoire classique chez Alfred Hitchcock celle d'un homme qui se trouve pris dans un imbroglio inextricable malgré lui. Le docteur McKenna a profité d'une convention de médecins organisée à Paris pour s'offrir un voyage en Europe et en Afrique du nord avec sa femme et son fils. C'est à Marrakech que tout va mal tourner, quand repéré à tort par un agent français le médecin et sa famille se trouvent embarqués dans une affaire qui les dépasse.
Bernard l'agent français, à la recherche d'un couple anglophone suspecté d'être à l'origine du futur assassinat d'un homme d'Etat s'est rapproché de notre parfaite famille américaine, mais il fait fausse route. Repéré par ses adversaires, il est assassiné en plein  marché de Marrakech, et a juste le temps de prévenir le chirurgien américain venu à son secours, qu'un crime va avoir lieu à Londres... Pour  obtenir son silence, les comploteurs kidnappent son fils. Le début d'un long suspens, occasion pour Hitchcock de s'amuser de son public auquel il délivre les informations nécessaires pour s'inquiéter du sort des héros et ainsi le clouer dans son fauteuil ...
La blonde du jour est Doris Day, elle chante "que sera, sera..." tout le long du film, c'est devenu un tube qui fit sa gloire plus que sa filmographie. James Stewart est toujours merveilleux. Presque trop classique dans sa forme, nous ne citons jamais "l'homme qui en savait trop" parmi nos favoris peut être parce qu'il traine un peu trop de manière artificielle pour nous mener au fameux coup de cymbales, pourtant nous avons toujours plaisir à le revoir !

Rodolphe Burger, Philippe Poirier - Play Kat Onoma


Kat Onoma, venu de Strasbourg fut un des plus beaux groupes de rock de la scène française de la fin du siècle dernier. Porté par le charisme et la voix chaude de son leader Rodolphe Burger, inspiré par l'Amérique  du Velvet Underground et du poète Jack Spicer , ils ont su créer un univers singulier, le son du groupe se reconnait sans délai donnant une dimension nouvelle à la scène française...
Avec la mort du trompettiste Guy "Bix" Bickel il est impossible d'imaginer une réformation de ce groupe ... Rodolphe Burger et Philippe Poirier, deux membres fondateurs, en revisitent leur répertoire dans un album de reprises  où se mélangent les voix chantées et parlées, hommage au poète Jack Spicer dont la voix est présente dans le premier morceau . La voix du chanteur est toujours aussi envoutante !

Play Kat Onoma est notre album de la semaine !


samedi 16 mai 2015

Titli, une chronique indienne - Kani Behl

Titli est fatigué de vivre avec son père et ses deux grands frères, toujours dans des affaires louches. Il ne supporte plus cette vie de vice et de violence. Il a un plan pour prendre son indépendance mais il se rate et se retrouve marié de force à Neelu... La jeune fille n'a pas non plus le choix, son souhait était d'attendre le divorce de Prince pour pouvoir vivre avec lui. Les deux jeunes gens finissent par s'entendre et faire un pacte pour se sortir d'une situation inextricable... Mais la femme du frère ainé, qui est partie, fatiguée par les coups et la violence de son époux réclame une somme de 500 000 roupies à son ex mari dans le cadre de son divorce. La dot de Neelu devient un enjeu familial, les plans des deux jeunes gens sont remis en question...
Un thriller sentimental qui vaut avant tout parce qu'il nous plonge dans le  quotidien de l'Inde... Terre de contraste où à coté d'un essor économique certain, des immeubles sortent de terre tels des champignons se maintient une société patriarcale qui se débrouille comme elle peut pour se maintenir. Les hommes imposent leur lois aux femmes et se doivent d'obéir à leurs ainés. Une société pauvre où l'on vit en famille dans une promiscuité rapidement insupportable, nous comprenons aisément les désirs d'ailleurs de Titli.  Un état corrompu où la police  laisse les malfrats faire leurs coups du moment qu'elle touche sa commission.

vendredi 15 mai 2015

deGeneration - Hofesh Shechter


Trois pièces de danse, deux chorégraphies datant d'une dizaine d'années Cult (2004)  et Fragments (2003) et une création, Disapearring Act. Hofesch Shechter présente son travail avec les jeunes danseurs de Schechter Junior. Trois pièces remplies d'une énergie rare,  traduisant nos peurs collectives où chacun essaye de se trouver une place dans un groupe pour ne pas affronter seul le monde mais au final impossible d'échapper à sa propre solitude. L'espoir de trouver une forme d'harmonie sociale est bien fragile.
C'est beau, flippant parfois comme un épisode de Twin Peaks, une magnifique rencontre entre de jeunes danseurs et un des chorégraphes les plus passionnants de notre époque.On en ressort rempli d'énergie !

B.B King (16 Septembre 1925 - 14 mai 2015)

Riley B. King est né dans le Mississippi dans une plantation de coton où ses parents étaient métayers. A douze ans, il obtient sa première guitare, c'est le début d'une légende celle de Blues Boy King ou B.B. King qui allait démarrer sa carrière à Memphis avant de devenir un nom majeur du blues, un monstre sacré...
C'est une légende qui disparait, R.I.P !




jeudi 14 mai 2015

The big Lebowski - Les Frères Coen

Jeff Lebowski, appelé par tous "The dude"est présenté par le narrateur comme le plus grand fainéant de la Californie. Sa vie se limite à fumer des joints et jouer au bowling avec ses potes en buvant une bonne bière. Son seul souhait vivre peinard... Pas le genre à chercher des embrouilles!
Tout se complique quand deux types entrent chez lui et que l'un d'eux lui enfonce la tête dans les toilettes lui réclamant une somme colossale alors que le deuxième pisse allègrement sur son tapis. Jeffrey Lebowski. découvre à cette occasion qu'il a un homonyme marié en seconde noces à une actrice du porno qui a un peu de mal à gérer son argent de poche...
Pour obtenir réparation, "The Dude " se présente chez son homonyme, un puissant entrepreneur coincé dans un fauteuil roulant après avoir récolté une mauvaise blessure lors de la guerre de Corée. Le dialogue tourne court, mais notre héros repart tout de même un tapis sous le bras... Pour autant les deux hommes n'en ont pas fini l'un avec l'autre, la femme du riche Lebowski est kidnappée, il fait appel à son homonyme pour servir d'intermédiaire et déposer la rançon de 1 million de dollars réclamée par les ravisseurs.
Mais The Dude accompagné pour l'occasion par son pote Walter refile une valise remplie de linge sale préférant garde le magot avec lui.... Le début des ennuis pour notre bonhomme...qui va avoir la très mauvaise idée de se faire piquer la valise .  La mouise...

Un film des frères Coen irrésistible, un looser remarquable, parfaitement incarné par Jeff Bridges.A ses cotés, John Goodman  incarne un ancien du Vietnam un petit peu marqué par cette expérience et rempli de certitudes qui ne fait que gaffer et Steve Buscemi assume le rôle du taiseux qui ne comprend jamais vraiment ce qui se trame .... Ils forment un trio cocasse, il n'y a rien à espérer d'eux et pourtant ils finissent par traverser les embûches, seul le cœur du troisième larron finit par donner des signes de faiblesses... A leurs cotés, nous retrouvons John Turtutro devenu le joueur de Bowling le plus ridicule de l'histoire du cinéma, Julianne Moore en artiste déjantée, et Philip Seymour Hoffman en larbin obséquieux... La densité de ses seconds rôles donnent toute l'épaisseur à ce pastiche de film noir, qui emporte le rire du premier au dernier plan, c'est parfois gros comme du Tex Avery .Les cinéastes nous offrent une vision nouvelle de l'Amérique .


The Big Lebowski, c'est un peu Le grand sommeil revu par les pieds nickelés !

Nous avons lu ici où là que la nouvelle tendance était au "dad bod" , ainsi sont dorénavant nommés les hommes avec du bide. Jeff Bridges a tout pour faire un carton lors de cette nouvelle sortie en salle de The big Lebowski, il est devenu totalement tendance !

dimanche 10 mai 2015

Jauja - Lisando Alonso

Gunar Dinesen, un ingénieur danois accompagné de sa fille s'installe en Argentine. Il intègre l'armée qui en cette fin du XIXème siècle, mène  en Patagonie une opération "conquête du désert" pour éliminer les indigènes... Un beau jour , sa jeune et jolie fille qui faisait tourner la tête de tous les hommes du régiment échappe à sa surveillance et part filer le parfait amour avec un soldat. Furieux,le père très possessif se lance seul à leur recherche... C'est le début d'une longue errance sans fin dans les paysages arides de Patagonie, un vrai désert où erre également un officier qui a un peu fondu les plombs, Zuluega personnage qui n'est pas sans rappeler le Kurtz de Apocalypse Now. Gunar Dinesen parvient par retrouver le séducteur massacré par Zuluega, mais sa fille reste introuvable... errance sans fin ....
Un homme erre, nous errons avec lui. Cela est filmé dans un format 1:33 alors que nous aurions pu nous attendre à du cinémascope, mais nous finissons par nous habituer . Nous errons, et très vite nous nous ennuyons à suivre un Viggo Mortensen pas bien bavard, nous n'avons même pas l'occasion d'améliorer notre espagnol.
Jauja dans la mythologie est une terre d'abondance , un eden... Nous devons en convenir, nous en furent très loin , nous aurions mieux fait de revoir "La prisonnière du désert" de John Ford.
C'est beau mais nous n'avons jamais eu une grande passion pour les soirées diapos !

Bleu pétrole - Alain Bashung

Nous avons toujours un sentiment de tristesse à la réécoute de l'un de ses albums, tant le chanteur a laissé un vide dans la chanson française.  Il était un géant et nous ne pouvons toujours pas nous passer d'écouter ses albums et notamment son dernier, le sublime, bleu pétrole . Nous pleurons toujours Alain Bahung.

Bleu pétrole est notre album de la semaine !


samedi 9 mai 2015

Il était une fois en Amérique - Sergio Leone

Après trente ans d'absence, Nathan Aaronson dit "noodles" est de retour à New-York. Une ville qu'il avait fuit  sans argent, pour sauver sa peau ... Il y revient  parce que quelqu'un utilise son identité ... Vieil homme seul, plus rien ne lui fait peur, il vient pour satisfaire sa curiosité.
Revenir à New-York, c'est réveiller de nombreux fantômes, des souvenirs reviennent au fur et à mesure qu'il retrouve les lieux de sa jeunesse.
Epoque où il se planquait dans les toilettes du restaurant du quartier pour voir danser Déborah, la fille du propriétaire , et où il découvrait  son goût pour la rue et les malfrats. Sa vocation est de monter un gang, pourtant le jeune homme qui lisait Martin Eden de Jack London dans les toilettes pouvait espérer mieux. Une vocation qui le coupe de Déborah qui comprend très vite malgré ses sentiments qu'il n'y a pas d'avenir avec lui.
C'est la rencontre inopinée avec Max tout juste installé dans le Bronx,  qui va décider de sa destinée. Les deux jeunes gens ont les mêmes rêves ils ont vite fait de s'associer , de jouer accompagnés de trois copains les petites frappes dans les rues de New-York. Ils n'ont peur de rien surtout pas de Bugsy le caïd du quartier. Ils se font tabasser, ils sont renforcés dans leur conviction.
Mais après s'être fait "doublé" par les jeunes garçons, Bugsy abat dans le dos Dominic le benjamin de la bande qui n'a pas eu le temps de se planquer. Noodles dans un accès de rage tue le caïd au couteau, avant de s'en prendre aux policiers. Il passe une dizaine d'années derrière les barreaux. Max est là le jour de la sortie de son jeune ami, Noodles reprend les affaires avec sa bande, mais il n'a plus la même insouciance, il y a en lui une gravité nouvelle, très vite il y a des désaccords sur l'avenir et les projets à mener. Et  toujours Déborah qui ne cesse de le hanter, mais elle refuse toujours de s'engager avec un malfrat, se consacrant à sa vocation d'actrice,  il la viole, elle fuit... C'est le début d'une dépression pour notre caïd, il maintient des liens artificiels avec ses amis mais il semble à l'écart, il finit seul quand ses trois amis participent à une opération, il a prévenu les flics craignant que les projets fous de Max n'entrainent sa perte. L'arrestation est un règlement de compte, il se retrouve seul. Poursuivi, il doit fuir sans voir l'arnaque qui se trame contre lui.

La vie de David  Aaranson, c'est celle des villes américaines du XX° siècle, celle de la prohibition. et de sa fin qui va obliger les membres de la mafia à se recycler. C'est l'histoire du quartier juif de New-York, de cette communauté où se côtoient tradition, modernité et petits voyous.
C'est un film monumental qui parle d'amitié, de trahison, d'amour, d'enfance, de rêves brisées , de l'argent démoniaque et corrupteur . C'est un grand film mélancolique aux accents proustiens qui prend toute sa dimension sur l'écran de cinéma, un spectacle prodigieux, captivant, il nous promène dans le temps sans jamais nous perdre... Robert de Niro, James Woods, Eliabeth McGowen, Joe Pesci, tous prodigieux, la musique de Ennio Morricone, Il était une fois en Amérique est le plus grand film de Sergio Leone donc un des plus grands de l'histoire du cinéma.

Projeté dans une copie restaurée, il a été rajouté 40 minutes de scènes supplémentaires, la qualité de la copie de ces scènes étant différentes, elle sont facilement identifiables. Elles n'apportent pas d’éléments nouveaux à l'histoire, nous pouvons même nous interroger sur l’intérêt de cette nouvelle  version. Si c'est de motiver une nouvelle sortie en salle, elle se justifie aisément au vu de ce magnifique spectacle !

vendredi 8 mai 2015

L'armée des ombres - Jean-Pierre Melville

"Mauvais souvenirs, soyez pourtant les bienvenus... vous êtes ma jeunesse lointaine..."
C'est par cette phrase de Courteline citée en exergue que le film de Jean-Pierre Melville s'ouvre. "L'armée des ombres" est le grand film sur la Résistance filmée dans son quotidien, et qui sans faire de ses membres des héros romantiques rend hommage à leur courage, leur droiture...
Philippe Gerbier, un ingénieur des ponts et chaussées, est arrêté par les forces françaises pour ses idées gaullistes. Il est enfermé dans un camp prévu à l'origine pour recevoir les prisonniers de guerre allemands. Alors qu'il est remis à la Gestapo, il arrive à s'évader et à reprendre la tête de son réseau. Nous le suivons   dans son quotidien, dans la nécessité d'organiser les mouvements de matériel, d'entretenir les rapports avec Londres, de toujours recruter pour remplacer ceux qui tombent. 
La Résistance est un lieu de camaraderie, de fraternité rare, mais où chacun finit à un moment ou à un autre par se retrouver confronté à sa propre solitude. Pour Jean-Pierre Melville, rejoindre la résistance, c'était passer du coté des hors la lois, les règles appliquées ici sont les mêmes que celles du milieu et notamment celle du silence ...
La seule solution  pour survivre c'est d’être implacable ... celui qui balance doit être supprimé sans état d’âme,ainsi Gerbier doit imposer le meurtre d'un jeune homme qui a trahi ... On ne peut pas le tuer sans attirer l'attention des voisins, le choix est fait de l'étrangler , c'est une scène terrible qui dit toute la difficulté de l'engagement de ses hommes .
Garder le silence sous la torture,autre terrible exercice, Felix l'adjoint de Gerbier tombe. Jean-Pierre Melville sans jamais filmer les séances de torture nous en fait comprendre  toute la violence en filmant avec pudeur le visage de plus en plus tuméfié du héros. Mathilde qui a pris sa place dans le réseau réfléchit aux moyens d'aller rechercher leur camarade dans les murs de la Gestapo. Lorsqu'elle trouve enfin la faille, il est trop tard Félix n'est plus transportable. Ce dernier peut alors compter sur Jean-François son ami, indéfectible compagnon qui a fait le choix de se dénoncer par lettre anonyme auprès de la Gestapo pour retrouver son ami en cellule et l'accompagner dans la souffrance, il lui cède sa pilule de cyanure pour abréger ses souffrances. 
 Mathilde est incarnée par Simone Signoret, impressionnante. Elle est proche de ses hommes, dés qu'ils sont arrêtés, elle cherche un moyen pour les sortir de prison. Elle arrive trop tard pour  Félix, mais elle est là pour sauver Gerbier au moment où il doit être exécuté dans les nazis dans une macabre mise en scène . Elle finit par tomber à son tour, les nazis découvrent son point faible parce qu'elle a eu l'inconscience de garder une photo de sa fille dans son portefeuille. Elle ne peut plus garder son silence, ces camarades informés savent qu’ils n'ont plus le choix, ils doivent abattre cette grande dame..
Film impressionnant parce que Jan-Pierre Melville ne cherche jamais à être spectaculaire, au contraire il fait toujours le choix de la sobriété. Il se laisse toutefois aller à un lyrisme surprenant de sa part lorsqu'il filme Jardy, le grand patron de la résistance se faire décorer par le Général de Gaulle dans un bureau à Londres. La scène a tout pour être ridicule, elle s'avère finalement touchante, elle révèle le sens de la fidélité du cinéaste alors qu'en 1969 peu de monde est là pour soutenir le vieux Général. Il se laisse emporter également au moment où Gerbier et ses compagnons de cellule rejoignent le lieu de leur exécution à une certaine emphase exprimée par la musique de Morton Gould. Ces scènes révèlent combien le cinéaste a puisé dans son intimité et son passé de résistant pour écrire ce film adapté d'un roman de Joseph Kessel.
Nous mesurons alors tout le sens de la phrase citée en exergue,  qui reprend exactement les sentiments exprimés par Romain Gary dont le temps de la résistance fut celui d'une camaraderie inégalée... laissant les survivants dans une sorte de dépression et de nostalgie.
L'armée des ombres est un film magnifique par sa forme à la hauteur du sujet traité. Il trace le portrait de la résistance, une grande famille hétéroclite. On y vient de tous les milieux, nous y retrouvons des ouvriers, des femmes, des ingénieurs, des chercheurs, des communistes, des républicains, des monarchistes,  des gaullistes alors même qu'avant le 18 juin ce concept politique n'existait pas mais très vite certains dont Gerbier se reconnaissent dans la personne du Général le chef de la France Libre, ils oublient leurs différences pour sauver ce qu'ils ont en commun, la patrie. Cette famille est ici parfaitement incarnée par Lino Ventura, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, Paul Meurisse, Paul Crauchet, et Serge Reggiani qui joue un barbier qui s'il affiche des amitiés vichystes s'invite parmi eux le temps d'un geste,  ...
L'armée des ombres est un monument du cinéma français, un chef d’œuvre incontournable !

Ce film a été vu au cinéma l'Arlequin, dans une version restaurée. C'est également notre participation au ciné-club de Potzina consacré ce mois ci à la famille.

mercredi 6 mai 2015

La fabrique d'absolu - Karel Capek

Lorsque nous lisons "absolu", nous nous souvenons de Balthazar Claes, le personnage central du roman d'Honoré de Balzac "la recherche de l'absolu" qui a tout brulé, sa vie, ses économies, sa famille ... pour  réaliser son rêve, trouver l'absolu afin d'obtenir des diamants à partir du carbone... Vaines recherches !
L'ingénieur tchèque Marek n'a pas les mêmes soucis, sa quête ne sera pas sans fin. Il a inventé une machine appelée carburateur capable de désintégrer la matière pour produire de l'énergie sans générer de déchets. Mais en consumant la matière, il se libère une force divine, l'absolu capable de tous les miracles... Dieu apparait à tous, il  produit des miracles, l'humanité en deviendrait parfaite, les criminels s'amendent, les riches bourgeois se dessaisissent de leurs biens matériels au profit des défavorisés.
Mais le bonheur n'est pas simple, ce nouveau dieu aux miracles si évidents, n'est pas du goût des Eglises qui se voit doubler par de nouvelles sectes. Chacun va chercher à s’approprier cette nouvelle énergie faisant basculer le monde dans un chaos indescriptible, un conflit mondial.
Ecrivant en 1922, l'auteur tchèque pressent le sombre avenir mondial. Nous avions découvert Karel Capek à travers la guerre des salamandres rédigé en 1936, nous le retrouvons ici avec avec un plaisir jamais démenti au fil de la lecture. Ces deux dystopies révèlent tout son humour noir , une ironie grinçante utilisée comme une arme redoutable pour dénoncer les travers de ses frères humains  regardés sans complaisance mais sans jamais glisser  dans la misanthropie. C'est rempli d'humanité !
Après avoir découvert Le brave soldat Chveik, de Jaroslav Hasek, c'est avec un vrai bonheur que nous avons replongé dans la littérature tchèque qui révèle tout le sens de l'ironie des habitants de ce petit pays d'Europe central qui après bien des drames historiques a fini par gouter aux joies de la liberté et de l'indépendance  .
C'est une lecture réjouissante où nous voyons le monde se déchirer, mais tant qu'il y a des Français dans ce bas monde il existe toujours un espoir de retrouver le chemin de la raison, Karel Capek s'amuse de tous même de nous... définitivement drôle et terriblement prémonitoire!

dimanche 3 mai 2015

Love I Obey - Rosemarey Standley Helstroffer's band

Pour prolonger le plaisir que nous avons eu à découvrir epitaph, le dernier album de Moriarty, nous sommes partis à la rencontre de l'album enregistré par Rosemary Standley la chanteuse du groupe accompagnée  par l'ensemble baroque du Helstroffer's Band. L'album visite le répertoire anglais et américain avec des chants composés entre le XVI et XIX aussi bien par des noms célèbres que par des troubadours restés inconnus . Love I Obey est un album qui ne sent jamais la naphtaline, au contraire il démontre la richesse de la voix de la chanteuse curieuse d'explorer de nouveaux domaines. Rosemary Standley mène une carrière passionnante , nous ne nous lassons pas de la suivre dans ses diverses pérégrinations musicales. Sublime album !

Love I Obey est notre album de la semaine !

samedi 2 mai 2015

Le labyrinthe du silence - Liugio Ricciarelli

Les procès de Nuremberg terminés, la chasse aux criminels des nazis s'est arrêtée. La priorité pour les Américains en accord avec les dirigeants allemands est de reconstruire dans les meilleurs délais un état  démocratique pour faire face à la menace communiste, pour cela il convient de tourner la page  et  ne pas regarder le passé des gens. Une situation intenable lorsque des victimes se retrouvent inopinément face à leurs bourreaux . C'est ainsi que s'ouvre le film de Liugio Riccarelli,1958 Francfort, un homme cherche du feu, un inconnu lui tend son briquet, il découvre alors une main mutilée , celle d'un bourreau d'Auschwitz devenu professeur... Il tente de dénoncer le scandale auprès du tribunal  avec l'aide d'un journaliste, en  vain... Pas tout à fait,  un jeune procureur s’intéresse à la question, il obtient le soutien du procureur en chef... Il ouvre une enquête et découvre la réalité des camps dont il ignore tout comme toute la jeunesse allemande. De nombreux obstacles et réticences bloquent son travail mais il tient bon même s'il doit renoncer à l'idée de procéder à l'arrestation trop complexe de Josef Mengele qui faisait alors régulièrement des voyages en toute impunité en Allemagne pour retrouver sa famille. En 1963 a enfin lieu ce que les Allemands appellent le procès d'Auschwitz permettant enfin à la démocratie allemande d'appréhender son passé nazi et les responsabilités de chacun.
Un scénario particulièrement solide qui permet à ce film de captiver malgré les faiblesses de son réalisateur qui filme sans finesse cette histoire où l'on voit par moments  "des coups de surligneur" portés sur les points importants du texte. Il a aussi  une volonté de reconstituer l'esthétique de la fin des années  50 à la façon Mad Men, le coté vintage du film s'il n'est pas sans charme finit par devenir un peu  encombrant.
Ce qui est passionnant  c'est de rappeler le rapport qu'ont eu dans l’après guerre les Allemands avec leur passé immédiat. Lorsque les jeunes gens sont interrogés, Auschwitz ne leur évoque rien, parfois ils sont capables de dire que c'était un camp durant la guerre où certes les conditions de vie étaient rudes et le régime de surveillance sévère sans en mesurer toute l'horreur et la dimension du crime. Cette occultation fut peut être alors une nécessite pour pouvoir reconstruire le pays, mais il ne pouvait pas perdurer.
Le procureur, enfant durant la guerre,  était dans cette situation d'ignorance. C'est d'ailleurs pour cette raison que le procureur chef lui demande de diriger cette enquête, il est certes le moins expérimenté mais c'est le seul dont on sait qu'il n'a rien commis de prés ou de loin durant les années de guerre Cette enquête dans laquelle il se lance c'est d'abord son apprentissage, sa découverte de l'horreur au fur et à mesure qu'il reçoit le témoignage des rescapés. Il finit par être terrassé lorsqu'il mesure l'ampleur du crime et l'implication le la quasi totalité du monde adulte , découvrant notamment à cette occasion que son père fut membre du parti nazi. Ce parcours personnel totalement fictionnel résume toute la difficulté de la société allemande à assumer ses responsabilités. La démocratie allemande qui ne pouvait pas se construire en occultant la réalité de ses crimes va vivre  une page importante de sa jeune histoire, c'est le grand mérite de ce film de nous le raconter.
 Comme le racontait le livre de Neil Bascomb, la traque d'Eichman, cette situation d'ignorance concernait toute la jeunesse européenne des années 50 . Ajoutée à la résurgence d'actes antisémites cela  avait poussé le premier ministre israélien David Ben Gourion à se lancer dans la traque des criminels nazis  qui aboutit à l'arrestation de Adolf Eichmann et à son procès  en 1961, alors que jusque là , le jeune Etat d'Israël était trop préoccupé à assurer sa sécurité . Histoire passionnante dont le film fait écho puisqu'elle a lieu à la même époque et que le procureur en chef  Fritz Bauer , personnage central du film et qui ne doit rien à la fiction soutient  les agents israéliens dans leur mission bien que les deux pays n'aient pas alors de relation diplomatique.
Un film pas très excitant au niveau cinématographique mais qui se révèle passionnant par son récit .

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