Nous n'avions vu qu'une fois Monsieur Smith au sénat, et nous avions tendance de ne pas le mettre dans le haut de la filmographie exceptionnelle de Frank Capra. Le ciné club de Claude Jean-Philippe du cinéma l'Arlequin nous a permis ce matin de revoir notre jugement et d'apprécier à sa juste valeur ce film tourné en 1938.
Jefferson Smith est nommé sénateur du Montana par le gouverneur de l'état jusqu'aux prochaines élections à la suite du décès du sénateur en place. Jefferson est épaulé par Joseph Paine, le deuxième sénateur de l'Etat, qui fut un avocat des causes désespérées et un ami proche de son père.
Jefferson Smith est emerveillé par Washington, son capitole, il marche avec respect dans les pas des grands fondateurs du pays: Abraham Lincoln, George Washington. Il ne se révéle pas aussi naif que prévu et s'oppose au projet d'un barrage prévu au coeur du Montana voulu par Jim Taylor, homme puissant propriétaire de nombreux journaux.
Furieux, Taylor avec l'aide de Joseph Paine monte un complot contre le jeune sénateur pour obtenir son renvoi, ce dernier avec l'aide de sa secrétaire va se défendre seul contre tous; il prend la parole devant ses collègues incrédules pour ne plus la rendre...
Capra s'attaque à un de ses thèmes les plus chers, la défense de la démocratie américaine, celle voulue par ses pères fondateurs. Il rappelle le poison que représente pour les institutions la corruption dans une période aussi troublée que celle des années trente. Comme John Ford, il est toujours à la limite de sombrer dans un sentimentalisme débordant, notamment lorsqu'il filme les grands lieux monumentaux de la capitale américaine à la gloire de Lincoln, mais il trouve en James Stewart l'acteur idéal pour donner à son film toute sa dimension.
Jean Artur est toute aussi parfaite dans son rôle, avec son sens de la comédie, son charisme, elle donne la légèreté indispensable au film... Monsieur Smith au sénat est un film épatant. Comme Akira Kurozawa, Frank Capra fait des films pour rendre le monde meilleur.
Sorti en 1939, le film fut alors contesté parce qu'il présentait une Amérique corrompue, Joseph Kennedy le père du futur président des Etats unis alors ambassadeur à Londres voulut même empêcher sa diffusion à l'étranger , il ne fut pas écouté. Ce film fut le dernier film américain diffusé en france pendant l'occupation, il rencontra un grand succès, il était régulièrement applaudi. La polémique apparait bien ridicule aujourd'hui tant le film est une défense des institutions, de la liberté d'expression et une condamnation sans ambages des dictatures européennes.
God Bless Frank Capra !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire