mardi 31 juillet 2012

Jarnac et François Mitterrand


Nous ne pouvions pas ne pas y faire un arrêt. Pourtant  notre rapport à François Mitterrand est complexe. Son arrivée au pouvoir a créé un enthousiasme dont on  a du mal à imaginer aujourd'hui la mesure. Nous nous rappelons un reportage de Serge Moati dix ans après son accession au pouvoir, où des militants confessaient alors qu'ils pensaient que leur vie allait changer. Très vite la désillusion est là, l'air qui semblait plus léger en 1981 est redevenu rapidement très lourd...  
Mais ce ne fut pas rien cette victoire de la gauche, d'abord elle démontrait la solidité de nos institutions, puisque c'était la première alternance de la V° République. Ce fut l'abolition de la peine de mort, le remboursement de l' IVG et de nombreuses autres réformes sociales. De son second septennat, nous retenons le retour à la paix civile en Nouvelle Calédonie alors à sang et à feu, mais soyons justes ce succès revient principalement à son premier ministre Michel Rocard. Nous n'avons pas aimé voir Silvio Berlusconi obtenir une chaine audiovisuelle, Bernard Tapie ministre de la ville, le Rainbow Warrior coulé ou  l’extrême droite apparaitre sur le devant de la scène politique
Nous ne reviendrons pas sur son passé durant la seconde guerre mondiale, le jugement porté est souvent rapide, et vu par le petit bout de la lorgnette. Ses rencontres avec René Bousquet? Le comportement de ce dernier pendant l'occupation fut immonde, et nous regrettons vivement que son procès n'ait pas pu avoir lieu. Mais cet homme a su passer à travers les mailles de l'épuration, René Bousquet a tenu après guerre un rôle important dans un journal radical de gauche appartenant à la famille Baylet, la Dépêche du Midi. A ce titre, il devenait incontournable  pour un leader de la gauche. 
Finalement François Mitterrand incarnait à lui seul la complexité de l'Histoire française de la deuxième partie du XX° siècle.

A Jarnac, que trouve t-on ? Un petit musée auquel le président a fait une donation de certains cadeaux reçus lors de ses déplacements. Plutôt anecdotique, nous retiendrons néanmoins deux gravures de John Scarlett Davis offertes par la reine Elizabeth. Tous les donateurs ne sont pas aussi respectables...
Nous avons aimé revoir les affiches des diverses campagnes électorales de 1965 à 1988. Le plus émouvant fut les textes écrits, raturés de sa main au stylo encre bleu. Nous pouvons ainsi relire son discours tenu le soir de sa réélection, surement écrit sur un coin de table. Dans une deuxième partie, sont rassemblées les différentes maquettes des grands travaux menés durant les deux septennats...
Sa maison natale rachetée par l'institut François Mitterrand, ne peut être visitée qu'en compagnie d'un guide. Une jeune fille assurément très sympathique mais qui ne semblait pas savoir grand chose du personnage si ce n'est qu'il avait été président de la République et qu'une de ses soeurs "Marie-Josèphe était artiste peintre, une passion qu'elle pratiquait pour son plaisir", ses antisèches étaient d'un grand secours... Nous avons pu visiter une maison à moitié vide, nous n'avons pas pu nous empêcher de sourire quand nous avons vu dans une petite bibliothèque située dans la chambre du jeune François un ouvrage de Charles Maurras... Demeure classique de la petite bourgeoisie provinciale où l'on entrevoit à travers les objets religieux la bigoterie de la mère qui se rendait quotidiennement à la messe, les Mitterrand avaient une vinaigrerie, activité qui ne leur permettait pas de vivre dans le même luxe que leurs voisins, les producteurs de cognac.
Jarnac est une ville au charme certain, les bords de la Charente sont des plus agréables, nous avons aimé y voir des jeunes gens s'y baigner dans des cris de joie. Nous avons longé le fleuve sur le quai de l'orangerie, promenade aimée de Mitterrand, jeune adolescent: '"Le quai de l'orangerie avec les maisons bien dessinées, les tilleuls que je respirais avec beaucoup de passion, lorsque je circulais le long de ce quai, juste au débouché de chez moi, de la rue du Port, Polon, la rivière. J'éprouvais toujours de la vanité à savoir que la Charente était un fleuve.


Par la suite, nous sommes allés visiter les établissement Henessy producteurs de cognac, la recette est finalement assez compliquée, le parcours est finalement décevant, il est avant tout un hymne au génie de la maison devenue propriété de LVMH. Mieux vaut visiter un petit producteur voisin, qui vous parlera avec passion de son métier, de sa terre.

lundi 30 juillet 2012

Le Musée de l'école de Médecine navale de Rochefort



Autrefois, c'était le barbier qui faisait office de chirurgien sur un bateau. Ce n'était pas une solution totalement satisfaisante. Sous l'initiative de deux médecins Antoine Gallot et Jean Cochon Dupuis, il fut décidé de créer une école de formation d'anatomie et de chirurgie. La première fonctionne dès 1720 même si elle est reconnue qu'en 1722, c'est une première mondiale, à Rochefort. Jean Cochon Dupuis développe des pratiques pédagogiques très novatrices, formation au chevet du malade, pratique des dissections... Il souhaite aussi donner aux élèves une formation théorique très poussée, il développe des manuels d'apprentissage. A bord du navire, en plus de leur fonction de chirurgien, ils ont également une mission de botaniste, d'entomologiste, voire d'ethnologue, ils se doivent de réaliser au cours de leurs voyages une collecte systématique des objets pouvant enrichir la connaissance. De plus, l'école d'état est ouverte à tous les postulants qui doivent remplir quatre conditions:" avoir quatorze ans révolus,savoir lire et écrire, savoir raser et si possible saigner, avoir des mains sans difformités". Nourris et logés à l'école, les officiers de santé devront quatre ans de service au royaume...

A coté de cette école s'est développé un hôpital, c'était une urgence sanitaire pour la ville de Rochefort qui avait le taux de mortalité le plus important du royaume. En cause, les marais et les maladies ramenées par les marins. Des principes simples furent appliqués, dans le nouveau bâtiment construit inauguré à la fin du XVIIIème siècle: des pavillons séparés où étaient regroupés les malades selon leur pathologie, un malade par lit.
A Rochefort, il y avait également un bagne aux conditions de vie désastreuse. 
Tout ceci faisait qu'il existait un socle important pour permettre la formation des chirurgiens, on ne manquait pas de corps pour les dissections, ils étaient même plus nombreux qu'à Paris.
C'est toute cette histoire que nous conte le musée. Le plus impressionnant est la visite de deux pièces particulières du bâtiment. Une bibliothèque de 30 m de long, un véritable lieu d'étude où on peut trouver toutes sortes de traités de médecine. Parfois c'est cocasse, ainsi dans la partie Maladie Nerveuse, nous pouvons trouver un volume consacré au mariage, un autre à le pendaison ou sur l'infanticide.On y trouve également les essais de Montaigne et l'Encyclopédie dans son édition originale. Les humanités font partie intégrante de la formation du médecin
Enfin le deuxième étage où est conservée la majeure partie des collections pour des fins pédagogiques qu'il convient de ne pas voir comme un cabinet de curiosités. Nous y croisons des écorchés, des cranes d'hydrocéphales et toutes sortes de difformités quelque peu exceptionnelles mais également les outils nécessaires à l'exercice de la médecine.
Une visite fascinante par la richesse indéniable du lieu et l'érudition passionnée de la guide.

Nous avons profité de notre retour sur Rochefort pour visiter le musée de la Marine qui présente une collection importante de modèles réduits, réalisés au moment même de la construction des originaux, garantie de garder une trace du bâtiment en cas d'un naufrage. Cela ne fut pas fait pour l'Hermione au plus grand regret de ceux qui la reconstruisent aujourd'hui. Le parcours permet également de faire l'historique de la ville

Jane Eyre - Charlotte Brontë



Jane Eyre, jeune orpheline de 10 ans vit chez sa vieille bique de tante . La jeune fille n'est pas très appréciée dans le domaine, surtout par son cousin John qui la maltraite régulièrement.
Sa tante finit par se débarrasser d'elle en l'envoyant dans l'école de Lowood, où elle doit recevoir une soi-disante « parfaite » éducation.
Jane ne se plaît pas vraiment dans l'établissement. Elle trouve l'endroit trop sévère, les professeurs stricts et injustes, un sentiment aussi ressenti par le lecteur. Seule, Miss Temple, la supérieure de l'école, semble bienveillante et encourage la petite fille douée pour les études.
A Lowood, Jane rencontre Helen Burns, avec qui elle devient rapidement amie..
 
Après huit années de pension dont deux comme professeur, Jane fait passer une annonce pour devenir gouvernante, sa candidature est retenue, la voilà partie pour le mystérieux domaine de Thornfield (« le champ de ronces »). C'est là qu'elle rencontre le ténébreux Monsieur Rochester, et que tout commença...

Jane Eyre raconte l'histoire envoûtante d'un amour absolu, et fait le portrait d'une héroïne romantique et déterminée.
Le coucou est tombé sous le charme de ce magnifique roman de Charlotte Brontë, qui conte son histoire avec grâce et assurance. Un livre à dévorer de mère en fille...

Chris Marker (29/07/1921 - 29/07/2012)

Il y a des noms qui reviennent souvent dans les articles, leur œuvre a une importance capitale dans l'histoire du cinéma, mais nous n'avons jamais pris le temps de nous y plonger. Chris Marker  faisait assurément partie de ces auteurs. De lui nous avions juste vu "le fond de l'air est rouge"; un reportage passionnant , une grande fresque sur les mouvements de gauche des années 70.
Alors à travers sa mort, nous pouvons espérer un grand nombre d'articles qui revisitent son œuvre immense, mais surtout sa réédition complète.
Homme secret, il existe très peu d'image du réalisateur, il portait un regard sans concession sur le monde cherchant à en comprendre chaque soubresaut. Un grand homme est mort!

dimanche 29 juillet 2012

Lanterne des morts (XII° siècle)



Fenioux est un petit village des Charentes Maritimes de 135 âmes, mais il recèle en son cœur deux vestiges du Moyen-âge qui valent assurément  le détour. C'est un des charmes de notre pays!
Une église de style roman du XIIème avec un portail à cinq voussures reposant sur neuf colonnes de chaque coté. La première purement décorative est composée de feuillages, alors que la deuxième montre un combat entre les vices et les vertus où trois vaillants chevaliers foulent de leurs pieds les vices, sur la troisième au centre l'agneau est soutenu par deux anges. Sur la quatrième voussure, le Christ aux portes du paradis accueille les vierges sages alors que les folles aux lampes renversées sont renvoyées , la cinquième nous propose un zodiaque indiquant les travaux du mois. C'est assurément l’élément le plus intéressant de cette petite église.

Mais plus fascinant pour nous est la lanterne des morts, étonnant bâtiment dont on retrouve environ une trentaine d'exemplaires strictement limités aux pays de la Loire et de la Dordogne , toutes construites aux alentours du XII° siècle. Celle de Fenioux est située en plein champ, mais il convient de savoir qu'auparavant le lieu était un cimetière, un caveau placé au pied de la lanterne le rappelle. Composé de onze colonnettes jointes reposant sur un socle solide, au centre un escalier permet de monter au sommet de la colonne. Ce qui reste le plus énigmatique c'est le sens à donner à cette construction, nous pouvons trouver ici ou là plusieurs tentatives d'explications. Si de vouloir en faire un point de repère pour les pèlerins ne nous satisfait pas, dans le cas de Fenioux le clocher voisin est bien plus visible, nous préférons l'idée d'y voir uu symbole de lumière éternelle luisant pour les morts.

Il est à noter que des lanternes aux morts ont été conçues dans certains cimetières militaires de la première guerre mondiale

samedi 28 juillet 2012

L'étrangère - Sandor Marai

Le livre s'ouvre sur hôtel qui offre la pension complète, un lieu de villégiature sur la cote dalmate. Tous mangent dans une salle à manger commune, il y a toujours un bout en train pour se faire remarquer, ici c'est un fabricant de porcelaine allemand qui ne résiste pas à entonner l'air de l'ange bleu "Nimm dich in acht vor blauden Frauen" en tambourinant la table lorsque la directrice blonde de l'établissement fait son entrée... Un homme reste à l'écart, il vient pour fuir ses soucis, essayer de se reconstruire, son nom est Victor Henrik Ashkenazi, nous plongeons dans son passé...
Professeur de grec à l'institut de langues orientales, Askhenazi a tout du bourgeois, marié, catholique, sa vie est organisée autours de rituels, de petites manies... cet homme est un conservateur. Un jour, il vient en aide à une jeune fille Elise qui a du mal à porter sa valise à la sortie d'une station de métro. Danseuse aux relations un peu louches, peut être pourions nous parler d'une cocotte, Elise devient la maitresse du professeur. Pour elle, il quitte sa femme ce qui n'est pas sans souci dans la société bourgeoise et convenue des années 30. Mais cette aventure est une déception, la découverte d'une nouvelle sensualité finit par lasser  le professeur, il quitte celle qu'il nomme l'étrangère:
Ce que le corps pouvait donner, Elise l'avait volontiers offert à Askhenazi, naturellement, généreusement, sans attendre aucun remerciement, comme une évidence. Un jour, il se rendit compte qu'il recevait vraiment beaucoup de la part d’Élise ; seulement ce n'était pas suffisant. La réponse du corps était brève, sans ambiguïté, d'un seul tenant, mais Ashkenazi remarqua avec inquiétude que l'expression de cette réponse était loin d'être parfaite. C'est pourquoi tout en le regrettant sincèrement, bien que proche du but et ayant beaucoup sacrifié à l'expérimentation, il fut contraint de reconnaître son fiasco; un jour, il quitte Elise."

C'est cet homme perdu qui est venu se perdre dans cet hôtel. Une femme est retrouvée morte à l'étage de l'hôtel, étranglée, tout désigne Askhenazi qui a disparu, son côté solitaire contribue à le désigner comme coupable aux yeux des autres...

Roman sombre, un homme sort de son milieu social  parce qu'il devient un carcan insupportable et en dehors de ces conventions il perd tout repère, il se retrouve confronté à l'absurdité du monde qui lui éclate à la figure, c'est à une chute que nous assistons. Albert Camus n'a surement pas lu ce roman écrit en 1934 de Sandor Marai alors inconnu en France, mais il y a fort à parier qu'il aurait eu un grand intéret à découvrir ce personnage. Le livre s'ouvre sur une desctription remplie d'ironie sur un groupe en vacances, il en décrit parfaitement la vulgarité... il se clôture magnifiquement sur un chapitre nommé dialogue où notre personnage se retrouve seul sur une île:
"Seul, avec lui, en face à face, dans un territoire, intime, ouaté, capitonné, seuls tous les deux dans ce petit espace cosmique familier ou personne ne pouvait les entendre. Il pensa aux prémices de ce dialogue, aux quarante et quelques années pendant lesquelles il avait collecté les mots, aux chemins obscurs, aux efforts pénibles pour en arriver jusque ici."

Un roman magnifique, deux cents pages d'une densité extraordinaire, le livre vous tient en haleine de bout en bout ! Il faut toujours mettre un roman de Sandor Marai dans sa valise, c'est la garantie de vivre un grand moment de littérature.


Sandor Marai - L'étrangère (Traduit du Hongrois par Catherine Fay) Ed Albin Michel.

 La photo correspond à un endroit de Charente Maritime (Fenioux) où ce  livre fut en partie lu


Le château de la Roche Courbon



Choqué de voir ce château à l'abandon, livré à la nature, en plein cœur du pays saintongeais où il passait ses vacances alors qu'il était jeune enfant, Pierre Loti lança un appel au secours dans un article écrit pour le Figaro. Celui qui fut surnommé le "château de la belle au bois dormant" par l'écrivain natif de Rochefort trouva son bienfaiteur en la personne de Paul Chenereau, un polytechnicien originaire de la région qui y consacra sa fortune.
L'architecte Legube et le paysagiste Ferdiand Duprat se lancèrent dans la réhabilitation du monument et de ses jardins. Le château avait été construit à l'origine en 1460 pour Jehan II de Latour; encore marqué par les combats de la guerre de cent ans tous juste terminés, le château est fortifié, construit sur un piton de calcaire au milieu de marais. Au XVII°siècle, Jean-Louis de Courbon fit modifier grandement la structure du château, faisant  notamment détruire la chapelle pour permettre à la lumière de rentrer dans la cour, les meurtrières furent remplacées par de grandes fenêtres, faisant place à un château  d'agrément de style renaissance.
 Les jardins à la française tout à fait remarquables sont immortalisés par un peintre hollandais Hackaert, cette toile du XVII ème  servit de modèle lors de la rénovation du site au XXème siècle.
Une visite guidée permet l'accès à un nombre limité de pièces, mais suffisante pour comprendre l'évolution de l'architecture du bâtiment, et présente un très beau mobilier. 
Les jardins ont connu une véritable amélioration depuis sa rénovation, ils se sont étendus sur les marais, mais le premier essai avait été  un échec, rapidement le terrain s'était affaissé. C'est le gendre du propriétaire qui a eu l'idée de reconstruire le jardin sur pilotis, un travail de titan entrepris dans les années 70, au résultat impressionnant.
Un sentier s'enfonçant dans les bois qui entourent le château  vous conduit à des grottes préhistoriques où quelques néandertaliens s'abritaient des frimas , il y a quelques 50 000 ans...

vendredi 27 juillet 2012

Angoulême



C'est à Angoulême que naquit Marguerite de Navarre,  sœur de François 1er,  grand mère du futur Henri IV. Mais ce n'est plus vraiment son passé royal qui fait la renommée de la capitale des Charentes, c'est la bande dessinée et son festival international annuel.
Un musée lui est entièrement consacré, proposant un historique de cet art, remontant au début du XIXème pour nous mener à nos jours. Un art jeune mais dont la montée en puissance est indéniable tout au long du XXème siècle. Souvent confiné dans un coin de journal, s'adressant plus particulièrement aux enfants, la bd eut un rôle important dans les années 30, devenant un objet de propagande absolument remarquable. Les superhéros américains étant là pour nous défendre de la menace nazie. Le gouvernement de Vichy n'hésita pas non plus à utiliser ce média pour diffuser son venin.
Après guerre, les magazines de BD explosent, elle s'adresse de plus en plus aux adultes, l'humour n'est plus l'unique genre. Mais c'est avec la diffusion d'album que la BD entre définitivement dans l'âge adulte. Will Eisner en 1978 ouvre une nouvelle brèche avec la parution de Un pacte avec Dieu, le premier roman graphique... Art Spiegelman avec Maus qui a travers l'histoire de son père raconte le drame de la Shoah obtient le prix Pulitzer, un aboutissement confirmé depuis par une production de plus en plus diversifiée, d'une richesse incroyable, La bande Dessinée méritait un musée, celui d’Angoulême est une réussite.
En marge, de la collection permanente, était consacrée une exposition au Japon organisée autour de deux thèmes: la représentation de la ville japonaise dans le Manga, une autre sur l'auteur Jiro Taniguchi. Plutôt réussie !

La librairie du musée est incontournable, une ruine...

Un tour rapide du vieil Angoulême, le temps de découvrir un Hotel de Ville imposant mais plutôt encrassé conçu par Paul Abadie (architecte ayant commis le hideux Sacré Coeur) qui a rasé à l'exception des deux tours l'ancien château comtal où était née Marguerite. Puis nous sommes passés par la cathédrale Saint Pierre et son impressionnante façade de style roman qui nous a mené au musée des beaux arts, avec  une première partie consacrée à l'archéologie particulièrement réussie, nous retenons un magnifique casque gaulois datant du V° avant JC.

jeudi 26 juillet 2012

Royan



Royan fait partie des villes anéanties lors de la dernière guerre mondiale, ce fut exactement le 5 janvier 1945 que deux vagues successives de bombardiers lancèrent un tapis de bombes sur la ville pour en finir avec une poche de résistance allemande. Faisant plus de 500 morts parmi les civils l'opération n'apporta pas grand chose, les allemands ne se rendirent qu'en Avril 45, les alliés parlèrent alors de regrettable erreur.

La reconstruction fut la grande affaire de l'après guerre, pour être passés par Le Havre il y a peu, on se doute que cette problèmatique politique dans son sens le plus noble "organiser la vie de la cité" a du faire l'objet de débats passionés et assurément passionnants. Un chantier colossal, véritable sujet d'étude que la reconstruction de la France de l'après guerre.
A Royan, ce fut Claude Ferret , Architecte et enseignant bordelais qui a eu la charge de la reconstruction. Comme pour Le Havre la ville fut découpée en plusieurs secteurs avec à sa tête un architecte, mais tous les projets passaient in fine entre les mains de Ferret qui devait garantir une cohérence à la ville. Regazzoni, le maire d'alors l'encouragea à" faire moderne". Un article paru dans la revue "l'architecture d'aujourd'hui" en 1947 sur un nouveau quartier de Belo Horizonte "Pampulha" conçu par l'architecte Oscar Niemeyer a été une source d'inspiration pour rebâtir Royan qui offre ainsi un aperçu détaillé de l'art nouveau, qui lui a valu le nom de "ville la plus cinquante de France". 
Se promener dans les rues est un vrai bonheur, vous pouvez ainsi passer d'une maison du style renaissance ayant survécu aux bombardements à une maison "art nouveau" typique des constructions des années 50. Ce caractère hybride n'est en rien choquant !
Plus impressionnante est l'église Notre-Dame, construite en béton armé, la flèche du clocher s’élève à 60 m de haut, la nef impressionne par ses proportions (45m de long, 22,5 de large), La hauteur des voutes est comparable à la cathédrale Notre Dame de Paris. Nous sommes évidemment tentés de comparer avec l'église Saint Joseph du Havre dont Auguste Perret fut l'architecte. Nous avons préféré, le bâtiment normand notamment par les vitraux conçus par la maître verrier Marguerite Huré qui donne une lumière extraordinaire à l'intérieur. Si  l'édifice de Royan est d'un premier abord  plus impressionnant, impossible de le rater tant il domine la cité, nous avons finalement préféré les lignes de l'édifice havrais avec une nef en arc de cercle que celle en forme de bateau de Royan dont un prêtre dit pompeusement dans un reportage diffusé dans l'enceinte: "Dieu est un océan d'amour, cette nef est le bateau qui nous permet d'y naviguer"...

Mais évidemment Royan c'est avant tout une magnifique plage, un lieu où il difficile de ne pas céder à la tentation d'un bain de mer ! On comprend que le site fut devenu une station balnéaire les plus en vue de la belle époque...

mercredi 25 juillet 2012

Rochefort



Rochefort doit une fière chandelle à Jacques Demy qui avec ses demoiselles a illuminé l'été 66 de cette bourgade et au delà lui a donné une gloire inespérée. La ville le lui rend bien, les demoiselles sont partout, un parcours est proposé pour permettre de retrouver les lieux du film qui vous mène jusqu'à l'étonnant transbordeur.

Rochefort avait eu auparavant un passé glorieux, Colbert décidant d'y édifier les arsenaux royaux.Nombre de bateaux y furent bâtis jusqu’à la fin du XIXème. En 1997, un projet fou s'est dessiné celui de reconstruire à l'identique l'Hermione le bateau qui mena en 1780, Lafayette en Amérique  pour aider les insurgents  durant la guerre d'indépendance. Un projet de plus de quinze ans alors qu'il avait fallu  moins d'un an pour construire un tel bâtiment. Nécessité de trouver des financements, de retrouver un savoir faire disparu, le tout ne fut pas sans embuche. Mais le bateau vient d'être mis à l'eau, il convient de finir les intérieurs, de monter les mats, les voiles...  un départ pour Boston est prévu en 2015. La visite est assez fascinante, on voit vite les conditions de vie exécrables des hommes d'équipage. Scorbut, Choléra... étaient les principaux ennemis, la mort était présente, nombre de matelots finissaient aux fonds des océans. 
La manufacture royale de la Corderie était la pièce maitresse des arsenaux, les magnifiques bâtiments d'architecture classique furent abandonnés avec le triomphe du synthétique , détruits en partie durant la dernière guerre ils ont été restaurés et abritent aujourd'hui un musée.

Rochefort c'est aussi la ville natale de Pierre Loti, un auteur dont on a du mal à imaginer le succès qu'il a pu rencontrer de son vivant. Officier de la marine, il a passé sa vie à naviguer à travers du monde. Ce que nous ignorions de ce personnage dont il faut bien l'avouer nous n'avons rien lu c'est son coté extravagant, sa maison en témoigne. Cette maison il y est né, il y a grandi il ne s'en est jamais séparé... Il y connut des moments difficiles notamment lorsque son père receveur municipal fut accusé de détournements de fonds, accusation qui mit la famille ruinée  en quarantaine... C'est assurément pour se venger de cette injustice que Pierre Loti devenu célèbre et à la tête d'une immense fortune, organisa les fêtes les plus folles dans sa demeure. Une nuit chinoise où les invités déguisés étaient promenées dans la ville en pousse-pousse, ou une autre organisée autour du moyen age dont les invités prévenus un an à l'avance pour leur laisser le temps de se costumer mais surtout d'apprendre le vieux françois langue officielle de la soirée qui se termina par une folle chasse à la sorcière dans la ville...Il y avait de l'extravagance chez Pierre Loti, et son intérieur meublé des objets ramenés de ces divers voyages en témoigne . Amoureux de la Turquie et de l'Islam même s'il ne se convertit jamais , restant fidèle à la religion protestante, il fit d'une de ces pièces une mosquée avec notamment un sublime plafond venu de Syrie, son secrétaire particulier était tenu de grimper une fois par jour sur le toit pour faire l'appel à la prière... Il fut élu à l'Académie française à l'âge de 41 ans, élection due principalement au rejet d' Emile Zola qui était lui aussi candidat au poste. Il fit vite regretter leur choix aux académiciens, en déclarant notamment dans son discours d'investiture n'avoir jamais rien lu. Plus tard alors que ses collègues faisaient courir le bruit qu'il portait un corset, il leur fit envoyer à tous une photo de lui nu comme un ver avec la mention : "Voici les vraies baleines de mon corset".
Nous avons été des bienheureux de faire cette visite, le musée va fermer ces portes  de nombreuses années pour d'importants travaux de rénovation. Les photos étaient interdites

mardi 24 juillet 2012

Saintes

Saintes était pour nous une ville restée inconnue, nous avons concentré notre visite autour de deux sites absolument remarquables.

L’amphithéâtre romain datant de l'époque de Claude (Ier siècle), architecture absolument remarquable,  est d'après les guides ,le plus grand vestige de la Gaule Chevelue. Il prouve l'importance de la cité à l'époque romaine, la ville était alors la capitale de la province de Gaule d'Aquitaine. Il pouvait accueillir entre douze mille et dix huit mille spectateurs soit l'ensemble de la population de Mediolanium Santonum (nom romain de la ville). L'état délabré n'est pas le résultat d'une fragilité quelconque de l'édifice, la ville ayant décliné, l'enceinte s'est retrouvée en rase campagne et  a servi de carrière de pierres au Moyen Age.

Avant de nous rendre à l'abbaye aux Dames, nous sommes passés devant le deuxième vestige romain de la ville, l'arc de Germanicus datant de l'an 19 après JC

L'Abbaye aux Dames datant du XI° est un véritable chef de l'art roman. Détruite partiellement par des incendies, elle fut en partie reconstruite, ce qui explique les différents styles qui peuvent y  être relevés. C'est la première abbaye accueillant des femmes, des bénédictines, dans le Saintonge. Par la possession de  terres, la perception de la dime, l'exploitation des marais salants de la cote saintongeaise, ... l'abbaye était une véritable puissance financière, mais les temps furent parfois rudes, la guerre de cent ans, l'épidémie de la grande peste ont menacé l'établissement. et plus encore, lors des guerres de religion, Condé veut sa destruction , Françoise de la Rochefoucauld à la tête du monastère a joué de son influence auprès de son frère, alors chef des troupes huguenotes pour éviter le pire. Les jeunes filles de la noblesse venaient y recevoir leur éducation, la future Madame de Montespan est passée par là... A son apogée il accueillait cent moniales!
La Révolution a finalement raison de la congrégation qui après sept siècles  de pratique perd sa vocation religieuse.  Le lieu devient une prison avant d'être transformé en caserne, l'église devient une écurie il ne  redevient un lieu de culte qu'en 1939.
Alors que le lieu est en déshérence, c'est la musique qui vient au secours du bâtiment. Il s'y organise chaque année un merveilleux festival de musique ancienne, c'est devenu également une école de musique, un lieu d'apprentissage et d'étude. L’établissement réhabilité est  inauguré en 1988 par François Mitterrand Président de la République.
 Les musiques anciennes sont jouées sur des instruments d'époque, la musique baroque a trouvé un lieu où s'épanouir... tous les grands noms sont passés par là Jordi Savall, William Christie, Philippe Herreweghe... Avec le temps, le festival a trouvé un équilibre autour des musiques baroques, romantiques et contemporaine.
La visite commentée par audioguide est une réussite, elle vous mène jusqu'au merveilleux clocher du XI° qui,offre un point de vue remarquable ...
Nous avons aimé visiter ce bâtiment chargé d'histoire, il n'est pas uniquement un musée c'est également un lieu de vie, d'étude, de travail...

lundi 23 juillet 2012

L'île d'Aix




Vingt minutes de bateau depuis la station balnéaire Fouras et vous êtes sur la petite île d'Aix, située entre l'île de Ré et l'île d'Oléron,  dont on peut facilement faire le tour à pied, sept kilomètres. Impossible de ne pas rater au loin Fort Boyard qui crée une véritable excitation chez les enfants lors de la traversée, les appareils photos ne restent pas longtemps dans le sac. Placée à un endroit stratégique, l'ile a reçu de nombreux visiteurs durant des siècles, Vikings, Normands ou Anglais sont passés par là. Vauban l'a fait fortifier, elle est devenue alors un élément essentiel de la défense de l'arsenal de Rochefort.

Ce qui étonne particulièrement c'est la variété des paysages, nous passons des marais à des sites de falaises en calcaires pour terminer sur des plages de sable fin après avoir traversé des espaces boisées. La Rose Trémière est la fleur vedette de l'île. On y trouve encore quelques producteurs d'huitres.

C'est aussi le dernier lieu où a séjourné Napoléon désireux de rejoindre l'Amérique après la défaite de Waterloo. En vain, il se rend vite compte que son projet est impossible et  se rend aux anglais qui l'envoient finir ses jours à Saint Hélène. Un musée dédié à sa gloire est ouvert dans la maison où il passa ces quelques jours, il s'ouvre sur une collection de pendules toutes arrêtées à 5h49 heure du décès  de l'empereur déchu, lieu révélateur du culte napoléonien amorcé dès Louis Philippe, sans grand intérêt historique!

dimanche 22 juillet 2012

Laissez-Moi (Commentaire) - Marcelle Sauvageot

Marcelle Sauvageot née en 1900 à Charleville dans les Ardennes est décédée à l'âge de 34 ans  de la tuberculose. Professeur agrégée de littérature, elle n'a écrit qu'un seul livre. De celui-ci, Clara Malraux déclara: "Premier livre écrit par une femme  qui ne soit pas de soumission...". Ce livre court est un commentaire d'une lettre reçue de son amoureux alors qu'elle suit son traitement au sanatorium, pour être plus précis, une lettre de rupture : "Je me marie.... notre amitié demeure".

Disons le tout de suite de cette amitié elle n'en veut pas: "Savez vous ce que c'est que l'amitié? Croyez vous que ce soit un sentiment plus tiède qui se contente des restes et des menus services que l'on peut éviter de se rendre? L'amitié, je crois que c'est de l'amour plus fort et plus exclusif...mais moins "tapageur". L'amitié connait la jalousie, l'attente, le désir.."

Ce qui frappe dans la lecture de ce texte, c'est sa modernité, sa justesse... Ce n'est pas une simple réponse à une lettre de goujat,  c'est une leçon de vie d'une femme qui choisit de rester debout. Cet homme est devenu médiocre à ses yeux, pas parce qu'il ne l'aime plus mais par le contenu pathétique de sa lettre et que surement par goût des conventions, il fait le choix d'une vie plus raisonnée... A cette lettre, elle fait une réponse universelle, un grand texte de la littérature française.

Deux extraits:  

"Oh homme, tu veux toujours qu'on t'admire. Toi tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s'appartenir, avoir perdu toute notion: tu es heureux. Elle t'a crié: je t'aime, et tu es satisfait. Tu n'es pas brutal; tu es doux, tu lui parles, tu t'inquiètes d'elle; tu la consoles par des mots tendres, tu la berces. Mais tu ne la juges pas, puisque tu lui demandes d'être heureuse par toi et de te dire qu'elle heureuse par toi. Mais si tu t'aperçois que deux yeux te regardent, puis sourient, tu te révoltes. Tu as l'impression qu'on t'a "vu" et tu ne veux pas être vu, tu veux "être" seulement. Avec inquiétude, tu demandes "A quoi penses tu?"."

.....
"Il est curieux comme souvent un homme, au moment où il pense à s'unir avec la femme qu'il aime depuis longtemps, est obsédé de principes moraux et sociaux. Cette femme il l'aimait parce qu'elle était forte, indépendante, riche d'idées personnelles; s'il songe à l'épouser, ses instincts de domination, d'amour-propre et sa préoccupation du "quand dira-t-on" transforment la force en révolte, l'indépendance en orgueil et mauvais caractère, les idées personnelles en égoïsme et exigences. Il fait observer que la vie est faite de menus incidents journaliers auxquels il faut se plier et en vue desquels il faut se façonner une "mentalité" moyenne."

Un dimanche à la campagne

C'est toujours avec un grand sentiment d'exaltation que nous retrouvons la campagne après un long séjour en région parisienne, un peu comme lorsque Kent chantait "allons à la campagne". C'est en plein cœur des Charentes Maritimes sur une portion du chemin de Saint Jacques de Compostelle entre Fenioux et Saintes que nous sommes allés écouter le chant des oiseaux, le bruit de ruisseau et du vent dans les arbres. Personne dans les champs en ce jour de repos, nous n'avons pas croisé un seul pèlerin. Champ de blé, de maïs, de tournesol mais aussi des vignes, ou de simples pâturages. Le paysage est varié, légèrement vallonné. Nous n'avons pas dérangé les vaches au repos au milieu d'un champ. Papillons, libellules et abeilles n'ont pas disparu des campagnes françaises ... un total dépaysement, le plaisir infini de lire à l'ombre des arbres !

Lors de nos balades campagnardes, ce n'est pas vraiment Kent que nous chantons mais plutôt la douce France de Charles Trenet

vendredi 20 juillet 2012

Nos vacances d'été avec les Beatles

Benjamin Biolay fut notre compagnon de route en 2011, nous avons choisi cette année de traverser la France au son des Beatles. Les sept premiers albums du quatuor de Liverpool, de Please, Please me à Revolver, seront donc nos prochains albums de la semaine pour nous mener ainsi jusqu'au bout de l'été. Le Christ n'a qu'à bien se tenir,  cinquante ans après leur début de carrière les Beatles sont toujours sur le devant de la scène !
Et pour gagner définitivement ses faveurs, nous chanterons à tue tête sur la route Here comes the sun!

jeudi 19 juillet 2012

Trois soeurs - Milagros Mumenthaler

Marina, Sofia et Violetta, trois sœurs orphelines partagent seules la maison familiale de Buenos Aires depuis la mort de leur grand mère qui les a élevées. Face à ce vide, les trois jeunes filles réagissent comme elles peuvent, Violeta aime à s'étendre devant la télé sur le canapé du salon parfois elle reçoit un ami dans sa chambre, Marina étudiante se réfugie dans le travail, elle semble marcher dans les traces de sa grand mère qui fut une brillante universitaire, Sofia sort, elle délaisse ses études, elle vend petit à petit des objets de la maison  ...  Puis un jour, Violetta disparait, juste un mot sur la table pour dire qu'elle est partie avec son amoureux.
Portrait intime, on ne quitte jamais la maison. Les trois jeunes femmes sont dans l'indécision, se retrouver seule au moment de passer à l'âge adulte est un moment difficile. Étonnamment c'est Violetta, celle qui pouvait apparaitre la plus fragile qui est la première à s’émanciper en quittant la maison... Subtil premier film qui porte  un doux regard sur ces jeunes filles souvent désœuvrées, confrontées à l'ennui, au deuil, mais c'est aussi l'âge des premiers émois amoureux... Atmosphère moite, ambiance parfois languissante, trois jeunes filles tournent chacune différemment la page d'une même histoire.

mercredi 18 juillet 2012

Laurence Anyways - Xavier Dolan

2h40 pour raconter dix ans de la vie de Laurence Allia. Jeune enseignant universitaire en littérature, Laurence partage sa vie et une vraie complicité avec Fred une jeune fille qui travaille dans le milieu du cinéma. Tout bascule au moment où Laurence décide de vivre en femme, d'assumer pleinement ce qu'il ressent au plus profond de lui. Sa vie bascule dans la violence la plus injuste, la plus terrible.. Si les étudiants se montrent finalement compréhensifs, passés le choc de le voir arriver en tailleur, il n'en va pas de même avec la société avec ceux qu'elle nomme trivialement et vulgairement les travelos ...
Violence physique de la part de gros lourdauds, violence sociale de l'université qui le vire à la demande du ministère sans rien avoir à lui reprocher sur le contenu de ses cours. Scéne terrible où ses collègues lui signifient honteusement son renvoi...
Fred a décidé de suivre Laurence dans sa démarche, leur couple finit par se retrouver dans une impasse, il appelle au secours sa mère mais celle ci ne peut lui répondre trop occupée à gérer son père malade. Laurence est au fond du gouffre, c'est finalement les amis de son nouveau milieu qui vont lui permettre de remonter à la surface...

C'est une sublime histoire que vient nous conter pour son troisième long métrage Xavier Dolan jeune cinéaste de 23 ans. Des variations de tons dans le récit qui peuvent parfois agacer, mais avant tout des passages de toute beauté,comme une dispute d'une grande violence verbale opposant Fred et Laurence qui n'est pas sans rappeler le meilleur de Cassavetes,ou  un  repas au restaurant où la mère de Laurence jouée admirablement par Nathalie Baye trouve les mots justes pour réconforter sa fille, nous passons ainsi du rire aux larmes comme dans les plus grands mélos...
Melvil Poupaud tient là peut être son plus grand rôle, il irradie le film...

mardi 17 juillet 2012

Summertime - Matthew Gordon (2010)

Robbie, un adolescent allant sur ses quinze ans, partage sa maison avec son jeune demi frère et sa grand mère devenue aphasique avec l'âge... Tant bien que mal, il essaye de tenir la maison dans l'espoir de voir sa famille réunie à nouveau autour de sa mère partie en Californie. Le retour impromptu de son grand frère est un signe d'espoir, mais la joie est de courte durée. Robbie continue à porter le poids de sa famille, partant bosser tous les matins dans une station d'essence sur son temps de vacances... le rêve s'évanouit.
La première qualité de ce film est de nous plonger en milieu rural dans l’Amérique profonde du Misssissipi, trop rarement montrée au cinéma... La vie est âpre, Robbie vit en marge de ses camarades de collège, pas vraiment accepté, les vols qu'il commet dans les casiers  n'arrangent pas la situation, mais il n'a pas peur de défendre l'honneur de son nom à coup de poing. 
C'est un film plein d'humanité, une sorte de Pialat du Mississipi . Les petits films peuvent offrir de grands moments !

lundi 16 juillet 2012

Tsilla Chelton (21/09/1919 - 15/07/2012)

Il y a des rôles qui s'avèrent de vraie malédiction pour les acteurs. Terminé pour eux, ils sont dévorés par leur personnage, ils en perdent leur identité pour le grand public. C'est ce qui est arrivé à Tsilla Chelton en tournant dans une comédie du publicitaire Etienne Chatilliez.  Définitivement elle fut réduite à son personnage de vieille dame acariâtre, pas de chance pour elle le film n'était pas très bon.

Alors ce soir nous avons envie de nous rappeler qu'elle fut avant tout reconnue pour ses rôles incarnées au théâtre, une actrice d'avant garde de l'après guerre, une spécialiste des pièces de Ionesco !

La dame à la licorne


En sortant de la filmothèque du quartier latin, il nous est parfois difficile de ne pas faire un détour par le Musée de l'hôtel de Cluny consacré au Moyen Age, pour y retrouver notamment les merveilleuses tapisseries de la Dame à la licorne, parce qu'il y a toujours quelque chose de magique à retrouver les images vues dans nos vieux manuels d'histoire. Même si le dimanche après midi n'est pas le meilleur jour pour espérer un tête à tête avec la dame.
Six tapisseries où nous retrouvons sur une ile bleue et devant un fond rouge, la jeune fille seule ou accompagnée d'une servante , toujours encadrée d'une licorne, mystérieux cheval orné d'une corne, symbole de pureté et de grâce, autour d'eux divers animaux assistent à la scène. Les cinq tapisseries représentent chacune un des cinq sens: le goût, la vue, l’ouïe, l'odorat, le toucher... et une sixième, non exposée actuellement pour des travaux de rénovation, qui fait tout le mystère de l’œuvre. La jeune femme est debout devant une tente où figure cette inscription "A mon seul désir". Elle est une source d'inspiration sans fin, un objet de débat sur le sens qu'il convient de lui donner.  A  l'interprétation de Rainer Maria Rilke qui la voit prendre un bijou dans un boite, nous préférons celle qui l'imagine renonçant à ce bien précieux, le rangeant dans sa boite ... 

Le vrai bonheur c'est se retrouver seul dans la salle sombre et se laisser transporter par le mystère de cette œuvre... pour cette fois ce fut raté!

dimanche 15 juillet 2012

La garconnière - Billy Wilder

 
Cela devait lui paraitre bien pratique à Monsieur Baxter de se choisir un petit appartement en plein cœur de New-York à deux pas de son bureau. Mais il n'avait pas prévu qu'il deviendrait otage de ses supérieurs qui vont prendre la sale manie d'user de son intérieur comme garçonnière pour des rencontres galantes à la sortie du bureau. Il n'a pas vraiment le choix, car si on lui fait miroiter une promotion il comprend également qu'il peut être mis à la porte du jour au lendemain, dure loi du monde du travail. Ses voisins dont le sympathique docteur Dreyfus se méprennent sur la réalité de la vie sentimentale de Baxter qui s'avère  plutôt vide. Il a le béguin pour une liftière Fran Kubelik, mais lorsqu'il découvre qu'elle est celle qui se rend  chez lui avec son grand patron, son monde s'écroule... Son voisin le docteur Dreyfus lui dit sous forme de conseil les mots les plus justes: "Soit un mensch"
Dans cette comédie ,sortie en 1960, Billy Wilder  décrit le monde du travail celui d'une grande compagnie d'assurance de l'Amérique d'après Guerre.C'est exactement le monde que cherche à reconstituer la série Mad Men. Servi par le travail extraordinaire d'Alexandre Trauner et ses extraordinaires perspectives , il décrit parfaitement le monde oppressant de la vie de bureau. Les employées espèrent un mariage avec un cadre pour connaitre une vie rêvée d'épouse au foyer installée dans une maison de banlieue. Un jeu de dupes s'installe dont les cadres tirent les ficelles d'une manière quelque peu éhontée. Pour autant, leur situation n'est pas bien brillante, accros  à l'alcool et à la cigarette, ils ne semblent pas en faire bien lourd durant leur temps de travail, plutôt préoccupés à organiser leurs agapes du soir, la lâcheté est leur quotidien.
C'est le sommet de la filmographie de Billy Wilder, tout est maitrisé, avec quelle subtilité il fait usage de petits objets comme un miroir de sac à main pour faire avancer son récit. Il arrive à mettre de la légèreté dans cette histoire plutôt dramatique, il est particulièrement bien servi par la prestation de Jack Lemmon d'une justesse absolue et de Shirley Mac Laine absolumennt irrésistible. On rit, on pleure, c'est du très très grand cinéma. Rien ne cloche tout est juste, c'est un film parfait !

The Idler Wheel... - Fiona Apple (2012)

The Idler Wheel is wiser than the Driver of the Screw, and Whipping Cords will serve you more than Ropes will ever do est le quatrième album de la chanteuse américaine Fiona Apple. A voir son titre à rallonge on comprend l'indépendance d'esprit de la chanteuse, il n'y a pas de doute ce n'est pas un titre de producteur.
Chanteuse militante, Fiona Apple végétarienne est engagée sans retenue dans la défense des animaux au coté la PETA (People for the Ethical Treatment of Animals). Sans compromis, elle fait son bonhomme de chemin, Sony n'a plus voulu d'elle et n'a pas voulu sortir son troisième album. Qu'importe elle a maintenu ses choix, le succès ne s'est pas démenti. Elle ne s'est jamais laissée griser par le succès de son premier album "Tidal" et son hit "Criminal", c'est pour cela que nous l'aimons définitivement!

Laissez vous emporter par la voix envoutante de Fiona Apple .  The Idler Wheel .... est notre album de la semaine !




samedi 14 juillet 2012

Jules et Jim - François Truffaut (1962)

Quelle belle idée de ressortir pour ses cinquante ans, le film de François Truffaut dans une version restaurée! Il y avait fort longtemps que nous n'avions revu cette histoire d'amitié absolue entre un jeune écrivain français et un jeune poète, traducteur allemand, menant une vie de bohème à Paris vers 1912. Amitié qui va se compliquer avec l'arrivée de Catherine une jeune femme au charme irrésistible,dont le sourire leur rappelle une statue vue sur une ile de l'adriatique. Jules repart dans son pays pour épouser  la jeune femme. La guerre sépare les deux hommes, miraculeusement ils se retrouvent le conflit terminé sains et saufs . Jim rejoint  Jules et Catherine ainsi que leur fille née durant la guerre, l'attirance entre Jim et Catherine devient de plus en plus palpable sous le regard bienveillant de Jules...
Quel plaisir de revoir ce film dont  de nombreuses scènes font partie de l'inconscient collectif, la traversée d'un pont où  deux acolytes font la course avec Jeanne Moreau déguisée en garçon, ou encore celle sublime  où elle chante le Tourbillon écrit pour le film, accompagnée à la guitare par Bassiak (Serge Rezvani). Ce film respire la liberté, l'intelligence des esprits... Nous avions oublié ce moment  où Jim raconte sans citer leurs noms l'histoire d'amour épistolaire entre Guillaume Apollinaire et une jeune professeur français d'Oran Madeleine que le poète français a juste eu l'occasion de croiser dans un train au cours d'une permission. Par l'utilisation de la voix off et son sens du romanesque ce film de François Truffaut nous semble être une source d'inspiration évidente du cinéma d'Arnaud Desplechin .
C'est un peu part hasard que François Truffaut a lu ce livre découvert chez un bouquiniste, il fut attiré avant tout par son titre accrocheur: Jules et Jim. Il a permis par cette adaptation de donner un éclairage mérité à ce roman autobiographique d'Henri Pierre Roché, inspiré par son amitié avec l’écrivain allemand Franz Hessel et son épouse Hélène Grund, les parents de Stéphane Hessel.

Jules et Jim, le film de François Truffaut a cinquante ans, il n'a toujours pas une ride !

The Deep Blue Sea - Terence Davies (2011)

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, une histoire banale de femme mariée Hester Collyer à un homme plus âgé de la haute société anglaise qui découvre les plaisirs de l'amour dans les bras d'un ancien pilote de la R.A.F . Lorsque son époux découvre sa liaison, Hester a vite fait son choix, elle renonce à son train de vie, à son confort pour rejoindre son jeune amant sans aucune peur du scandale ... Mais la vie s'annonce plus compliquée, le jeune homme n'a pas un retour aisé à la vie civile, la passion d' Hester se révèle pour lui envahissante...
C'est parfaitement filmé, les cadrages sont millimétrés, le mobilier est choisi avec soin il n'y a aucun doute à avoir sur la reconstitution des intérieurs anglais de l'après guerre, les costumes sont impeccables, les ongles sont parfaitement vernis, mais quel ennui! On reste à la marge de ce film, même si Rachel Weisz est impeccable. Terence Davies ne nous sert pas un récit totalement linéaire mais pour autant il n'évite pas le piège d'un certain académisme . C'est palpitant comme un film de James Ivory !

Pourtant nous aurions aimé adhérer à ce film, nous aurions aimé voir le personnage de l'amant plus développé. Romain Gary qui connut une expérience militaire similaire que le héros du film parle avec force dans son livre "la nuit sera calme" des difficultés à retrouver une vie équilibrée après la guerre... Ici nous sommes dans un simple mélo convenu où le couple se sépare sur un dernier dialogue absolument ridicule. Nous étions prévenus dés les premiers plans  où  les violons ont la finesse d'un feu d'artillerie.

vendredi 13 juillet 2012

Piégée - Steven Soderbergh

C'est exactement le film que nous recherchions pour terminer notre semaine, un vide total filmé avec une grande élégance. Une histoire d'agent sans géopolitique mais avec une femme au corps athlétique (Gina Carano) qui n'a jamais peur de se confronter avec la gent masculine, de beaux garçons au corps musclé (Michael Fassbender ou Ewan Mc Gregor), c'est bien rythmé cela nous promène en Europe et aux Etats Unis. C'est une succession de bagarres, de poursuites qui se terminent sur un bord de mer mais n'attendez rien de langoureux, "Tant qu'il y aura des hommes" c'était une autre époque !
C'est une histoire d'agents employés par des boites privées parce que l'Etat a la fâcheuse tendance  d'externaliser ses activités mais au vu des résultats, ils en reviennent... et notre responsable C.I.A (Michael Douglas) cherche finalement à recruter l'efficace Mallory Kane... 

Steven Soderbergh n' a pas grand chose à nous raconter mais qu'est ce qu'il le fait bien, on ne s'ennuie pas une seconde. Juste un petit regret. Pourquoi Matthieu Kassovitz est le seul à ne pas prendre de baffes?

jeudi 12 juillet 2012

Il y a 50 ans, Premier concert des Rolling Stones


Le12 juillet 1962, 1er concert des Rolling Stones:

"Enfin un plan. Alexis Korner devait faire un show en direct avec son groupe le 12 juillet 1962 à la BBC et il nous a demandé de le remplacer au Marquee. Ce soir là, le batteur était Mike Avery - et non Tony Chapman, comme on le dit parfois à tort - et Dick Taylor était à la basse. Le noyau original des Stones, Mick, Brian et moi. On a joué notre playlist: "Dust my Broom", "Baby's What's wrong?", "Doing the Crawdaddy", "Confessin' The blues", "Got my mojo working". Tu es là en train de jouer avec des types, et soudain tu te dis: "Oooh yeah!" Il ya peu de sensations plus agréables que celle-là."

Extrait de Life - Keith Richards " Ed Robbert Laffont

lundi 9 juillet 2012

Ernest Borgnine (24/01/1917 - 08/07/2012)

Pour certains acteurs, leur meilleur argument c'est parfois leur physique. Il ne fait aucun doute que Ernest Borgnine a obtenu un grand nombre de rôles, souvent des seconds rôles, parce qu'il avait la tête de l'emploi, celui du méchant. Mais il serait inconvenant de  le considérer comme une simple brute, car cet homme là était toujours juste, dans ses rôles, il avait un vrai sens du jeu.Loin d'être une brute, l'homme était réputé pour être jovial et diablement sympathique dans la vie... Ernest Borgnine annonçait Joe Pesci.
Et puis il avait dans sa filmographie "Johnny Guitar" de Nicholas Ray, il fait donc définitivement partie de l'histoire du cinéma !

dimanche 8 juillet 2012

La part des anges - Ken Loach

Le film s'ouvre sur une séance de tribunal qui ressemble fort à nos séances de comparution immédiate. Nous nous sommes immédiatement rappelés les chroniques passées de Dominique Simonnot publiées chaque lundi dans Libération. Ce qui ressortait de la lecture de ces compte rendus, c'est une misère sociale, parfois une souffrance psychiatrique, des juges, des procureurs, des avocats souvent commis d'office tous installés dans une sorte de routine. Victor Hugo n'est pas loin!

Chez Ken Loach, les jeunes gens ont  la chance ce jour là de tomber sur un juge conciliant préférant privilégier les travaux d’intérêts généraux à la prison. Les jeunes délinquants vont se retrouver pour mener à bien divers projets, repeindre le foyer communal, nettoyer les tags des tombes du cimetière, le tout sous le controle d'un éducateur spécialisé.
Parmi eux Robbie, une vraie tête de mule, capable de massacrer un type pour rien quand il est sous l'emprise de la coke, cette fois il s'est retrouvé au tribunal pour avoir tabassé des gars dont la haine remonte aux générations précédentes...La seule chose qui semble lui mettre du plomb dans le crane, c'est le fait de devenir père. Mais le chemin de la rédemption est compliqué, sa chance est de tomber sur un éducateur compréhensif et humain. Ce dernier va partager sa passion du whisky avec les gamins, leur faire visiter une distillerie, les amener à une dégustation à Edimbourg... Robbie se découvre un vrai talent, il a un nez hors du commun capable d'identifier toutes les subtilités de l'alcool. Lui dont les cicatrices sur le visage trahissent le passé tumultueux s'ouvre peut-être là, l'accès au marché du travail. Mais pour s'en sortir définitivement, il faut à cette bande de pieds nickelés réussir une dernière arnaque pour avoir un capital de départ !
Le film montre la misére de ces jeunes délinquants qui peuvent être une vraie menace pour la société vivant dans un monde particulièrement étroit sur un territoire très limité... La scène où Robbie est confrontée à son ancienne victime est un moment bouleversant, elle exprime le drame de nos sociétés contemporaines et des violences qu'elle engendre. L'ouverture sur le monde, le voyage, semblent être une réponse plus appropriée qu'un séjour en prison souvent stérile. Pour autant le regard n'est pas angélique, pas certain qu'aucun de la bande ne replonge, mais tous ont progressé ils ont changé leur regard sur le monde..
Film réalisée sur le ton de comédie, Ken Loach pose un regard nouveau sur ces gamins perdus, violents. Il réalise un film sympathique. C'est peut être la qualité essentielle du cinéma du cinéaste anglais, mettre à l'écran nos "pestiférés" contemporains !

La part des anges est la partie d'alcool qui s'évapore pendant son vieillissement !

Lola - Jacques Demy

 
En avant première d'une ressortie nationale programmée le 25 juillet, la séance ciné club de Claude Jean-Philippe du cinéma l'Arlequin proposait la projection d'une version restaurée de Lola de Jacques Demy. Agnes Varda et sa fille Rosalie qui a dirigé le travail de restauration étaient là pour nous présenter le premier long métrage de Jacques Demy. Une joie tant nous admirons le travail de l'auteur de Cléo de 5à 7, nous aimons tout particulièrement son regard plein de tendresse qu'elle porte sur le monde.
Jean-Luc Godard est celui qui a aidé le film en glissant le nom de Jacques Demy à Georges de Beauregard quand le producteur de "A bout de souffle" lui demandait s'il connaissait des jeunes gens de talent pouvant tourner comme lui des films rapidement. Le cinéaste nantais ne put pas obtenir la présence de Jean-Louis Trintignant , il imposa la présence de Anouk Aimée qui illumine le film. Il n'oublie pas de remercier JLG à travers une réplique de Roland: "Mon ami Poiccard s'est fait buté l'année dernière"
Lola est un film clairement situé dans l'après guerre à Nantes, les soldats américains sont présents, les femmes élèvent seules leurs enfants. Lola est ce que l'on appelle une fille mère, tout juste enceinte son amoureux Michel a fui pour chercher fortune et il n'est jamais revenu. Pour gagner sa vie et pouvoir élever son enfant, elle danse et chante dans un cabaret. Si elle couche avec un soldat américain c'est qui lui rappelle Michel dont elle espère toujours le retour.
Elle rencontre passage Pommeray par hasard Roland Cassard, un ami d'enfance qui n'a pas beaucoup grandi. Roland aime la littérature et s'apitoyer sur lui-même, il est incapable de garder un travail. Il avoue à Lola l'amour qu'il a toujours eu pour elle, gentiment elle l'éconduit. Pour Lola, c'est définitivement Michel l'homme de sa vie...
Ce qui marque particulièrement c'est le regard d'une grande modernité porté sur la femme, Demy ne porte aucun jugement moral, l'émancipation de la femme est ici chose normale ce qui était tout sauf une évidence dans la  France de 1961. Ce film a gardé toute sa magie, nous ne nous lassons pas de voir Lola et d'y regarder Anouk Aimée chanter: "C'est  moi , c'est Lola!", paroles écrites par Agnès Varda



Shake Sugaree - Elizabeth Cotten

Pour en finir avec notre période "Rolling Stones", nous avons décidé d'aller jeter une oreille du coté du blues, et nous avons porté notre choix sur une dame, Elizabeth Cotten. Autodidacte, elle adapta son jeu de guitare à sa main gauche en tenant son instrument à l'envers. Née en 1896, elle fut dés son plus jeune age  attirée par la musique et notamment le vieux banjo de son frère... Mais une vie chaotique lui fit oublier durant de longues années sa guitare, elle ne jouait qu'occasionellement dans les églises, sa carriére ne commenca réellement qu'après 60 ans. Cet album nous ne savons plus vraiment comment nous l'avons connu, mais c'est toujours un émerveillement de l'écouter. Nous n'avons pas trouvé d'autres sources que Wikipedia pour les éléments biographiques.



Shake Sugaree est une merveille, c'est notre album de la semaine.

samedi 7 juillet 2012

Starbuck - Ken Scott

Avoir donné son sperme plus de 600 fois dans sa jeunesse sous le pseudonyme de Starbuck, voila un truc qu"avait pris soin d'oublier David Wozniack ... Mais un beau jour, alors qu'il est dans le stress de devoir rembourser 80 000 dollars à des caïds qui viennent lui rappeler virilement sa créance, un avocat débarque chez lui pour lui annoncer brutalement qu'il est le père de 543 enfants dont 142 souhaitent connaitre son identité !
Lorsque nous avions vu la bande annonce, nous avions ri du malheur de cet homme, mais nous doutions  de voir tout un film tenir sur cette situation ubuesque sans tomber  dans la farce grotesque. Disons le tout de suite, cette comédie populaire québecoise est une réussite, surement parce que le personnage principal issu d'une famille d'immigrés polonais est particulièrement bien construit, il a une véritable épaisseur.. Nous ne dévoilerons pas ici les motivations de cet homme qui révèle une vraie capacité à se mettre dans les emmerdes, mais aussi un talent certain pour attirer la sympathie.
 Ici ou là nous pourrions relever quelques maladresses, mais ne chipotons pas, ce film est une bonne surprise, dans un genre si difficile qui recèle un grand nombre de  navets indigestes ou de niaiseries ridicules. Un vrai moment de bonne humeur, un film rempli de générosité!

vendredi 6 juillet 2012

Holy Motors - Leos Carax

Film bouleversant  que le dernier Leos Carax, qui nous promène en limousine blanche à travers Paris, où Monsieur Oscar incarné par l'extraordinaire Denis Lavant honore ses rendez-vous du jour, sous la conduite de Céline chauffeur improbable incarné par l’élégante et mystérieuse Edith Scob. Ses rencontres  lui imposent de  se transformer en différents personnages: patron, assassin, mendiante, père de famille... Comme si le cinéaste maudit venait nous présenter les bouts de films jamais réalisés mais qui le hantent dans ses nuits, le cinéma est une histoire d'amour compliquée pour le réalisateur de Mauvais Sang... Poésie contemporaine, urbaine, nous sommes touchés par la beauté des scènes, certaines atteignent le sublime comme celle où habillé d'une tunique noire ornementée de lumières blanches, Oscar joue des scènes de combats assurément pour un jeu de vidéo avant de se lancer dans une danse lascive avec une partenaire à la combinaison rouge . Après  l'entracte donné au son de l'accordéon dans une église, moment à couper le souffle, il croise une ancienne collègue de travail dont on comprend qu'elle fut sa maitresse, remarquable Kylie Minogue en fantôme de Jane Seberg. Ils profitent d'un temps libre pour causer dans la Samaritaine qui ressemble à un champ de ruine mais dont l'architecture art déco garde toute sa magie. De la terrasse, les deux anciens amants regardent le pont neuf... La  journée s'achève, Oscar est déposé par son chauffeur dans une maison de banlieue , nous le laissons sur  une chanson de Gérard Manset...On voudrait  revivre, vivre encore, la même chose !

La limousine blanche était une des vedettes du dernier Festival de Cannes, mais elle n'a pas su séduire le Jury et son président Nani Moretti qui est plutôt scooter... C'est particulièrement dommage pour le film de Leos Carax, objet cinématographique quelque peu mélancolique d'une grande beauté, qui au delà de ses apparences fait le portrait de son époque...

mercredi 4 juillet 2012

To Rome with Love - Woody Allen

Nous l'avions suivi avec plaisir dans ses pérégrinations européennes, Londres, Barcelone et Paris. Rome est assurément le voyage de trop où le brave Woody nous fait pressentir la catastrophe dés qu'il apparait à l'écran. Attaché sur son fauteuil d'avion prêt à atterrir, on comprend qu'il  va nous sortir son numéro quelque peu éculé d'hypocondriaque. C'est bien cela le problème dans ce film tout tombe à plat, c'est d'une lourdeur insupportable, la prestation convenue de Roberto Begnini ne fait qu'aggraver la chute, le réalisateur new-yorkais n'a rien à nous dire de la capitale romaine... même la musique est indigeste. Cette comédie romantique est une niaiserie.

Woody Allen a vu la fontaine de Trévi, il s'y est noyé. Bye Bye Woody !

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