mercredi 8 février 2012

La saga des émigrants V - Au terme du voyage - Vilhelm Moberg

Définitivement établi prés du lac rebaptisé Chisago, Karl Oscar et son épouse Kristina se retrouvent confrontés à l'histoire américaine. Le Minnesota est le 32eme Etat à rejoindre l'Union, le couple découvre les joies de la démocratie,  la possibilité de choisir ses représentants par le vote. C'est aussi un temps de crise où le pays va se déchirer dans une guerre civile sur la question de l'esclavage. Les forces du Sud remportent les premières batailles, mais les volontaires affluent dans les rangs du nord, Karl Oscar brave homme  a tenté de s'engager mais une vieille blessure à la jambe l'a recalé lors de la visite médicale. Si les combats de la guerre de sécession se déroulent loin de leur terres, ils sont directement confrontés dans le même temps à un soulèvement des Sioux. Chassés de leurs terres, affamés par des autorités qui ne respectent aucun engagement, cette révolte est le signe d'un désespoir, la conséquence d'une humiliation. Parce qu'ils ne peuvent accepter de se laisser mourir de faim, les Indiens procèdent au massacre de  colons, ils sont violents, humiliants, ils veulent faire peur aux pionniers pour les amener à fuir et libérer les terres qui furent les leurs. L'armée reprend vite le dessus, le Minnesota retrouve son calme.
La famille Nelson ébranlée par la mort de Kristina victime de ses multiples grossesses  continue à vivre de sa terre, les enfants grandissent, se marient, les petits enfants sont de véritables américains. Karl Oscar, est devenu un grand père au dos brisé à la suite d'un accident de travail, il peut se reposer sereinement sur son lit, sa famille est définitivement installée.

Nous voila arrivé au bout de cette saga et c'est avec un bonheur jamais démenti que nous avons suivi l'épopée d'un des plus beaux couples de l'histoire de la littérature: Karl Oscar et Kristina. Un couple rempli d'humanité, ils sont des simples gens, ils n'ont pas pu suivre de formation scolaire, mais leur ouverture d'esprit, leur tolérance sont un exemple pour tous, les épreuves de la vie ont révélé leur grandeur d’âme.  
Cette saga ne doit pas être uniquement vue comme la chronique d'une famille, d'une époque, Moberg va bien plus loin,  il décrit les prémices de la société moderne et il  condamne ses travers, le pouvoir excessif des hommes d'Eglise, le cynisme des spéculateurs,... son message est universel. Nous pouvons dire que cette saga est aussi un grand livre politique, un chef d’œuvre.  A lire ces quelques lignes dont le propos est toujours aussi pertinent:

"Ces cent cinquante mille nouveaux arrivants étaient loin de désirer tous bâtir une maison et s'installer dans le Minnesota. Dans le sillage les pionniers arrivèrent des gens sans scrupule, des trafiquants désirant s'enrichir au moyen de la terre sans la cultiver. Pour eux, c'était une marchandise qu'ils achetaient un jour et revendaient, avec bénéfice, le lendemain. Le seul outil était non pas la hache ou la charrue, mais le papier. Ils émettaient de la monnaie de papier, noyant le pays sous les wildcats Banknote, rédigeaient des contrats de vente, dressaient des titres de propriété, traçaient des plans et bâtissant des villes - toujours sur le papier. C'est ainsi qu'une bonne partie du pays échut à des gens qui ne touchaient jamais le manche d'une hache ou les manchons d'une charrue.
Entre leurs mains, le prix des terrains augmenta de façon vertigineuse. Celui d'un lopin pouvait doubler du jour au lendemain. On s'appropriait la terre dans la plus grande hâte et confusion - il s'agissait de se servir le premier et mieux que les autres. Celui qui est arrivé la vieille était mieux loti que celui qui arrivait le jour même. Une fois leur profit réalisé, ces trafiquants allaient s'établir un peu plus loin vers l'ouest où ils achetaient des nouveaux terrains qu'ils revendaient au moment propice. Ceux qui avaient pour outil - assez léger- le papier s'enrichirent au dépens de ceux qui en maniait de beaucoup plus lourds et pénibles. Le spéculateur prit le dessus sur le cultivateur, les hommes d'argent devinrent riches alors que ceux qui travaillaient restaient aussi pauvres qu'avant.
De tout temps, il y a  eu des exploiteurs et des exploités. Mais rarement le temps et le lieu furent plus propices aux malins ayant plus de culot que de scrupules et s'y connaissant en paperasse."

Retrouvez ici, notre article sur le volume 1 de la saga, et ici le volume 2 , volume 3Volume 4

Pour retrouver, l'article de Liten Blomma (qui nous a permis dé découvrir cet auteur) consacré à la saga des émigrants, cliquez ici, et un autre consacré à l'auteur Vilhelm Moberg, cliquez ici


4 commentaires:

  1. Vous l'avez lue vite ! Une saga qui ne tombe pas dans le mielleux, ça se note ! De la littérature suédoise (point de vue de ces émigrants peu abordé finalement) ça se surnote ! Merci pour ces beaux billets enthousiastes. Je vais aller découvrir le blog du "suédois" (ou de la suédoise (Liten ?)... :)

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  2. "Mielleux" à aucun moment, c'est vrai que nous sommes allés vite, au départ nous pensions étaler notre lecture sur l'année, mais elle s'est révélée passionnante et addictive...

    Nous en conseillons que très vivement la lecture!

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  3. Ca donne envie... même si les cinq tomes me font un peu peur...

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  4. Au départ nous avions un peu peur aussi et nous avions acheté que le premier volume,..... puis c'est devenu une urgence, nous avons acheté la suite très rapidement et nous avons dévoré la saga sans nous en rendre compte...

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